Critique : Good Omens

 

 

GOOD OMENS

Mini-série en 6 épisodes

Réalisé par Douglas McKinnon

Scénarisé par Neil Gaiman, d'après le roman de Neil Gaiman et Terry Pratchett

Avec Michael Sheen, David Tennant, Jon Hamm, Frances McDormand...

Disponible le 4 mars chez Koba Films en DVD/Blu-Ray



L'Armageddon n'aura jamais été aussi fun et délicieusement british que dans Good Omens. À l'origine, il y a un livre écrit à quatre mains par Neil Gaiman (Sandman, American Gods...) et le regretté Terry Pratchett (Les Annales du Disque-Monde). Sorti en 1990, Good Omens a ensuite été publié en France sous le titre De Bons Présages, avec une excellente traduction de Patrick Marcel. Good Omens débute comme de nombreuses histoires apocalyptiquo-horrifiques : la Fin des Temps approche et le Jugement Dernier va s'abattre sur l'Humanité. Une situation provoquée par la naissance de l'Antéchrist qui a été confié à une famille humaine après un échange de bébés. Lorsque l'enfant, qui ne s'appelle pas Damien, aura atteint sa onzième année, il entrera en pleine possession de ses pouvoirs et la Grande Guerre entre les forces du Paradis et de l'Enfer pourra commencer. Une nouvelle qui n'est pas du goût de Aziraphale et Rampa, un ange et un démon qui vivent sur Terre depuis des millénaires et qui apprécient leur vie confortable et des plaisirs comme la nourriture, la boisson, les livres et la musique de Queen. Les deux amis (même s'ils sont dans des camps opposés) décident alors de s'occuper de l'éducation du gamin pour l'empêcher de choisir entre le Bien et le Mal, retardant ainsi la Fin du Monde. Mais ils se rendent compte bien trop tard qu'ils n'ont pas servi de précepteurs au bon garcon et que suite à une erreur des nonnes d'un couvent sataniste, le véritable Antéchrist mène une vie paisible dans un petit village de l'Oxfordshire...

Neil Gaiman et Terry Pratchett ont tenté pendant plusieurs années de porter Good Omens à l'écran. Il y a eu notamment deux projets attachés à des anciens Monty Python, un film par Terry Gilliam (qui aurait pu réunir Johnny Depp et Robin Williams) et une série par Terry Jones. Mais pour diverses raisons, ces tentatives d'adaptation n'ont pas abouti. En 2015, Terry Pratchett nous a quittés à l'âge de 66 ans. Neil Gaiman n'était pas certain de vouloir continuer seul mais il a changé d'avis après la lecture d'une lettre de son vieil ami reçue après sa mort. D'après Gaiman, Terry Pratchett l'a prié de poursuivre ses efforts, en l'assurant qu'il était la seule personne capable de signer la transposition à l'écran la plus fidèle de leur oeuvre. Et il avait bien raison....

 

 

 

Good Omens est finalement devenu une mini-série télévisée en 2019 (après un tournage qui s'est étalé de septembre 2017 à mars 2018), une co-production américano-britannique entre Amazon Prime Videos (qui s'est réservé l'exclusivité pour son service vidéo) et la BBC (qui a diffusé les six épisodes en début d'année). Neil Gaiman a écrit l'intégralité des chapitres tout en occupant le poste de showrunner et l'ensemble a été réalisé par Douglas McKinnon, un téléaste qui a notamment travaillé sur Sherlock, Doctor Who ou encore Knightfall...cela donne à l'ensemble de la production une véritable unité, une identité qui ne faiblit pas tout au long du visionnage, ce qui est toujours bienvenu. Il y a beaucoup de dynamisme dans la mise en scène, des idées savoureuses, des visuels étonnants, une exubérance qui fait tout le charme de cette version décalée de la Fin des Temps.

Avec son co-auteur aux commandes, Good Omens est un exemple d'adaptation respectueuse du matériel de base. Le ton si particulier, l'humour, cet univers barré et jubilatoire...tout est là. Et plus aussi car Neil Gaiman a ajouté des éléments qui s'intègrent avec fluidité à l'histoire. L'amitié indéfectible entre l'ange Aziraphale et le démon Rampa est développée et enrichie de scènes supplémentaires (comme le long prologue de l'épisode 3) et de nouveaux personnages ont été ajoutés pour approfondir les relations du duo avec les autorités de  leurs camps respectifs. C'est jubilatoire et emmené par une distribution de qualité.

 

 

Aziraphale et Rampa sont respectivement incarnés par Michael Sheen (Masters of Sex) et David Tennant (Doctor Who). Choix particulièrement judicieux tant l'alchimie entre les deux acteurs est indéniable et leur interprétation irrésistible. Le reste du casting est à l'avenant : de Jon Hamm (Mad Men) en Ange Gabriel, l'archétype du patron que l'on aime détester, à Michael McKean (Spinal Tap) en chasseur de sorcières à l'accent à couper au couteau en passant par Adria Arjona, Miranda Richardson et Jack Whitehall. Les caméos ne manquent pas, avec des apparitions de Nick Offerman, David Morrissey, Mark Gatiss, Derek Jacobi...et pour ceux qui ont préféré la V.O. (ce qui est mon cas) Frances McDormand prête sa voix à Dieu et Benedict Cumberbatch à Satan.

Bref, une comédie fantastique déjantée, un petit régal qui valait bien ces années d'attente (le livre fête cette année le 30ème anniversaire de sa première publication).

 

 

Good Omens sort le 4 mars en DVD/Blu-Ray chez Koba Films agrémenté de bonus : des commentaires audios pour chaque épisode et des vignettes plus ou moins intéressantes sur la production de la série (les making-of sont courts mais cela n'empêche pas quelques redites). J'avoue une préférence pour la visite de la librairie d'Aziraphale par Neil Gaiman, un superbe décor, avec un petit hommage touchant à feu Terry Pratchett.

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