Vers l’infini et la restriction !

Dans une galaxie très très lointaine, une green lantern terrienne est envoyée pour surveiller un secteur en marge du domaine des Lanterns. Et justement, un meutre a eu lieu sur ce territoire, problème : cela faisait plus de 500 ans que ça n’était pas arrivé dans cette société peu commune. Incombe donc à Jo Mullein (la nouvelle lantern) à retrouver le coupable dans cet univers dont on découvrira toutes ses articulations particulières dont le mal est plus profond qu’il n’y paraît…

Parti d’un synopsis très classique, ce “whodunit” vous réserve une bonne petite claque cosmique. NK Jemisin, autrice multi primée de romans, nous invite à découvrir tout un univers qui, a priori, fonctionnait à merveille grâce aux émotions inhibées de la population. Mais ce meutre sera un grain de sable dans l’engrenage qui va commencer à montrer tous les problèmes qu’imposent de telles inhibitions au niveau sociétal mais aussi politique et tout ce qui doit être mis en place pour solidifier une telle société.

Honnêtement, je ne m’attendais pas à un univers aussi bien construit. Plus on avance dans le récit, plus les révélations sur le fonctionnement de cette société sont intéressantes et floutent de même les pistes sur l’assassinat. D’ailleurs, l’intrigue mêle social et politique où Jo rencontrera les dirigeants de manière plus ou moins intime amenant des réflexions sur les comportements de foule, sur l’importance des us et coutumes mais aussi sur l’importance des sentiments, réflexions qui feront souvent fléchir Jo.

Car l’autre attraction n’est autre que cette nouvelle Green Lantern, sortie de nulle part, qu’on va apprendre à aimer au fur et à mesure. Là encore, le travail de NK Jemisin est une énorme réussite. Tout d’abord, le personnage a un caractère en acier trempé tout en étant conscient de sa fragilité. D’ailleurs, son passé (révélé au fur et à mesure) la rend très attachante et explique sa manière d’aborder son enquête de manière très humaine. Jo est aussi un personnage qui sait s’entourer et qui est à l’écoute, amenant des dialogues savoureux et des évolutions intéressantes… Et surtout, c’est une geek : une preuve de bon goût ! (et ça sera utile pendant les combats)

Et que dire de la prouesse de Jamal Campbell qui fait un travail hallucinant visuellement. L’artiste arrive d’une part à insuffler la vie à ce monde avec des races distinctives, d’autre part, le chara design est une pure réussite. Mention spéciale à Jo : elle a du charisme et le talent de l’artiste lui donne vie à travers toutes les expressions faciales. J’ai également apprécié de découvrir un personnage loin des carcans de la pin up classique, Jo a des formes et n’est pas un énième cliché physique et ça ne la rend que plus sympathique. Jamal Campbell a aussi la folie des grandeurs en nous offrant des magnifiques plans élargis de cet univers, le rendant toujours plus crédible et organique. Au final, le seul petit défaut qu’on pourrait trouver est le côté brouillon des scènes de combat mais c’est bien minime à côté du reste.