Retour vers le passé : Piège Mortel (1982)

 

REALISATEUR

Sidney Lumet

SCENARISTE

Jay Presson Allen, d’après la pièce de Ira Levin

DISTRIBUTION

Michael Caine, Christopher Reeve, Dyan Cannon, Irene Worth, Henry Jones…

INFOS

Long métrage américain
Genre : comédie/suspense
Titre original : Deathtrap
Année de production : 1982

Sidney Bruhl fut autrefois un auteur à succès de pièces de théâtre policières. Mais c’était avant. Un soir, alors qu’il rentre chez lui après un énième échec, il découvre un manuscrit que lui a envoyé Clifford Anderson, un de ses anciens élèves d’un séminaire d’écriture. Le document en question est une pièce intitulée Piège Mortel et pour Bruhl, Clifford tient là un véritable chef d’oeuvre et un succès assuré. Désespéré, Sidney voit là l’occasion de relancer sa carrière. Mais pour cela, il doit faire croire que le texte est de lui…en se débarrassant de Clifford Anderson…

Adaptation d’une pièce du romancier Ira Levin (Rosemary’s BabyLes Femmes de Stepford…), Piège Mortel est considéré par certains comme un film mineur dans la filmographie de Sidney Lumet. Pour ma part, c’est l’un des plus réjouissants, le réalisateur de Serpico et Un après-midi de chien se révélant très à l’aise dans l’exercice du pastiche…même si Piège Mortel ne se limite pas à ses aspects comiques tant l’imprévisibilité du scénario et les thèmes abordés ne le limitent pas qu’à un seul genre.

 

 

Comme son amusante accroche le souligne, Piège Mortel n’est pas un whodunit (qui l’a fait ?), mais un who’ll do it (qui va le faire ?). Et c’est ce qui fait partie du plaisir du visionnage : les rebondissements sont nombreux (il y a d’ailleurs beaucoup trop d’articles sur la toile qui divulgâchent les twists, ce que je ne ferais pas ici) et la manipulation règne en maître. Dès lors, il est n’est pas si facile que cela de savoir à quoi s’attendre, sensation renforcée par les différents changements de ton et par l’ambiguïté des protagonistes.

Dans le rôle de Sidney Bruhl, Michael Caine (qui sortait du tournage d’À nous la victoire, le film de guerre et de foot de John Huston) est absolument irrésistible, très drôle, très expressif dans les scènes d’exposition…avant de se montrer inquiétant le temps de plans où son visage se ferme, dans ces moments qui montrent qu’il est prêt à tout. Face à lui, Christopher Reeve prouve l’étendue de son talent dans une composition totalement à contre-emploi (c’était son premier long métrage post-Superman II). Dyan Cannon et Irene Worth interprètent respectivement la femme de Bruhl et une voisine…et elles n’ont jamais peur de surjouer pour appuyer sur les caractéristiques hystériques et excentriques (même souvent grotesques en ce qui concerne la voyante, sorte d’oracle qui apparaît toujours quand on ne l’attend pas) de leurs personnages.

 

 

Sidney Lumet n’est jamais limité par l’étonnant décor unique de la maison de l’auteur (un vieux moulin rénové) où se déroule quasiment toute l’intrigue. La gestion de l’espace est impeccable et les effets « théâtralisés » participent pleinement à l’élaboration d’un suspense efficace et d’une atmosphère où tout peut arriver. Et au-delà de ça, le récit propose une croustillante mise en abyme dans sa deuxième moitié…

…avant un final mouvementé qui se referme sur une dernière scène délicieusement amorale, conclusion idéale de ce jeu de dupes empreint d’une cruelle ironie.

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