Retour vers le passé : Vigilante (1982)

 

Action/thriller
Long métrage américain
Réalisé par William Lustig
Scénarisé par Richard Vetere
Avec Robert Forster, Fred Williamson, Richard Bright, Joe Spinnell, Woody Strode…
Année de production : 1982

Après avoir débuté dans le milieu du cinéma pour adultes, William Lustig connaît son premier succès en 1980 avec le tétanisant film d’horreur Maniac. Il décide ensuite de réaliser un thriller urbain en étant influencé à la fois par French Connection de William Friedkin (référence avouée pour la poursuite en voiture finale), le western spaghetti et par ce courant de polars « sécuritaires » et désabusés régulièrement présents sur les écrans depuis les années 70, avec notamment les Dirty Harry et les Justicier dans la ville aux Etats-Unis et les flics aux méthodes expéditives joués par Franco Nero et Maurizio Merli en Italie.

Le contexte de l’époque ne manquait pas d’alimenter les scénarios. Dans les années 80, New York était une ville extrêmement dangereuse, avec un taux de criminalité particulièrement élevé. 1981 fut même déclarée « l’année la plus violente ». William Lustig, New Yorkais de naissance, a déclaré avoir eu l’idée de son film en lisant un article dans le journal sur un groupe de « cols bleus » du New Jersey qui s’étaient organisés pour combattre le crime dans leur quartier…

 

 

La scène d’ouverture donne le ton. Le personnage joué par Fred Williamson (l’un des noms incontournables du cinéma d’exploitation en ce temps-là…Fredo était quasiment partout depuis la blaxploitation, aux States comme en Europe) s’adresse à de braves citoyens pour les pousser à s’occuper eux-mêmes de leur sécurité vu que l’Etat n’est pas fichu de le faire et que les flics n’en ont pas les moyens. Dans ce sous-genre qu’est le film d’auto-défense, il faut un trauma déclencheur et ici c’est celui de Eddie Marino (Robert Forster), un ouvrier dont la femme et le fils sont attaqués par un gang de loubards sanguinaires dans une scène aussi intense que difficile.

Marino compte sur la justice pour que ces salauds aillent en prison mais il tombe sur un avocat véreux (Joe « Maniac » Spinnell, plus louche que jamais…il n’a ici qu’un petit rôle car ses problèmes d’alcool et de drogue le rendaient peu fiables) et un juge incompétent qui rend un verdict insignifiant…et c’est même lui qui se retrouve en prison pour 20 jours pour outrage à magistrat. Les situations clichés et assez caricaturales s’enchaînent, histoire de bien appuyer le propos…

 

 

William Lustig tempère de temps en temps la croisade des justiciers auto-proclamés en montrant les conséquences de leurs actes (victime accidentelle, Eddie ne retrouve pas le bonheur pour autant avec son épouse traumatisée…) mais dans ce type de récit, le discours reste ambigu et Vigilante est avant tout un pur produit d’exploitation. Sur le plan de l’action, Lustig filme toujours avec efficacité une Grosse Pomme véreuse, glauque et oppressante et les poursuites sont nerveuses, dont celle qui mène à une séquence finale percutante, empreinte à sa façon d’un certain nihilisme.

Après Vigilante, William Lustig a passé plusieurs années à travailler sur des projets qui n’ont pas pu aboutir. Ce n’est qu’en 1988 qu’il a pu repasser derrière la caméra pour le premier volet de la trilogie Maniac Cop.

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