Retour vers le passé : Le Prix du Danger (1983)

 

REALISATEUR

Yves Boisset

SCENARISTES

Yves Boisset et Jean Curtelin, d’après la nouvelle de Robert Sheckley

DISTRIBUTION

Gérard Lanvin, Michel Piccoli, Marie-France Pisier, Bruno Cremer…

INFOS

Long métrage français/yougoslave
Genre : action/thriller
Année de production : 1983

Le thème de la chasse à l’homme, « The Most Dangerous Game » pour reprendre le titre original de La Chasse du Comte Zaroff, a inspiré le romancier américain Robert Sheckley à plusieurs reprises. Je ne connais pas bien son oeuvre mais je ne pense pas me tromper en écrivant que son histoire la plus célèbre sur le sujet reste Le Prix du Danger, une nouvelle publiée pour la première fois en 1958 qui préfigure les dérives de la télévision en mettant en scène un jeu où le candidat doit lutter pour sa vie et tenir une semaine tout en étant poursuivi par des tueurs. Le Prix du Danger a été adapté pour la première fois par la télévision allemande en 1970 avant la version cinématographique réalisée par Yves Boisset en 1983.

L’action se déroule à une époque indéterminée, que l’on pourrait résumer par « un futur proche » ce qui évite de s’attarder sur l’esthétique du film qui demeure très ancrée dans les années 80 (pas assez de moyens pour une architecture un peu plus futuriste). Le mélange de décors français et yougoslave (le tournage s’est en partie tenu à Belgrade) participe tout de même à l’atmosphère ambiante par le choix de lieux austères, moroses qui appuient sur le côté déshumanisant de l’aventure.

 

 

Le héros, François Jacquemard, devait à l’origine être incarné par Patrick Dewaere. Suite au suicide de l’acteur, le rôle a été confié à Gérard Lanvin. Je n’ai jamais été fan de son jeu, mais Lanvin est convaincant dans le côté athlétique de son personnage qui doit courir pendant toute la seconde moitié du long métrage pour échapper aux cinq tueurs lancés à ses trousses par la production du jeu Le Prix Du Danger. S’il survit, il touchera un million de dollars, de quoi échapper à son quotidien de chômeur. Mais c’est la quatrième émission et jusque là, aucun candidat n’a encore gagné…

Le Prix du Danger, c’est l’équivalent moderne des Jeux du Cirque, une émission qui se sert de la misère du peuple pour qu’ils oublient leurs problèmes pendant plusieurs heures devant un spectacle violent. Satire ultra-cynique de la télévision (le regretté Michel Piccoli s’en donne à coeur joie en présentateur vedette flamboyant, artificiel et obséquieux), le film d’Yves Boisset (Dupont LajoieLe Juge Fayard dit le Shériff…) annonce certains aspects de la future télé-réalité, notamment par la dramatisation du jeu et certaines de ses péripéties scénarisées pour assurer sa durée et l’audimat.

 

 

Parmi les scènes les plus glaçantes, il y a celle qui montre le président de la chaîne (Bruno Cremer) et sa productrice (Marie-France Pisier), celle qui a imaginé le Prix du Danger, discuter tranquillement des parts de marché pendant que leur candidat tente de survivre dans les rues de la ville…

S’il lui arrive d’être caricatural (Yves Boisset n’a pas toujours joué la finesse…sur ce que j’ai vu de sa filmographie en tout cas) et parfois pas très bien servi par sa distribution (surtout dans les rôles secondaires, les acteurs qui interprètent les chasseurs sont dans l’ensemble assez mauvais), Le Prix du Danger est aussi un film d’action nerveux, efficace et qui tient en haleine jusqu’à un final d’une grande noirceur qui place carrément le spectateur au même rang que les tueurs, la vérité ne valant pas grand chose face à la soif de sang et la promesse d’émissions encore plus violentes…

Commentaires (0)