Retour vers le passé : Robocop (1987)

 

REALISATEUR

Paul Verhoeven

SCENARISTES

Edward Neumeier et Michael Miner

DISTRIBUTION

Paul Weller, Nancy Allen, Ronny Cox, Miguel Ferrer, Kurtwood Smith, Dan O’Herlihy…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction/action
Année de production : 1987

Au début des années 80, Edward Neumeier faisait partie du département artistique du Blade Runner de Ridley Scott. Et selon ses dires, c’est là que lui est venue l’idée de Robocop. Dans Blade Runner, un flic traque des robots qui ressemblent à des humains. Il a alors joué avec ce concept pour imaginer un flic devenu un robot qui chasse des criminels humains. Neumeier découvre alors qu’une de ses connaissances, Michael Miner, travaillait sur la même chose pour son premier scénario. Les deux hommes ont alors décidé d’unir leurs forces (et leurs références très comic-book) pour développer l’univers d’Alex Murphy, policier abattu dans l’exercice de ses fonctions et ramené à la vie en cyborg dans une ville de Détroit gangrenée par le crime.

Le script de Robocop a été refusé par plusieurs réalisateurs avant d’être proposé à Paul Verhoeven qui cherchait le bon sujet pour son premier film américain (sa carrière aux U.S.A. a débuté en 1986 par un épisode de la série anthologique Le Voyageur). Mais après quelques pages, il jette le scénario, pensant qu’il ne s’agissait qu’un stupide film d’action de plus. Heureusement, Mme Verhoeven l’a récupéré et après l’avoir lu jusqu’au bout a persuadé son mari de lui donner une seconde chance. C’est là que le « hollandais violent » a reconnu l’aspect satirique du récit et son côté furieusement provocateur.

 

 

Au coeur de cette critique vacharde d’une société corrompue et désensibilisée à la violence, il y a la quête d’humanité d’un personnage principal au parcours quasi-christique. Peter Weller n’a pas été choisi que pour son physique qui lui permettait d’enfiler plus facilement l’iconique combinaison créée par Rob Bottin (Arnold Schwarzenegger et Michael Ironside faisaient partie des acteurs envisagés), c’est aussi l’expressivité de son visage…ou plutôt du bas de son visage pendant une grande partie du métrage…qui a retenu l’attention. L’expérience du tournage n’a pas toujours été facile, mais Peter Weller a su apporter cette touche d’innocence qui caractérise Murphy et qui le rend vite attachant alors qu’il est présent peu de temps à l’écran avant sa transformation.

L’interprétation est globalement de très bonne qualité. Les flics (Nancy Allen, Robert DoQui…) ne sont cependant suffisamment bien développés car ce sont principalement les méchants qui assurent le spectacle (et quelle belle galerie de sales gueules). Dans Robocop, il n’y a pas une grande différence entre les cadres de la « méga corporation » OCP et les criminels. Ronny Cox, alias Dick Jones, l’ordure en costard, et Kurtwood Smith, alias le chef de gang Clarence Bodicker, offrent des prestations inoubliables en vilains d’anthologie. Bob Morton, l’ambitieux responsable du projet Robocop campé par Miguel Ferrer, pourrait presque être plus sympathique que Dick Jones, mais il reste le produit d’un système pourri…ou comme le dirait le sergent Reed, un « sale con ». Le face-à-face dans les toilettes entre Jones et Morton fait partie des moments savoureux d’un long métrage qui enchaîne les scènes mémorables.

 

 

Dans Robocop, tout le monde en prend pour son grade (le reaganisme, les grandes entreprises, les médias, la télé-poubelle, la « culture » des armes aux Etats-Unis…) dans un spectacle jubilatoire et énergique (le film dure un peu moins de 1h40 et pas une minute de trop) à l’ironie mordante. L’ensemble est gore et sacrément fun autant que profond, avec beaucoup de thèmes très intéressants servis par une excellente mise en scène de Paul Verhoeven, des prestations réussies dans tous les domaines de la production et un thème musical très accrocheur.

Films, série TV, dessin animé, téléfilms, jeux vidéos, attraction dans des parcs à thème, bandes dessinées…Robocop a donné naissance à une franchise inégale (il y a du bon comme du très oubliable) qui n’a jamais retrouvé la puissance du premier film.

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