Retour vers le passé : Alice (1988)

 

REALISATEUR & SCENARISTE

Jan Svankmajer, d’après l’oeuvre de Lewis Carroll

DISTRIBUTION

Krystina Kohoutova.

INFOS

Long métrage tchécoslovaque/suisse/allemand
Genre : fantastique/animation
Titre original : Něco z Alenky
Année de production : 1988

Peintre, plasticien, marionnettiste et réalisateur, partisan du mouvement surréaliste pragois, le tchèque Jan Svankmajer n’a jamais vraiment été convaincu par les représentations très « conte de fées » d’Alice au Pays des Merveilles. Pour lui, l’oeuvre de Lewis Carroll s’apparente plus à un « rêve amoral », une direction qu’il a voulue donner à sa version, son premier long métrage après une bonne vingtaine de courts depuis 1964, Alice (Něco z Alenky en version originale, ce qui peut se traduire par Quelque chose d’Alice), avec une unique actrice, la jeune Krystina Kohoutova entourée de créatures animées en stop motion.

 

 

L’ouverture reprend le cadre bucolique bien connu : assise au bord de l’eau, Alice s’ennuie à côté de sa grande soeur (dont on ne voit pas le visage et qui a l’air presque inerte) qui lit un livre sans images. Alice jette des cailloux dans l’eau et tente de lire le livre en feuilletant les pages mais elle reçoit une claque sèche sur la main. La caméra s’attarde alors sur le regard sombre de la petite fille qui s’adresse dès lors elle-même au spectateur en faisant la narration…

Alice se dit en elle-même, je vais vous montrer un film…un film pour les enfants…peut-être…
Peut-être en effet, car cette adaptation s’apparente à un cauchemar surréaliste peuplée par un bestiaire inquiétant et particulièrement inventif, à commencer par ce lapin blanc empaillé aux yeux exorbités et aux dents claquantes, perdant régulièrement sa sciure par ses coutures défaites. Un guide qui n’en est pas vraiment un à travers une déambulation onirique faite de chutes et d’expériences sensitives…

 

 

Peut-être si on se fie au titre…pour ça il suffit de fermer les yeux…car sans cela vous ne verrez rien du tout…
Fermer les yeux et rêver…un rêve où le réel s’infiltre…où les passages vers un pays imaginaire peuvent mener à des immeubles délabrés et dangereux filmés en contre-plongée pour souligner la taille d’Alice dans sa labyrinthique introspection mentale à l’atmosphère étrange, sensation renforcée par le travail sur les bruits et l’absence de musique…

Fascinant cabinet de curiosités, errance à tiroirs (beaucoup de tiroirs) au montage fluide, la Alice de Jan Svankmajer amène une autre sensibilité, très intéressante, riche et débordante de trouvailles, à cette histoire intemporelle.

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