Retour vers le passé : Baxter (1989)

 

REALISATEUR

Jérôme Boivin

SCENARISTES

Jérôme Boivin et Jacques Audiard, d’après le roman de Ken Greenhall

DISTRIBUTION

Maxime Leroux (voix de Baxter), Lise Delamare, François Driancourt, Jacques Spiesser…

INFOS

Long métrage français
Genre : horreur
Année de production : 1989

Baxter n’est pas un chien comme les autres. Et pas seulement à cause de son physique ingrat (c’est vraiment étrange, un Bull-Terrier…j’adore les chiens mais avec cette race, j’ai un peu de mal). Il pense. Il se pose des questions sur son existence. Et quand quelque chose ne va pas dans son sens, il est prêt aux pires extrémités. Donner une voix à un animal, ça a déjà été fait. Mais ici, le traitement du personnage lui donne une place à part dans le bestiaire du genre.

L’acteur Maxime Leroux, qui nous a quittés en 2010 à l’âge de 58 ans, prête sa voix à Baxter. Le ton qu’il emploie convient parfaitement (c’est même le meilleur acteur du film) à l’expression des pensées très intimes de ce chien qui a du avoir un passé difficile (des flashes traumatisants lui reviennent régulièrement en mémoire). L’ambivalence de ces monologues intérieurs rend Baxter difficile à cerner. Il se dégage de lui une véritable tristesse…mais son parcours l’a rendu rancunier, méprisant, prisonnier de pulsions qu’il peine à maîtriser.

 

 

Le scénario co-écrit par un Jacques Audiard qui n’était pas encore très connu (il avait notamment travaillé sur Mortelle RandonnéeRéveillon chez Bob et Sac de Noeuds) suit les différentes tentatives de Baxter pour trouver le maître idéal. C’est un besoin qui est ancré en lui mais comme il refuse les compromis, la tâche s’avère difficile. L’histoire est partagée en trois parties qui représente chaque âge de la vie. Baxter est d’abord confié à une vieille dame qui commence par avoir peur de lui avant de l’étouffer d’affection et de se barricader avec lui lorsque, après un accident, elle sombre progressivement dans la folie. Pendant cette période malheureuse, Baxter passera son temps à observer la maison voisine et à écouter les exploits sexuels du jeune couple qui vient d’emménager…

Baxter connaîtra un temps le bonheur dans cette demeure car l’homme et la femme seront ses propriétaires suivants. L’arrivée d’un enfant, qui occupe toute l’attention de la femme, change alors ce nouvel ordre. Et face au changement, Baxter ne répond que par la violence, d’une manière qui fait froid dans le dos. Ce qui prépare à la dernière partie et au dernier maître, un garçon qui était déjà apparu à plusieurs reprises (tout ceci se déroule dans la même petite ville). Un sociopathe en culottes courtes, un nazillon en herbe, un être dénué de sentiments délaissé par des parents qui ne le comprennent pas et qui de toute façon se parlent à peine. Enfin le maître idéal ?

 

 

Film d’horreur psychologique, Baxter peut être également vu comme une comédie dramatique (très) noire, une satire sociale sur des monstres « ordinaires » (et Baxter n’est pas le pire), dont les rares personnages sympathiques finiront tous mal. Jérôme Boivin réussit à créer le malaise grâce à une atmosphère étouffante pendant la quasi-totalité du métrage, une réalité oppressante aux protagonistes refoulés qui vivent dans l’hypocrisie la plus totale. Un environnement dans lequel le mal peut s’épanouir, dans la solitude d’un terrain vague ou d’une maison vide. Glaçant…

Baxter fait partie de ces quelques exemples de réussite française dans le genre. Son metteur en scène Jérôme Boivin n’a pas vraiment transformé l’essai. Il a ensuite réalisé une adaptation de Philip K. Dick, Confessions d’un Barjo (je crois bien que je l’ai vu au début des années 90 mais j’avoue que je n’en ai plus aucun souvenir) avant de signer une poignée de téléfilms et de courts métrages et de disparaître des écrans.

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