Retour vers le passé : Le Masque de Fu Manchu (1965)

 

REALISATEUR

Don Sharp

SCENARISTE

Harry Alan Towers, d’après les personnages créés par Sax Rohmer

DISTRIBUTION

Christopher Lee, Nigel Green, Howard Marion-Crawford, Joachim Fuchsberger, Karin Dor, Tsai Chin…

INFOS

Long métrage britannique/ouest-allemand
Genre : action/thriller
Titre original : The Face of Fu Manchu
Année de production : 1965

Selon beaucoup de commentateurs de l’époque, le scénariste et producteur Harry Alan Towers s’est lancé dans la série des Fu Manchu pour surfer sur la vague du succès des James Bond. Mais d’après une interview promotionnelle donnée par l’intéressé en 1965, il n’y a pas de relation entre les deux univers. Un goût partagé pour l’action, l’aventure et l’exotisme certes…mais la transposition à l’écran de l’oeuvre de l’écrivain Sax Rohmer telle qu’envisagée par Harry Alan Towers (qui a lui même écrit tous les scénarios sous son nom de plume de Peter Welbeck) se rapproche plus d’une atmosphère intemporelle (qu’on retrouve à un certain degré dans la direction artistique) inspirée par les comic-strips.

J’y vois aussi l’influence des serials, ces “films à épisodes” qui ont connu un pic de popularité des années 30 à 50, dans le portrait du vilain, dans la gestion des péripéties et dans le développement des intrigues qui n’échappe pas à une certaine répétition tout au long des différents volets. Je ne connais pas les romans de Sax Rohmer, je ne peux donc juger de la fidélité, mais les récits concoctés par Harry Alan Towers fonctionnent un peu trop sur le même schéma, le maléfique Docteur menaçant régulièrement les grandes puissances avec sa dernière arme mortelle (dans ce premier film, un gaz létal) pour s’assurer la domination du monde.

 

 

Après Boris Karloff dans Le Masque d’Or en 1932, le rôle du diabolique Fu Manchu, personnification du soi-disant “Péril Jaune” qui faisait encore frémir l’occident au moment de l’écriture des romans de Sax Rohmer, est revenu à une autre icône de l’horreur, Christopher Lee. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que l’interprète de Dracula se grimait ainsi pour incarner un méchant asiatique (voir L’Empreinte du Dragon Rouge et Le Narcisse Jaune intrigue Scotland Yard, tous deux sortis en 1961).
Lee impose son autoritaire présence dans son interprétation d’un génie du mal mégalo, manipulateur et impitoyable. À ses côtés, Tsai Chin (On ne vit que deux fois) est Lin Tang, la fille de Fu Manchu. Avec Christopher Lee et Howard Marion-Crawford (le Docteur Petrie), elle est la seule actrice à avoir participé aux cinq longs métrages, mais son personnage pas très bien écrit montre tout de même très vite ses limites.

Comme tout grand méchant, Fu Manchu a ses ennemis jurés et du côté des forces du bien, il y a l’agent du gouvernement Sir Dennis Nayland Smith et son fidèle acolyte le docteur Petrie (devenu le Dr Peter dans la version française des deux premiers épisodes). Leur relation fonctionne sur le modèle d’un autre célèbre duo, Sherlock Holmes et le docteur Watson. Comme je l’ai souligné plus haut, Howard Marion-Crawford est resté fidèle au personnage de Petrie jusqu’à la fin de la saga (le nullissime Château de Fu Manchu fut son avant-dernier film avant son décès en 1969), mais Nigel Green (Hercule dans Jason et les Argonautes) a renoncé à figurer au générique du deuxième Fu Manchu. Dommage, car des trois acteurs qui ont joué Nayland Smith, il est celui qui reste le plus crédible dans l’action et dans les aspects les plus intrépides et obsessionnels du héros.

 

 

Pour la réalisation, Harry Alan Towers a choisi l’australien Don Sharp, un solide artisan qui avait la réputation de travailler rapidement, sans dépasser les délais et le budget souvent modeste de ses productions. Don Sharp connaissait bien et appréciait Christopher Lee, qu’il avait dirigé dans deux productions de la Hammer (Les Pirates du Diable et Raspoutine, le moine fou). Malgré quelques réserves concernant la chorégraphie des combats et un rythme pas toujours assuré, Don Sharp livre une bonne petite série B, même si le sujet aurait mérité un peu plus de folie dans son traitement.

Le Masque de Fu Manchu débute par l’exécution supposée du génie du mal, une scène à l’ambiance très efficace. La mort supposée de Fu Manchu sera un ressort scénaristique régulier de la série…car le mal est éternel et comme le répète la voix qui s’élève lors de la destruction finale, “le Monde entendra encore parler de Fu Manchu”

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