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Critique de Dark Ride #1

par Ben-Wawe le mar. 30 avril 2024 Staff

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Un Zombillénium plus brutal, plus intense, bien moins drôle – mais très prenant et très bien mené !

Attention, pour lecteurs avertis !
Non, l’éditeur Delcourt n’appose pas cette alerte sur la couverture ou à l’intérieur de son nouveau titre Dark Ride, mais les quatre premiers épisodes (sur douze) le justifieraient.
Initialement, cette maxi-série est proposée chez Image Comics par Joshua Williamson (qui fait actuellement son trou chez DC Comics avec Dark Crisis, Robin, Superman…) et Andrei Bressan, qui ont tous deux réalisé ensemble l’excellent Birthright. Delcourt poursuit donc son très bon travail d’adaptation des comics du troisième grand éditeur américain, avec également une nouvelle production différente, loin des canons attendus de la bande-dessinée américaine.
Dark Ride est ainsi une histoire d’horreur, qui fonctionnerait également très bien chez un éditeur franco-belge… notamment parce que son principe de base, que la série emmène dans une autre voie, rappelle Zombillénium, succès français sur plusieurs médias !

Mais de quoi parle finalement le premier tome de Dark Ride ?
De Devil Land, un parc de loisirs qui terrifie les clients et les visiteurs depuis plus de cinquante ans. Son thème est bien l’horreur, avec des attractions terribles, pour se jouer à avoir peur – dans un environnement glauque et gore. On y trouve ainsi la Montagne aux Meurtres, un grand huit alternant les décors de mises à mort, la Zone Zombie qui permet de tirer sur les décors de morts-vivants, les Bois-Garous qui font bondir des figurants en costumes vers les visiteurs, ou encore Mon Âme au Diable, la première et plus terrible proposition du parc…
Arthur Dante a créé tout ceci il y a plus de cinquante ans, et s’est peu à peu retiré pour devenir un mythe pour les visiteurs mais aussi ses employés. Le parc est désormais géré par son fils, Samhain, qui tente de concilier son travail avec la garde partagée de sa fille Autumn. Il est à couteaux tirés avec sa sœur, Halloween, influenceuse de l’extrême, connue notamment pour ses abus et sa sextape.
Le récit débute avec Owen Seasons, jeune orphelin fan du parc qui vit un rêve en y débutant son premier jour de travail. Il y croise Samhain, Halloween, le vidéaste Theo qui abreuve Internet d’informations sur Devil Land ; mais aussi des figurants en costumes tous très silencieux, notamment celui de l’icône Danny Devil.
Le parc fonctionne cependant moins qu’avant, les résultats sont difficiles. Samhain stresse, cherche des solutions, alors que son père, reclus et mystérieux, semble trouver une solution… en renouant avec les sombres et horribles pratiques qui ont permis l’ouverture du parc.

La découverte du principe de Dark Ride, ainsi que du résumé ci-dessus, fait bien penser à Zombillénium, célèbre bande-dessinée puis film d’Arthur De Pins. J’ignore si Joshua Williamson et Andrei Bressan s’en sont inspirés, ou connaissent son existence, mais ils se détachent fort bien et fort vite de cette autre œuvre.
En effet, Zombillénium a une approche plus fun, drôle et légère du principe de parc d’attractions maléfique, alors que Dark Ride est… brutal. Complètement brutal, oui, avec une orientation claire et directe.
Les auteurs vont en effet très loin et très vite dans la brutalité, pas forcément dans la violence graphique (peu de gore direct), en installant une ambiance glauque et lourde. L’ensemble est au premier degré, l’aspect maléfique et démoniaque est réel. Les premières pages montrent un Arthur Dante qui commet l’irréparable lors d’une dispute, et obtient ainsi les « éléments » pour former ce que l’on suppose être un pacte avec le diable.

La suite le confirme très vite, avec néanmoins une bonne gestion des rebondissements. La découverte du parc par l’enthousiasme d’Owen est agréable et légère, tout comme il est prenant de suivre les tentatives de Samhain pour sauver l’ensemble, malgré ses bourdes, ses erreurs et l’absence de soutien. Cela paraît ainsi « normal », et cela permet de réserver un vrai impact aux changements et cliffhangers, souvent secs et désespérés.
Joshua Williamson gère ainsi bien son rythme, sa narration, s’offrant la possibilité de former de sacrés chocs à des moments-clés, pour rappeler la violence du parc et la brutalité de ce récit. Une pratique classique mais très efficace ici.

L’intrigue en elle-même est en soi très prenante, avec un mystère sans surprise (on se doute du ressort final sur Devil Land et Arthur Dante) mais aux détails intéressants à découvrir (comment ? pourquoi ? jusqu’où cela ira-t-il ?). Il y a également un changement troublant mais efficace de point de vue dans le récit, et des apports efficaces sur la mythologie via les extraits de vidéos de Theo, grand fan qui partage sa passion sur les réseaux sociaux.
Cela permet une lecture fluide, avec notamment des repères réels et détournés de ceux que l’on reconnaît dans cet « Anti-Disneyland » qui se présente devant nos yeux (superbe double-page annexe pour préciser chaque attraction, d’ailleurs).
Arthur Dante est dès lors un Walt Disney maléfique, abominable, au look mystérieux, aux enfants perdus, et qui refuse de disparaître, quitte à commettre le pire pour exister, encore et encore. Là non plus, guère de surprise en soi, mais un traitement fort réussi.

Une réussite que l’on doit également aux dessins d’Andrei Bressan, et aux couleurs d’Adriano Lucas.
Le dessinateur utilise avec intelligence son style efficace, pour brosser des personnages reconnaissables, avec des « gueules » qui permettent de bien suivre ce casting bien croqué. Sa narration est bonne, les plans d’ensemble sont réussis, et les passages brutaux sont bien retranscrits, sans tomber dans le gore abusif.
L’atmosphère ainsi créée est troublante, prenante, étouffante et particulièrement terrible ; idéale pour un tel récit.

En bref

Dark Ride est une lecture intense, au propos classique mais efficace, avec une approche brutale et un premier degré qui fonctionnent bien, via des dessins bien adaptés. Les numéros sont denses, le ton est juste, même si l’ambiance glauque peut demander parfois quelques « respirations » dans la lecture. Il est prenant de suivre cet Anti-Disneyland vers une fin désespérée prévisible mais qu’il sera sûrement passionnant à découvrir !

8
Positif

Une narration réussie et efficace.

Une ambiance glauque et brutale assumée et forte.

Un Anti-Disneyland prenant à découvrir.

Negatif

Un propos et des thèmes classiques, agréables à suivre mais sans grande surprise.

Des personnages eux aussi prévisibles dans leurs rôles, une fois la lecture entamée.

Une approche glauque et brutale qui peut demander quelques pauses dans la lecture.

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