Retour vers le passé : Atom Man vs Superman (1950)

 

REALISATEUR

Spencer Gordon Bennett

SCENARISTES

David Matthews, George H. Plympton et Joseph F. Poland, d’après les personnages créés par Jerry Siegel et Joe Shuster

DISTRIBUTION

Kirk Alyn, Noel Neill, Lyle Talbot, Tommy Bond, Pierre Watkin…

INFOS

Serial américain
Genre : aventures/science-fiction
Année de production : 1950

Au terme de ses longues semaines d’exploitation, Superman s’est révélé être l’un des serials les plus rentables de l’histoire de ce format particulier. L’acteur Kirk Alyn, souvent relégué jusque là à des seconds rôles et à des apparitions non créditées, a connu la célébrité pendant une courte durée grâce au personnage créé par Jerry Siegel et Joe Shuster et en attendant l’inévitable suite, cette popularité lui a permis d’être la tête d’affiche de deux serials d’action et d’espionnage, Federal Agents Vs. Underworld Inc. en 1948 et Radar Patrol Vs. Spy Kingen 1950. Après Atom Man vs Superman (également en 1950), il incarna un autre héros de comics, Blackhawk, dans un serial de 1952.

Les deux serials Superman ont eu beaucoup de succès, mais ils sont arrivés assez tardivement et ces “films à épisodes” se sont effacés progressivement dans les années 50 face à la concurrence des feuilletons télévisés. Catalogué dans ce type de productions, Kirk Alyn eut du mal à retrouver des contrats d’importance par la suite et il retourna aux petits rôles, là encore sans être régulièrement crédité, avant de se retirer des écrans à la fin des années 60. En 1978, Kirk Alyn est apparu très brièvement aux côtés de Noel Neill (la Lois Lane des serialset de la série avec George Reeves) dans le Superman de Richard Donner, les deux comédiens interprétant les parents de Lois Lane (dans la scène du train, allongée de quelques plans dans la version longue de 2000).

 

 

Après avoir mis fin aux plans de la très pulp Spider Lady dans son premier serialSuperman affronte dans la suite son plus grand ennemi, le savant fou Luthor (pas de prénom pour cette première apparition cinématographique du célèbre vilain chauve…mais peut-être n’était-il pas encore connu dans les pages des comics de l’époque, ce que je ne peux certifier vu que je n’ai pas lu ses premiers méfaits sur papier…oui, elle est trop longue cette parenthèse). Libéré sur parole, Luthor s’achète une conduite et devient le propriétaire d’une chaîne de télévision. Ce qui n’est bien entendu qu’une façade qui lui permet de poursuivre en secret ses plans de conquête mondiale sous l’identité secrète de Atom Man.

Atom Man est censé être inquiétant et redoutable…mais comme nous sommes dans une production Sam Katzman, bien connu pour sa radinerie, il est juste complètement ridicule : à chaque fois qu’il se change en Atom Man, Luthor revêt une toge noire, prend un accent allemand et se met une marmite sur la tête. Mais une marmite qui brille, avec des yeux, un nez et des sourcils ! Cet attirail est en fait le recyclage d’une tête de robot provenant d’un serial ultra-fauché de 1945, The Monster and the Ape.

 

 

Le recyclage est le maître-mot de Atom Man vs Superman. Les stock-shots ne manquent pas et de nombreuses scènes sont réutilisées à l’identique tout au long des 15 épisodes. Des passages du serialprécédent sont même intégrés pour réduire les coûts…et faire office de remplissage (comme lorsque Luthor raconte la chute de Krypton à un de ses hommes de main, ce qui permet de passer 7 ou 8 minutes à revoir des extraits du premier chapitre du Superman de 1948). Les vols de l’Homme d’Acier sont à nouveau rendus en animation, mais l’effet reste fluide et quelques plans rapprochés de Kirk Alyn placé devant un cyclorama et une machine à vent ont cette fois été rajoutés.

Malgré les défauts inhérents au format, j’ai passé un très bon moment avec ce Atom Man vs Superman. C’est (très) souvent répétitif (ce qui est de toute façon le cas de tous les “films à épisodes” que j’ai pu visionner), mais aussi plus divertissant que le serial précédent grâce à un récit délirant qui fait la part belle aux gadgets inventés par Luthor, dont un téléporteur et un rayon destructeur. Les cliffhangers sont dynamiques et les diverses péripéties maintiennent efficacement l’intérêt jusqu’au dernier chapitre.

 

 

Et à propos de ces péripéties, ma préférée intervient au milieu du serial, lorsque Luthor transporte Superman dans un “vide dimensionnel” qui évoque la Zone Fantôme…qui n’apparaîtra dans les pages des comic-books que 11 ans plus tard ! Coïncidence ou pas, Atom Man vs Superman partage aussi quelques connections avec les futures adaptations des aventures du Kryptonien (dont une kryptonite artificielle qui rappelle le Superman IIIde Richard Lester).

L’alchimie entre les acteurs principaux, Kirk Alyn (Clark Kent/Superman), Noel Neill (Lois Lane), Tommy Bond (Jimmy Olsen) et Pierre Watkin (Perry White), fonctionne toujours aussi bien et le scénario renforce la rivalité entre Clark et Lois, faisant des soupçons de l’intrépide reporter féminin sur les liens entre Clark Kent et Superman l’une des principales sous-intrigues du serial.
Quant à Lyle Talbot (qui incarna le commissaire Gordon dans le deuxième serial de Batman en 1949), il compose avec son air particulièrement arrogant un savoureux Luthor, bien dans le ton des savants fous des productions bis des fifties…mais ça, c’est quand il ne se balade pas avec une marmite sur son crâne chauve !

Commentaires (0)