Retour vers le passé : La Fiancée de Frankenstein (1935)

 

REALISATEUR

James Whale

SCENARISTES

William Hurlbut et John L. Balderston, d’après les personnages créés par Mary Shelley

DISTRIBUTION

Boris Karloff, Colin Clive, Ernest Thesiger, Valerie Hobson, Una O’Connor, Elsa Lanchester…

INFOS

Long métrage américain
Genre : horreur
Titre original : Bride of Frankenstein
Année de production : 1935

Après le succès de Frankenstein en 1931, le studio Universal a tout de suite mis en chantier une suite qui a pourtant mis quatre ans à se concrétiser. Le réalisateur James Whale s’était en effet montré réticent : ne voulant pas être cantonné dans le film d’horreur, il a exploré les genres du drame romantique, de la comédie noire et du thriller (avec The Impatient MaidenUne Soirée Etrange et The Kiss before the Mirror) avant de livrer une autre entrée mémorable dans ce qui a ensuite été appelé les “Universal Classic Monsters” avec le très réussi L’Homme Invisible.

L’adaptation du roman de H.G. Wells fut à nouveau très profitable pour Universal qui revint à la charge avec la suite de Frankenstein. James Whale a sauté sur l’occasion pour proposer un scénario qui lui tenait à coeur (le drame One More River, le dernier des six longs métrages qu’il a mis en boîte entre 1932 et 1934) avant d’accepter finalement de donner une suite à l’histoire de Henry Frankenstein et de sa créature.

Et tant mieux, car La Fiancée de Frankenstein demeure l’un des plus beaux films de l’histoire du cinéma fantastique, ainsi que l’une de ces suites qui se sont révélées supérieures à l’original…

 

 

James Whale a de plus obtenu carte blanche pour développer l’histoire qu’il souhaitait, en mettant plus l’accent sur le monstre. Dans les crédits de Frankenstein, Boris Karloff n’était pas mentionné. Le rôle a fait de lui une star à quarante ans passés et pour la suite, il fut bien évidemment tête d’affiche. La Fiancée de Frankensteindémarre directement après la fin du premier (la supposée mort de la créature dans l’incendie du moulin) en faisant abstraction de la toute dernière scène qui voyait Henry Frankenstein reprendre des forces auprès de sa femme Elizabeth (principalement parce que suite à des soucis de santé, la blonde Mae Clarke a été remplacée par la brune Valérie Hobson).

La créature surgit des décombres en colère et reprend ses errances après avoir tué deux villageois. Contre l’avis de Boris Karloff, James Whale a souhaité cette fois que la créature parle, mais pas comme dans le roman de Mary Shelley où celle-ci s’exprime avec un vocabulaire élaboré. Auprès d’un vieil ermite aveugle (passages joliment interprétés par Karloff et O.P Heggie qui tirent leur inspiration du livre), le monstre s’humanise, apprend des rudiments de langage, ce qu’est l’amitié et la beauté de la musique. Mais ce moment de calme dans son existence troublée ne dure pas…

Pendant ce temps, Henry Frankenstein est forcé de reprendre ses travaux suite au chantage du Docteur Pretorius (savoureux Ernest Thesiger), qui est décidé lui aussi à créer la vie à partir de matière inanimée. Adepte de la génétique (la scène où il présente à Frankenstein ses créations de taille minuscule est une petite merveille), Pretorius veut passer à la vitesse (et à la taille) supérieure en assemblant une femme de toutes pièces…

 

 

Par l’intermédiaire de Pretorius et de l’exubérante Minnie (incarné par Una O’Connor, dont le jeu outré plaisait beaucoup au réalisateur), James Whale ajoute des touches humoristiques qui ne réduisent pas la portée émotionnelle de l’ensemble et l’intensité des moments les plus graves. Splendeur visuelle (le budget a été augmenté et cela se voit), La Fiancée de Frankenstein trouve son point culminant dans un final ébouriffant, danse électrique, ballet émouvant de création, de douleur et de mort.

Avec son look inoubliable, la Fiancée fait partie des créatures les plus saisissantes des Universal Classic Monsters et elle a réussi à impacter l’Histoire du cinéma en n’apparaissant que trois minutes à l’écran. Comme Karloff dans le premier film, son interprète n’est pas créditée au générique. L’actrice Elsa Lanchester, l’épouse de Charles Laughton, l’est pourtant pour un autre rôle, celui de Mary Shelley elle-même dans l’astucieux prologue qui recrée à sa façon les circonstances de la création du roman par lequel tout a commencé !

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