Retour vers le passé : Horus, Prince du Soleil (1968)

 

REALISATEUR

Isao Takahata

SCENARISTE

Kazuo Fukazawa

INFOS

Long métrage japonais
Genre : animation/aventures/fantastique
Titre original : Taiyô no ôji: Horusu no daibôken
Année de production : 1968

Horus, Prince du Soleil marque la première collaboration cinématographique de deux légendes de l’animation japonaise, Isao Takahata et Hayao Miyazaki, les futurs fondateurs du Studio Ghibli. Isao Takahata avait 25 ans lorsqu’il intègra la branche animation de la Toei en 1959. Après avoir travaillé sur des projets télévisés, il réalise son premier long métrage en 1968 avec Horus, Prince du Soleil. Hayao Miyazaki a quant à lui débuté comme intervalliste chez la Toei en 1963. Son talent a vite été reconnu et il a rejoint la production de Horus, Prince du Soleil dès 1965 en tant que responsable du département artistique et artiste conceptuel.

Les deux hommes avaient beaucoup d’ambition pour Horus, mais le développement a connu de nombreux problèmes, les ambitions commerciales des producteurs se heurtant à la vision artistique des créateurs. Isao Takahata a tenu bon sur certaines choses, mais a perdu la bataille sur d’autres, comme le montage final. Il fut ainsi forcé de couper plus d’une demi-heure, passant d’environ 120 mn à 80 mn. La sortie fut sabordée par la Toei et Horus, Prince du Soleil fut un échec commercial avant de devenir culte avec les années. Isao Takahata claqua alors la porte de la Toei, suivi par Miyazaki au début des années 70. The rest is history, comme disent les américains…

 

 

Si on peut dire que Horus, Prince du Soleil représente une version “tronquée” du projet initial de Isao Takahata, le film n’en reste pas moins une réussite sur de nombreux domaines (et une sacrée première mise en scène !). L’ouverture, qui présente le jeune héros en pleine action alors qu’il essaye d’échapper à une meute de loups, est très dynamique et le merveilleux n’est pas loin avec l’apparition de Moog, le colossal homme de pierre qui a une épée coincée dans le bras. Tel Arthur, Horus retire l’épée de la pierre et Moog lui en fait cadeau en lui révélant qu’il s’agit de l’épée du Soleil et qu’ils se reverront le jour où Horus saura la forger et la maîtriser…

Un début enjoué, suivi par un moment plus dramatique. Horus retourne auprès de son père malade qui lui apprend que leur exil a été causé par la destruction de leur village par le maléfique Grunwald. Avant de mourir, il conseille à Horus de rechercher la compagnie d’autres humains. Le garçon rejoint alors un village de pêcheurs et découvre une communauté désespérée car Grunwald a envoyé un monstre (un brochet géant) qui les prive de leur source de subsistance. N’écoutant que son courage, Horus part affronter la bête, un morceau de bravoure épatant et superbement animé. Je suis par contre moins convaincu par la représentation des attaques du village par le bestiaire envoyé par Grunwald, composées de “plans fixes” ce qui manque terriblement de fluidité.

 

 

L’arrivée de Hilda, une jeune fille au lourd secret, va bouleverser l’équilibre de la communauté et les relations de Horus avec les gens qui l’ont accueilli. Hilda est un personnage complexe, intrigant; elle est tiraillée entre ses deux natures qui prennent en quelque sorte la forme symbolique de ses animaux de compagnie, une chouette et un écureuil (enfin, je crois que c’est un écureuil). Sa présence nourrit les péripéties de la deuxième moitié du métrage, entre action et sombre méditation (la scène de la forêt enchantée).

Malgré quelques menus défauts, Horus, Prince du Soleil est un film d’animation aussi profond que divertissant…entre ténèbres et lueurs d’espoir : enjoué, touchant, palpitant, avec comme point culminant une spectaculaire bataille finale !

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