Retour vers le passé : Les Diablesses (1973)

 

Thriller/horreur
Long métrage italien/français/ouest-allemand
Réalisé par Antonio Margheriti
Scénarisé par Antonio Margheriti et Giovanni Simonelli
Avec Jane Birkin, Hiram Keller, Venantino Venantini, Françoise Christophe, Doris Kunstmann, Luciano Pigozzi, Anton Diffring, Serge Gainsbourg…
Titre original : La morte negli occhi del gatto
Année de production : 1973

Après avoir participé à la mode de la sexy comédie en 1972 avec Les Milles et une nuits érotiques, Antonio Margheriti (alias Anthony M. Dawson) est revenu à l’un de ses genres de prédilection avec La Morte negli occhi del gatto, ce qui se traduit (j’ai vérifié sur le net vu mon niveau en italien) par La Mort dans les yeux du chat. En France, le film a été exploité sous un titre stupide qui n’a rien à voir avec le contenu, Les Diablesses, ce qui fait plus penser à un boulard soft de Jess Franco.

Les Diablesses est un giallo. On retrouve les caractéristiques du genre, comme la façon dont le tueur est habillé et filmé, les gants, l’arme blanche, les meurtres en point de vue subjectif (pas toujours très convaincants hélas vu les faiblesses des plans de…coupe) ainsi que le travail sur les couleurs. La dynamique du scénario est celle du whodunit. Mais là où Margheriti et son co-scénariste se sont emmêlés les pinceaux pour embrouiller les pistes, c’est en forçant le trait avec une histoire de malédiction qui a bien du mal à s’accommoder avec les autres éléments du récit.

 

 

C’est le décor principal de l’histoire, celui d’un château écossais au début du XXème siècle, qui a amené ces références au cinéma gothique dont Antonio Margheriti était l’un des représentants dans les années 60 avec des réussites comme Danse Macabre et La Sorcière Sanglante. Mais ici, la sauce a bien du mal à prendre, notamment à cause de la caractérisation de personnages assez clichés. Jane Birkin joue Corringa, une jeune femme virée de son école religieuse qui revient dans la demeure familiale au plus mauvais moment. En effet, sa mère est tuée la nuit suivante et toutes les personnes présentes figurent donc sur la liste des suspects.

Il y a comme un air de déjà-vu dans les ingrédients de cette affaire de famille qui vire au soap morbide : la châtelaine est ruinée, son fils est cinglé, son amant de docteur préfère se taper la prof de français nymphomane. Margheriti en rajoute dans l’absurdité avec les apparitions ridicules d’un gorille (!) qui ne sert strictement à rien dans le déroulement de l’action à part peut-être pour souligner encore plus l’excentricité du fiston. Si Les Diablesses est visuellement soigné (la direction artistique est de qualité), le suspense tire en longueur, les effets-chocs manquent d’impact (à part une ou deux exceptions, c’est assez léger dans le saignant), il y a quelques jolies incohérences et la résolution tombe à plat.

 
 
 
 
 

La distribution était pourtant intéressante même si tous les protagonistes ne sont pas très bien exploités. Aux côtés de Jane Birkin, on retrouve, entre autres, la française Françoise Christophe (Fantômas contre Scotland Yard); l’allemand Anton Diffring (Le Cirque des Horreurs), comme souvent en médecin énigmatique; les italiens Venantino Venantini et Luciano Pigozzi (le Peter Lorre transalpin) aux prolifiques carrières…et même Serge Gainsbourg, qui a du faire le voyage avec Jane et à qui Margheriti a confié le rôle d’un inspecteur d’une nonchalance absolue (Gainsbarre avait l’air un peu plus éveillé quand il faisait le méchant dans des péplums des sixties).

Les titres des gialli multipliaient les allusions aux animaux et les chats tenaient une bonne place dans cette liste. Comme le titre original l’indique, le témoin principal de ce jeu de massacre est un gros matou que le réalisateur tente même de rendre menaçant par moments…sans grand succès…

 

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