Retour vers le passé : Superman Returns (2006)

 

REALISATEUR

Bryan Singer

SCENARISTES

Michael Dougherty et Dan Harris, d’après une idée de Bryan Singer et les personnages créés par Jerry Siegel et Joe Shuster

DISTRIBUTION

Brandon Routh, Kevin Spacey, Kate Bosworth, James Marsden, Frank Langella, Sam Huntington, Eva Marie-Saint, Marlon Brando…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/fantastique
Année de production : 2006

À la fin du nullissime Superman IV, l’Homme d’Acier ramène Lex Luthor en prison et le salue d’un “See you in 20” (“à dans 20 ans !”). Une dernière réplique fort à propos : il a en effet fallu attendre presque 20 ans pour que les deux ennemis de toujours se croisent à nouveau sur grand écran. Entre Superman IV (1987) et Superman Returns (2006), les projets n’ont pourtant pas manqué. Et ce dès la phase de post-production de Superman IV : la Cannon avait en effet dans l’idée de produire un cinquième film qu’ils auraient confié à un de leur poulain, Albert Pyun (CyborgCaptain America). L’échec du quatrième volet et la faillite du studio en ont décidé autrement (ouf…).

Parmi tous les projets avortés de cette période, le plus connu est Superman Lives (un documentaire lui a même été consacré) , pour lequel Tim Burton a reconnu “avoir perdu un an de sa vie” et qui aurait vu Nicolas Cage, grand fan de comics, incarner le héros. Juste avant Superman Lives, le producteur (et ancien coiffeur) Jon Peters a développé au début des années 90 un scénario intitulé Superman Reborn. Et entre le départ de Tim Burton en 1998 et 2004, il y a également eu un Batman vs Superman (quinze ans avant celui de Zack Snyder) et Superman : Flyby, sur lequel ont travaillé J.J. Abrams, McG et Brett Ratner.

 

 

En 2004, la Warner engage finalement Bryan Singer, qui ajoutait alors une troisième adaptation de bande dessinée à son palmarès après les deux premiers X-Men. Pas mal pour quelqu’un qui a toujours proclamé qu’il n’a jamais été un fan de comics. Mais ce qui l’intéressait surtout, c’était de marcher sur les traces de Richard Donner, citant l’influence que le Superman de 1978 a eu sur sa carrière. Singer a alors abandonné ses deux projets en cours (X-Men 3, qui a été concrétisé par Brett Ratner, et le remake de L’Âge de Cristal) et embarqué ses fidèles collaborateurs dans cette nouvelle aventure, les scénaristes Michael Dougherty et Dan Harris, le musicien John Ottman, le chef opérateur Guy Hendrix Dyas et le directeur de la photographie Newton Thomas Siegel (et même James Marsen/Cyclope à qui il a confié un des rôles principaux).

Le concept à la base de Superman Returns est celui d’une suite/hommage aux deux premiers Superman(rappelons que Richard Donner a réalisé une grande partie du second film) qui ne se laisserait tout de même pas enfermer dans une continuité trop restrictive. Il y a de nombreux échos, et s’ils ne fonctionnent pas tous, ils permettent tout de même à Superman Returns d’échapper au syndrome du reboot, celui de se perdre dans des préambules superflus et de revisiter à chaque fois les mêmes éléments. Donc on échappe ici à une énième relecture des origines de Superman car les faits sont déjà établis.

 
 
 

Mais le film a failli débuter par une autre visite de Krypton, sorte de “reflet négatif” de l’ouverture du Supermande Richard Donner, une scène assez prenante, avec une atmosphère bien travaillée, qui a été coupée au montage final et que l’on peut trouver facilement, sur les galettes numériques ou sur le net. L’idée de “Superman qui revient sur Terre après 5 ans d’absence” vient du réalisateur. Pendant ces longues années, Superman a sillonné l’espace à la recherche d’éventuels survivants de Krypton suite aux déclarations d’astronomes qui auraient découvert ce qu’ils pensaient être une Krypton intacte (dans une sous-intrigue qui a été laissée de côté, le spectateur aurait appris qu’il s’agissait en fait d’un piège de Lex Luthor pour éloigner son vieil ennemi de la Terre et ainsi faciliter sa sortie de prison).

Parmi les choses qui ont été reprochées à Superman Returns, il y a notamment sa trop longue durée, son manque de “grosses” scènes d’action. Mais pour ma part, j’aime beaucoup le premier acte qui permet de se familiariser à nouveau avec son petit monde, que le héros redécouvre lui aussi après sa longue absence. Brandon Routh transmet le même optimisme charmant que Christopher Reeve, il compose un savoureux Clark Kent et un Superman plutôt convaincant (même si je ne suis pas fan de certaines scènes, comme celle où il utilise sa vision pour espionner Lois Lane et sa famille). À quelques exceptions près (Kate Bosworth en Lois justement), la distribution est de qualité et ces passages où le scénario s’intéresse de plus près aux personnages (tout ce qui se passe au Daily Planet par exemple) apportent du coeur, de l’émotion et même du fun à l’ensemble…ce qui a fait cruellement défaut aux entrées du “Snyderverse” avec Henry Cavill.

 

 

Superman entre véritablement en scène au bout d’une demi-heure, sur les notes de l’intemporelle fanfare de John Williams (réorchestrée par John Ottman). Un morceau de bravoure palpitant, malgré des effets spéciaux parfois un peu trop brouillons (la doublure numérique de Brandon Routh est beaucoup trop visible, et c’est un défaut récurrent dans chacune de ses apparitions). Mais les grands moments du long métrage sont généreux…et pour certains vraiment impressionnants (les exploits du dernier acte), avec quelques jolies idées de mise en scène et un intéressant travail sur l’imagerie et l’aspect mythologique du héros.

Dommage tout de même que tout ce qui tourne autour des vilains donne un résultat aussi inégal. Kevin Spacey est un bon choix en antagoniste mais son Lex Luthor est trop calqué sur celui de Gene Hackman, jusqu’à l’obsession (ennuyeuse) pour les propriétés terriennes et son mauvais choix de complices féminines (qui finissent toutes par se retourner contre lui). Et ce n’est franchement pas la version du personnage que je préfère…

 

 

Avec ses 270 millions de budget, Superman Returns fait toujours partie des adaptations de comics les plus coûteuses. Mais le succès ne fut pas au rendez-vous (avec moins de 400 millions de dollars de recettes au box-office mondial), ce qui a annulé les chances d’une suite qui était déjà prévue pour 2009. La Warner a donc une nouvelle fois revu sa copie et opté pour le reboot en 2013…

…mais ceci est une autre histoire…

 

Et c’est donc avec "Superman Returns" que se termine ma série de chroniques sur l’Homme d’Acier en cette année anniversaire !

Rendez-vous en 2019 pour fêter un autre "octogénaire" !

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