Retour vers le passé : Running Man (1987)

 

REALISATEUR

Paul Michael Glaser

SCENARISTE

Steven E. De Souza, d’après le roman de Richard Bachman/Stephen King

DISTRIBUTION

Arnold Schwarzenegger, Maria Conchita Alonso, Richard Dawson, Yaphet Kotto…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/science-fiction
Année de production : 1987

The Running Man fait partie des oeuvres de jeunesse de Stephen King. Ecrit au début des années 70, le roman fut rejeté à plusieurs reprises jusqu’à ce que King, devenu célèbre, le propose à son éditeur sous son nom de plume de Richard Bachman (un pseudonyme pris pour ne pas « inonder le marché » de la « marque King » et aussi pour pouvoir tester et publier des histoires éloignées du genre qui l’a fait connaître). Lorsque Rob Cohen achète les droits de The Running Man, il ne savait pas alors que Bachman était King et de son côté, Stephen King a bien précisé à ses représentants que c’était Richard Bachman qui devait être crédité. C’était peu de temps avant la révélation de la supercherie et le producteur Rob Cohen (futur réalisateur de Coeur de Dragon et Fast & Furious) a du se frotter les mains car j’imagine que le montant du contrat devait être moins important que pour une adaptation du roi de l’horreur.

Running Man est un roman dystopique se déroulant dans une Amérique totalitaire gangrenée par la violence à tous les niveaux. Pour sauver sa fille malade, le chômeur Ben Richards décide de se présenter comme candidat pour le jeu à succès The Running Man, dans lequel les participants sont traqués à travers tout le pays. Le thème ressemble à celui de la nouvelle Le Prix du Danger de Robert Scheckley (et peut-être que le jeune Stephen King l’a lue à la fin des années 50), mais l’auteur de Carrie et de Shining en fait quelque chose de complètement différent.

 

 

Plusieurs réalisateurs ont défilé pendant le développement du film. George Pan Cosmatos (Rambo II) voulait faire de Running Man un huis-clos qui aurait vu Ben Richards affronter ses traqueurs dans un centre commercial (dans cette version, le héros était fidèle au roman et aurait pu être interprété par Christopher Reeve). Ce n’était pas du goût de Rob Cohen qui désirait quelque chose de plus spectaculaire. Andrew Davis (Sale temps pour un flic) fut le quatrième choix de Cohen et il a même commencé le tournage sur un scénario de Steven E. De Souza (Commando). Mais Davis fut viré au bout d’une semaine parce qu’il était déjà au dessus du budget et en retard sur le planning. Rob Cohen a alors appelé en renfort Paul Michael Glaser, qu’il connaissait depuis leur passage sur la série Deux Flics à Miami, dont ils ont tous deux réalisé des épisodes.

Sur Running Man, l’ex-Starsky n’était rien d’autre qu’un yes-man et il s’est lancé dans le projet avec un minimum de préparation, ce qu’a toujours regretté Arnold Schwarzenegger (qui a déclaré « il a tourné le film comme si c’était un épisode de série TV »). Sa réalisation est le plus souvent assez plate, se réveillant le temps de scènes d’action aussi énergiques que répétitives dans leur construction. Pour l’intrigue, elle s’éloigne de celle du roman (Ben Richards est ici un flic accusé d’un massacre qu’il n’a pas commis et qui est forcé de jouer à The Running Man) pour un résultat qui se rapproche étrangement du long métrage Le Prix du Danger de Yves Boisset, l’adaptation de la nouvelle de Robert Schekley (aboutissant à un procès entre les deux équipes dans les années 90).

 

 

Dans les deux films, la mise en scène de l’émission est quasi-identique et les personnalités des deux flamboyants présentateurs vedette sont proches. Dans Running Man, ils ont eu la bonne idée de donner le rôle de Damon Killian à Richard Dawson, acteur devenu pendant plus de dix ans le présentateur du jeu Family Feud (La Famille en Or), et sa composition plus vraie que nature est savoureuse (le genre de personnage que l’on aime détester). Mais la satire du monde de la télévision manque dans l’ensemble de piquant…

Tous les éléments sont là…le discours social, la critique de ces « jeux du cirque » modernes (les traqueurs sont devenus des gladiateurs aux allures de super-vilains)…en restant à la surface car Running Man se réduit quand même à un festival de clins d’oeils aux spectateurs, avec un Schwarzie qui enquille les bons mots à chaque étape jusqu’au happy-end obligatoire. Mais malgré tous ses défauts, le spectacle reste plutôt fun, dans le genre divertissement léger et décérébré…loin, très loin du potentiel de l’histoire de feu Richard Bachman.

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