Retour vers le passé : Frankenstein (1994)

 

REALISATEUR

Kenneth Branagh

SCENARISTES

Frank Darabont et Steph Lady, d’après l’oeuvre de Mary Shelley

DISTRIBUTION

Kenneth Branagh, Robert De Niro, Helena Bonham Carter, Tom Hulce, Aidan Quinn, Ian Holm, John Cleese…

INFOS

Long métrage américain/britannique/japonais
Genre : drame/horreur/romance
Année de production : 1994

Le scénariste Frank Darabont a un jour déclaré à propos de Frankenstein : “c’est le meilleur scénario que j’ai écrit et le plus mauvais film que j’ai vu”. Et le réalisateur des Evadés et de La Ligne Verte ne fut pas le seul à désavouer le résultat final. Frankenstein a été développé par Francis Ford Coppola suite au succès de son Dracula avec l’idée de faire de cette énième transposition du roman de Mary Shelley un travail d’adaptation complémentaire de celui effectué par James V. Hart sur le classique de Bram Stoker. Se rapprocher du texte original, tout en s’autorisant bien entendu des changements (ainsi que des références à de nombreux autres longs métrages Frankenstein)…

Francis Ford Coppola avait d’abord envisagé de réaliser Frankenstein avant de se contenter du poste de producteur et de laisser le fauteuil de réalisateur au shakespearien Kenneth Branagh (Henry VBeaucoup de bruit pour rien), qui interprète également le rôle de Victor Frankenstein. Une décision qu’il a par la suite regretté à cause des nombreux désaccords qui ont eu lieu pendant le tournage. Une production difficile, donc…pour un résultat certes terriblement imparfait mais pas aussi catastrophique que l’avis très tranché exprimé par Frank Darabont.

 
 
 

Il faut dire que la subtilité n’est pas le maître-mot de la vision de Kenneth Branagh. Dès la scène d’ouverture, qui suit une expédition maritime tenter d’atteindre le Pôle Nord, le ton est donné. Le chaos environnant est accompagné par une musique envahissante qui souligne beaucoup trop les actions. La bande-originale signée Patrick Doyle doit être l’une des plus emphatiques (et bruyantes…j’en ai eu mal au crâne) jamais entendue dans un long métrage…et elle s’accorde pleinement au rythme frénétique imposé par Kenneth Branagh, qui veut donner dans un premier temps beaucoup d’informations quitte à ce que la construction soit un peu trop branlante.

Le scénario reprend la structure de récits enchâssés du roman, en commençant par la rencontre entre l’impitoyable capitaine Walton (campé par Aidan Quinn) et un Victor Frankenstein désespéré dans les glaces du Pôle. La suite est un long flashback qui s’intéresse d’abord à quelques épisodes de la jeunesse de Frankenstein jusqu’à ce qu’un événement traumatique (sa mère meurt en couches) devienne le déclencheur de son obsession : trouver le moyen de vaincre la mort elle-même. Après avoir avoir promis à Elizabeth (Helena Bonham Carter), son amour d’enfance, de se marier avec elle après ses études, Victor se rend à l’Université d’Ingolstadt. Là, il se heurte aux méthodes de ses professeurs, mais il rencontre aussi le professeur Waldman (étonnant John Cleese dans un rôle à contre-emploi) qui deviendra son mentor…

J’avoue que je n’ai pas lu le Frankenstein de Mary Shelley depuis très longtemps. Je n’ai jamais été emballé par l’écriture de la femme de lettres britannique et je préfère nettement le Dracula de Bram Stoker que j’ai d’ailleurs lu plusieurs fois. Mais si je me rappelle bien, la description des circonstances de la création du monstre était fiévreuse, presque survoltée et c’est quelque chose que j’ai retrouvé dans la façon dont Kenneth Branagh joue et met en scène ce moment décisif.

 

 

Le choix de Robert de Niro pour incarner la créature a souvent divisé l’opinion. Je suis partagé…je n’ai jamais été pleinement convaincu par l’apparence du “monstre”, mais l’acteur exprime assez efficacement l’apprentissage de l’humanité et des sentiments de la création de Frankenstein, jusqu’à son amertume et sa rage. Mais il n’échappe pas aussi de temps en temps au ridicule à cause de la direction suivie par Branagh (“J’aurai ma revanche…Frankenstein !!!”). Au moins, il n’est pas aussi caricatural que certains personnages secondaires, comme le Henri Clerval personnifié par Tom Hulce (Amadeus) qui en fait des tonnes en comparse comique et embarrassant.

Le Frankenstein de Kenneth Branagh est donc une relecture inégale du mythe. La direction artistique est riche et le film est traversé de fulgurances, de scènes visuellement accrocheuses et de moments de drame furieusement romanesques. Malgré la musique qui fait mal à la tête, il y a des passages que je trouve saisissants…mais c’est l’ensemble qui ne fonctionne pas comme il le devrait, le style ampoulé ne permettant pas à ce patchwork surexcité qui part dans tous les sens de tenir complètement debout…

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