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Critique de Kessel La naissance du lion #1

par Korail le dim. 8 mai 2022 Staff

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La naissance d'un mythe

Il est des hommes qui donnent l’impression d’avoir plus de vie dans leurs vies, plus de temps, d’opportunités, de rencontres exceptionnelles, de talents. Kessel est de ceux-là. Kessel la naissance d’un lion retrace ses débuts, à Vladivostok en novembre 1918 (c’est le début et la fin de l’œuvre d’ailleurs), entre les deux, on suivra Kessel (Jef) dans le Paris des années 20 au milieu des grands auteurs du moment et on passe allègrement des préoccupations parisiennes à la traite des esclaves ou au début de l’aéropostale, de Sandy, son premier amour malade, à Mélina une prostituée noble dans un bordel russe. J’ai aimé le parti pris clairement admiratif de l’auteur qui parle de Kessel comme d’un homme « saoul parfois jusqu’à la lie, mais toujours digne ».

La BD est découpée en chapitres qui introduisent à chaque fois un moment dans la vie de Jef. Il y a beaucoup de dialogues et la construction est très cinématographique avec des scènes, des flashs back, des plans larges ou très rapprochés, des pensées intériorisées et une voix off. Tout est bien équilibré, très réussi.

Il y a une foule d’anecdotes et de personnages. Leurs petites histoires sont passionnantes et ajoutent à la qualité de cette œuvre. Tant dans la construction que dans le dessin, on prend le temps de connaître les personnages, de s’arrêter sur un paysage, un moment comme une scène de beuverie avec beaucoup d’illustrations pleine pages sans parole. Magnifiques.

Je ne saurais pas trop comment décrire les dessins de Jörg Mailliet, lumineux avec beaucoup de noir, si on peut dire. Les personnages sont beaux, beaux parce qu’ils font vrais, avec leurs bosses sur le nez, leurs fronts un peu avancés, les petits yeux de ceux qui ont trop bu, les visages émaciés de ceux qui ont faim et les mâchoires bien dessinées des hommes. Et avec tous ces détails, les dessins sont malgré tout assez flous, avec beaucoup d’ombres noires. Ils m’ont fait penser à certaines œuvres de Schiele. Une mention spéciale pour la coloriste, Emilie Rouge qui sublime l’œuvre avec un choix de teintes ocres et bleues (ce bleu des uniformes de la Grande Guerre) qui collent parfaitement à l’ensemble.

Depuis que j’ai lu Kessel la naissance du lion, je me (re)lance dans la lecture des romans de Kessel, n’est-ce pas le rôle des grandes œuvres d’ouvrir sur un univers ?

Une vrai coup de coeur : Kessel la naissance du lion est une très belle œuvre qui réussit le paris de prendre le temps de raconter Jef mais aussi une époque. On part à la rencontre de cosaques et d’esclaves, des héros de l’aéropostale, des auteurs parisiens ou de prostituées, on traverse les continents et les océans avec des dessins magnifiques. Pour tous les amateurs de grands hommes, pour tous ceux qui ont le goût de l’aventure dans le sang (ou dans l’encre) : une œuvre à s’offrir ou à offrir absolument.

En bref

Il est des hommes qui donnent l’impression d’avoir plus de vie dans leurs vies, plus de temps, d’opportunités, de rencontres exceptionnelles, de talents. Kessel est de ceux-là. Kessel la naissance du lion est une très belle œuvre qui réussit le paris de prendre le temps de raconter Jef mais aussi une époque. Avec des dessins magnifiques, parcourez les océans et les continents auprès d’un homme qui a le goût de l’alcool et de l’aventure dans le sang et suivez des esclaves, des auteurs parisiens, des cosaques, des héros de l’aéropostale ou des prostituées. Une œuvre à s’offrir ou à offrir absolument.

10
Positif

dessins magnifiques

rythme, découpage et parti pris de l’écriture biographique

personnage de Jef

insertion des histoires des personnages rencontrés

Negatif

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