Retour vers le passé : Les Aventures de Superman (1952-1958)

 

Après deux serials à succès (Superman et Atom Man vs Superman), le super-héros créé par Jerry Siegel et Joe Shuster a conquis dès 1952 un nouveau média, la télévision. En ce temps-là; il n’existait que quatre networks et les premières séries étaient principalement vendues en syndication (ce qui consiste à vendre à plusieurs diffuseurs le droit de reproduire un contenu ou de diffuser un programme). Les Aventures de Superman était donc une série conçue directement pour la syndication, mais pour préparer le terrain, les créateurs de la potentielle série télévisée ont d’abord eu l’idée de s’associer avec Lippert Pictures, studio spécialisé dans les séries B, pour produire un long métrage, une sorte de “pilote de luxe” si je puis dire (car le budget était évidemment très limité) : Superman et les Nains de l’Enfer en 1951. Après le film, les acteurs ont enchaîné avec le tournage de la première saison mais ils durent attendre plusieurs mois avant de connaître la réaction du public.

En effet, une série ne pouvait être diffusée sans le soutien d’un sponsor et Les Aventures de Superman n’en ont trouvé un que dans le courant de l’année 1952, Kellogg’s, le producteur de céréales de petit-déjeuner (convaincu de se lancer dans l’aventure notamment grâce aux bons résultats de Superman et les Nains de l’Enfer). La première saison a donc été diffusée pile un an après avoir été complétée…et à la grande surprise de la distribution, les premières aventures télévisées de l’Homme d’Acier ont connu un succès immédiat.

 

George Reeves (Superman), Jack Larson (Jimmy Olsen), Noel Neill (Lois Lane) et John Hamilton (Perry White)

 

Lorsqu’on lui a proposé le projet, George Reeves s’est d’abord montré réticent à l’idée de jouer dans une série télévisée. Comme beaucoup d’acteurs de son époque, il n’accordait pas beaucoup d’importance à la télévision, pensant que peu de monde verrait son travail comparé au grand écran. Mais après son retour de la guerre, George Reeves peinait à retrouver des rôles de premier plan dans des films de studio et à part un petit rôle dans le western L’Ange des Maudits de Fritz Lang, il s’est surtout illustré dans des séries B et un serial de ce vieux radin de Sam Katzman, The Adventures of Sir Galahad. Il a donc finalement accepté d’incarner Superman, un personnage qui l’a rendu célèbre…mais en coulisses, les choses n’étaient pas toujours roses…

George Reeves prenait son rôle de modèle auprès des jeunes très sérieusement, ce qui a été confirmé dans de nombreux témoignages. Comme Jack Larson (alias Jimmy Olsen) l’a déclaré dans une interview, George Reeves aimait soigner ses entrées, en traversant les murs et les parois de rochers de manière spectaculaire. Reeves a apporté beaucoup de charme et de sympathie à son double rôle et après un accident avec un système de câble défaillant, il s’est ensuite toujours propulsé dans l’action avec un tremplin qui a été utilisé jusqu’à la fin de la série.

Mais l’acteur a vite été frustré par les conditions de tournage. L’emploi du temps était très resserré : après les deux premières saisons de 26 épisodes en noir et blanc, les autres saisons ont été tournées en couleurs. Et comme la couleur impliquait une augmentation de budget, le nombre d’épisodes a été réduit à 13. 2 épisodes étaient tournés par semaine, ce qui ne faisait que 7 semaines de travail par an sur Les Aventures de Superman. Les contrats des acteurs comprenaient une clause exclusive qui les mettaient à disposition de la série si besoin était, ce qui les empêchaient de poursuivre d’autres projets à long terme comme un premier rôle dans un long métrage ou une pièce de théâtre.

Pendant cette période, George Reeves a pu jouer sous la direction de grands réalisateurs, mais seulement dans des petits rôles (La Femme au Gardénia de Fritz Lang, Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinneman). Toutes ses autres apparitions étaient liées à Superman, comme le court métrage Stamp day for Superman(commandé par le Département du Trésor et diffusé dans les écoles pour promouvoir les timbres d’épargne auprès des jeunes), la célèbre sitcom I love Lucy (sans être crédité) et une série de spots de publicité pour Kellogg’s, le sponsor des Aventures de Superman.

 

 

George Reeves a tenté de monter sa propre société de production après deux ans passés à travailler sur Les Aventures de Superman, en espérant trouver le financement pour une série d’aventures. Mais ce projet est tombé à l’eau et il est retourné jouer le kryptonien moyennant une augmentation et la promesse de réaliser des épisodes (ce qu’il a fait à trois reprises).

Pour cette chronique, j’ai vu (ou revu, ce qui est bien possible puisque j’ai souvent regardé la série dans ma prime jeunesse) le tout premier et le tout dernier épisode des Aventures de Superman.
Le premier, Superman on Earth, co-écrit par Robert Maxwell et Whitney Ellsworth, est consacré à l’“origin story”: la destruction de Krypton (avec un Jor-El qui a piqué la panoplie de Flash Gordon dans le serial des années 30), l’atterrissage de Kal-El sur Terre et sa jeunesse à la ferme des Kent, l’arrivée de Clark à Metropolis, sa rencontre avec Lois Lane, Jimmy Olsen et Perry White et son premier scoop pour le Daily Planet…et tout ça en 25 minutes (oui, on ne perdait pas de temps à l’époque !).

La dynamique de groupe se dessinait déjà dans cet épisode introductif : l’enthousiaste Jimmy Olsen (joué par Jack Larson, qui a rendu le personnage si populaire que DC a fini par lui donner son propre comic-book, Superman’s pal, Jimmy Olsen), le ronchon Perry White et l’intrépide et suspicieuse Lois Lane. Dans Superman et les Nains de l’enfer et la saison 1, la fougueuse reporter était interprétée par Phyllis Coates. Retenue par d’autres engagements, la comédienne a été remplacée dès la saison 2 par Noel Neill, la Lois des serials de 1948 et 1950, qui a apporté sa propre sensibilité à ce rôle qu’elle connaissait si bien.

 

 

Le 104ème et dernier épisode, All that glitters, a été réalisé par George Reeves, qui s’est effacé pour mettre en avant Lois et Jimmy, Clark et Superman n’apparaissant qu’au début et à la fin de l’histoire. Une aventure assez farfelue, en phase avec le ton des comics de l’époque et l’ambiance plus légère qui a marqué une grande partie de la période couleur de la série. Le personnage secondaire du professeur Pepperwinkle est beaucoup trop enfantin…mais le rêve de Jimmy, qui s’imagine, ainsi que Lois, investi des pouvoirs de Superman, est assez croustillant (on se croirait dans une “Histoire Imaginaire” de DC).

En 1959, des négociations avaient débuté pour une 7ème saison, le show ayant toujours beaucoup de succès. Mais un jour de juin 1959, la nouvelle tragique tombe : George Reeves a été retrouvé mort, une balle dans la tête. Il avait 45 ans. Mort accidentelle, meurtre, suicide…le décès de George Reeves n’a jamais été officiellement résolu et le mystère demeure de nos jours. Un mystère entretenu par le film Hollywoodland(2006), avec un Ben Affleck excellent dans le rôle de George Reeves, qui a gardé la possibilité de ces 3 scénarios.

Pour des millions d’enfants, c’était l’incompréhension face aux unes des journaux…leur héros avait disparu.

 

 

 

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