Retour vers le passé : L'Invasion des Profanateurs de Sépultures (1956)

 

REALISATEUR

Don Siegel

SCENARISTE

Daniel Mainwaring, d’après le roman de Jack Finney

DISTRIBUTION

Kevin McCarthy, Dana Winter, Larry Gates, King Donovan…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction/thriller
Titre original : Invasion of the Body Snatchers
Année de production : 1956

Le romancier Jack Finney (notamment auteur du Voyage de Simon Morley et du Balancier du Temps) a toujours considéré avec un certain amusement les nombreuses théories dont a fait l’objet son roman Body Snatchers, publié dans un premier temps en épisodes dans la revue Collier’s et longtemps traduit en France sous le titre Graines d’Epouvante. il faut dire que l’histoire a vite été achetée pour le cinéma et que l’époque où le film a été tourné a immanquablement donné lieu à certaines interprétations alors que l’auteur n’a, selon ses dires, jamais voulu glisser de messages dans sa description d’une petite ville qui voit ses habitants progressivement remplacés par des doubles dénués de toute émotion “nés” dans des cosses venues de l’espace.

L’époque en question, c’est le Maccarthysme, un temps peu glorieux où les Américains voyaient des communistes partout. Les rouges sont partout, ils sont dangereux et le pire, c’est qu’ils nous ressemblent…semble dire ce contexte. D’autres y ont décelé une réflexion sur l’aspect conformiste de la société dans l’Amérique d’Eisenhower (ce qu’a défendu le réalisateur Don Siegel). On peut donc y voir beaucoup de choses et dans un sens, cela confirme la richesse et les multiples facettes de ce qui est avant tout un sacré bon thriller paranoïaque.

 

 

L’Invasion des Profanateurs de Sépultures est le long métrage le plus connu de la première partie de carrière de Don Siegel (la plupart des ses oeuvres tournées dans les années 50 sont méconnues et il a surtout travaillé pour la télévision dans les années 60 avant d’entamer sa célèbre collaboration avec Clint Eastwood en 1968 par Un Shérif à New-York). Mélange de suspense, de science-fiction et d’horreur (la scène où les héros assistent bouche bée à l’éclosion de leurs doubles fait clairement partie de cette catégorie), le récit est un modèle d’invasion “calme” et parfaitement organisée.

La mise en scène de Don Siegel adopte très bien cette sensation insidieuse qui se referme autour des personnages. Le début est calme, la petite ville est tranquille, presque somnolente, ce qui se caractérise par des plans larges et des mouvements assez lents. Au fur et à mesure des découvertes du médecin incarné par Kevin McCarthy, les compositions des images sont plus resserrées, le montage est plus rapide et le dernier acte est d’une grande intensité. L’ensemble monte implacablement en puissance et la seule véritable fausse note vient alors des ajouts de la production.

 

 

Contre l’avis de Don Siegel et de son scénariste, les producteurs ont en effet imposé un prologue et un épilogue qui ont transformé l’histoire racontée en voix-off par le docteur Miles Bennell en un long flashback, terminant le film sur un happy-end guère convaincant. Mais si on fait abstraction des ces quelques minutes, L’Invasion des Profanateurs de Sépultures (jolie erreur du traducteur français de l’époque qui n’avait semble-t-il pas vu le film et qui a certainement été influencé par The Body Snatcher de Robert Wise, connu en France sous le titre Le Récupérateur de Cadavres) n’a rien perdu de sa force.

Il y a eu trois autres versions cinématographiques du roman de Jack Finney : L’Invasion des Profanateurs de Philip Kaufman avec Donald Sutherland (1978), Body Snatchers de Abel Ferrara avec Meg Tilly (1994) et Invasion de Olivier Hirschbiegel avec Nicole Kidman et Daniel Craig (2007).

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