Retour vers le passé : Batman (1989)

 

REALISATEUR

Tim Burton

SCENARISTES

Sam Hamm et Warren Skaaren, d’après les personnages créés par Bob Kane et Bill Finger

DISTRIBUTION

Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Basinger, Robert Wuhl, Pat Hingle, Michael Gough, Jack Palance, Billy Dee Williams…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/aventures
Année de production : 1989

Il y a trente ans, le Batman de Tim Burton sortait dans les salles américaines, déclenchant une véritable Batmania.

Depuis 1989, il n’y a pas eu de long métrage consacré à Batman sans la présence de Michael E. Uslan et son collaborateur Benjamin Melniker au générique. Fan de comics depuis toujours (jusqu’à dédier tout un cours à la mythologie des comics lorsqu’il était un jeune professeur), Michael E. Uslan a réussi à acheter les droits ciné de Batman en 1979. Son but : produire une version sombre et sérieuse de Batman en respectant la vision de Bob Kane et Bill Finger en 1939…une créature de la nuit, qui pourchasse les criminels dans les ténèbres.

Et il lui a fallu 10 ans pour aboutir à la première super-production sur le Chevalier Noir. À l’époque, la popularité de Batman était en berne et le souvenir de la série TV des années 60 avec Adam West et Burt Ward était encore vivace (car souvent rediffusée sur le petit écran). Les studios n’y croyaient pas et DC n’en avait que pour Superman après le succès du long métrage de Richard Donner avec Christopher Reeve. La Warner a tout de même décidé de rejoindre le projet en 1980, mais la route était encore longue. De nombreux traitements ont été écrits (dont un par Tom Mankiewicz, le co-scénariste de Superman, et un autre par Steve Englehart qui s’était inspiré de ses épisodes dessinés par Marshall Rogers).

 

 

Les choses se sont débloquées à l’arrivée de Tim Burton sur le projet en 1985. Il aura quand même fallu attendre 1988 et le succès de Beetlejuice pour que la Warner donne enfin son feu vert à Batman. Mais la production ne fut pas un long fleuve tranquille. On le sait maintenant, tous les castings de Batman ont été accueillis avec méfiance par un partie des fans de comics. Et bien avant l’avènement des réseaux sociaux, une pétition fut lancée contre le choix de confier le rôle-titre à Michael Keaton, jusque là principalement connu pour ses rôles comiques (Mr MomGung Ho, du saké dans le moteurUne Journée de fous…et le Beetlejuice de Tim Burton). Michael Keaton n’est peut-être pas pleinement convaincant en play-boy milliardaire telle qu’il s’illustre dans les bandes dessinées, mais j’ai toujours trouvé son Bruce Wayne intéressant. Un homme tourmenté, au regard hanté, entre deux mondes. Et grâce à un costume qui reste une création visuellement réussie, les apparitions de Batman sont toujours efficaces et ce dès son introduction très bien orchestrée, en véritable “croque-mitaine” des gangsters.

Batman se fait quand même souvent voler la vedette par son adversaire aux répliques savoureuses, le Joker interprété avec l’exubérance requise par Jack Nicholson (qui est même crédité avant Michael Keaton comme ce fut le cas pour Gene Hackman/Lex Luthor dans Superman). En se servant d’éléments empruntés au Killing Joke d’Alan Moore et Brian Bolland (tout en prenant une autre direction), le film donne au Joker une “origin story” qui la lie à celle de Batman. On dévie donc des comics, mais dans le cadre de cette réinvention cinématographique, cela fonctionne et la révélation donne une atmosphère intéressante au passage presque obligé de la scène de la mort de Thomas et Martha Wayne.

 

 

 

Le reste de la distribution est plus inégal, mais c’est un défaut que l’on peut aussi imputer aux problèmes d’écriture. L’intrépide journaliste Vicky Vale (Kim Basinger) n’échappe pas au syndrome de la demoiselle en détresse. Important dans les comics, le commissaire Gordon (Pat Hingle) n’a jamais eu la même importance dans les films Batman sortis entre 1989 et 1997. Billy Dee Williams (éternel Lando Calrissian) est sous-employé en Harvey Dent. Et Robert Wuhl a la palme du personnage le plus inutile avec son Alexander Knox, reporter aux répliques navrantes.

Mais il y a aussi de bons seconds rôles, comme Michael Gough, vétéran des films Hammer (dont Tim Burton est un grand fan) en Alfred Pennyworth, et cette sacrée tronche taillée à la serpe de Jack Palance en boss Grissom. Des acteurs qui ne sont pas tous servis par de très bons dialogues (certains sonnent même très faux), mais cette galerie de protagonistes ne manque pas d’intérêt.

 

 

 

Il y a donc pas mal de défauts dans ce premier Batman de Tim Burton. Le film ne supporte pas de nombreux visionnages, il est même parfois ennuyeux, avec son rythme étrange et la construction hasardeuse de certains passages (comme le délire dans le musée et le final en haut de l’église). Je n’ai pas vraiment retrouvé la “patte” de Tim Burton (présente dans le suivant, nettement plus inspiré), un peu étouffé par sa première superproduction de studio (il a du composer avec plusieurs décisions qui ne lui convenaient pas, comme l’utilisation des chansons de Prince). Mais il y a aussi des fulgurances, des scènes marquantes, une direction artistique d’une grande richesse et une bande-originale inoubliable de Danny Elfman.

Ce premier chapitre imparfait de la tétralogie Batman a connu un très grand succès il y a 30 ans, ce qui a confirmé Tim Burton pour la suite, l’excellent Batman, le Défi en 1992
Mais ceci est une autre histoire…

 

EN + : 

Le scénario du film a été adapté en comic-book par Dennis O’Neill et Jerry Ordway.
À noter que Urban proposera l’adaptation des deux Tim Burton dans un album en septembre.



 

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