Retour vers le passé : Maniac Cop (1988)

 

REALISATEUR

William Lustig

SCENARISTE

Larry Cohen

DISTRIBUTION

Tom Atkins, Bruce Campbell, Laurene Landon, Robert Z’Dar, William Smith, Richard Roundtree…

INFOS

Long métrage américain
Genre : thriller/horreur
Année de production : 1988

Vous avez le droit de garder le silence…pour toujours !

Fondateur et directeur général de Blue Underground, éditeur de galettes numériques spécialisé dans le cinéma d’exploitation, William Lustig a débuté sa carrière cinématographique dans le milieu du porno dans la deuxième moitié des années 70 avant de marquer le cinéma d’horreur en 1980 avec son controversé Maniac et d’apporter sa contribution au sous-genre du film d’auto-défense avec Vigilante en 1982. Dans le cinéma dit “traditionnel”, William Lustig n’a signé que huit longs métrages sur une période de 16 ans et parmi ceux qui ont atteint un statut culte (il n’est donc pas question de Hit ListPsycho Killer et Uncle Sam), il y a les deux premiers Maniac Cop écrits par le scénariste Larry Cohen (je n’inclus pas le troisième volet, production troublée considérée comme le plus mauvais épisode de la série…et que je n’ai d’ailleurs toujours pas vu).

Larry Cohen est un nom bien connu des amateurs de série B américaines des années 70 et 80 (pour plus de détails sur son oeuvre, voir mes chroniques sur Epouvante sur New-YorkThe Stuff et L’Ambulance). Le projet Maniac Cop est né d’une discussion entre Cohen et Lustig, qui cherchaient des idées pour collaborer sur un long métrage. Connu pour accoucher rapidement de concepts accrocheurs, Larry Cohen a alors associé les mots Maniac (pour capitaliser sur le succès du premier film d’horreur de William Lustig) et Cop (Flic), avec une tagline qui s’est imposée d’elle-même : “Vous avez le droit de garder le silence…pour toujours !”.

 

 

La rédaction du scénario s’est faite parallèlement au début de la production : les scènes de la parade de la Saint-Patrick ont en effet été tournées en premier, avec la collaboration de Sam Evil Dead Raimi (qui apparaît brièvement dans le rôle d’un reporter), afin de les montrer à des investisseurs pour aider à compléter le budget du film. Et quand on parle de Sam Raimi, Bruce Campbell n’est jamais très loin. L’interprète de Ash Williams fut le premier acteur à rejoindre la distribution, vite suivi par une vrai “dream team” de la série B U.S. : Tom Atkins (Fog), Laurene Landon (Hundra), William Smith (New-York ne répond plus), Richard Roundtree (Shaft) et Robert Z’Dar et son imposante mâchoire (dûe à une maladie génétique) dans le rôle-titre.

Le slasher est un sous-genre du cinéma d’horreur qui s’était essoufflé à la fin des années 80…le concept de Larry Cohen en a alors proposé une intéressante variation : au lieu de s’éloigner de leur proie, les victimes courent directement vers elle, sans se douter qu’elles se dirigent tout droit dans la gueule du loup ! Cette menace est établie dès la première scène de meurtre, filmée de manière sèche et efficace : une barmaid qui retourne chez elle après son service est agressée par deux hommes. Elle parvient à leur échapper et se croit naturellement hors de danger lorsqu’elle aperçoit un policier. Mais celui-ci lui brise le cou sous les yeux effarés des loubards…

 

 

 

Faire d’une figure de l’autorité un tueur fou indestructible ajoute une tension supplémentaire à la psychose qui s’abat sur la ville de New-York, que William Lustig filme à nouveau comme un endroit effrayant, d’où le danger peut surgir à chaque instant. La nuit et les ruelles glauques de la Grosse Pomme sont d’ailleurs le parfait environnement pour Matt Cordell, le Maniac Cop, plus impressionnant lorsqu’il est filmé environné d’ombres ou quand la caméra s’attarde plus sur son physique à la force destructrice que sur son visage…au maquillage guère convaincant lorsqu’il est révélé dans la dernière scène.

Le doute plane sur la véritable nature de Matt Cordell (il y a même comme une “aura surnaturelle” qui se dégage des scènes de flashbacks, avec cette musique plaintive)…nature qui sera fermement établie dès la suite plus délirante sortie en 1990 (et selon la formule consacrée, ceci est une autre histoire). La structure du scénario est un peu inégale, mais l’ensemble est solide et bien servi par un sympathique casting de trognes habituées du genre.

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