Retour vers le passé : Une question de vie ou de mort (1946)

 

Romance/fantastique
Long métrage britannique
Ecrit et réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger
Avec David Niven, Kim Hunter, Marius Goring, Raymond Massey, Roger Livesey…
Titre original : A Matter of Life and Death
Année de production : 1946

Mai 1945. Alors qu’il approchait les côtes britanniques, un avion anglais est touché par les forces ennemies. L’officier de la Royal Air Force Peter Carter évacue les survivants mais son propre parachute est détruit et il doit attendre la mort, aux côtés du corps de son équipier et ami Trubshawe. Peter confie alors ses dernières pensées à June, une opératrice radio américaine. L’intensité du moment exacerbe les sentiments et un amour naît de cet échange verbal. June pleure lorsque Peter préfère sauter de l’avion plutôt que de brûler vif. Ce devait être le dernier instant de la vie de Peter Carter sur Terre…et pourtant, le soldat reprend miraculeusement connaissance sur une plage le lendemain. Sur le chemin du village le plus proche, il rencontre June et le couple ne se quitte plus…

C’est alors que l’image perd ses couleurs et que l’histoire se déplace vers un autre monde, où Trubshawe s’étonne de l’absence de Carter. Cet « Au-delà », qui est rarement désigné sous le terme « paradis » à part par un pilote joué par un très jeune Richard Attenborough, propose une vision très bureaucratique de la vie après la mort et lorsque les instances se rendent compte qu’une âme manque à l’appel, l’alarme sonne. Carter aurait du mourir ce jour-là…mais le guide céleste chargé de son passage l’a perdu de vue dans l’épaisseur du brouillard londonien…

 

 

 

Une Question de vie ou de mort est un merveilleux mélange de genre. Le long métrage des Archers (la société de production du duo Michael Powell et Emeric Pressburger, qui ont signé ensemble 24 films dont Colonel Blimp et A Canterbury Tale) est une histoire d’amour. Un amour d’un romantisme absolu, sincère et beau, qui poussera le héros campé par David Niven à faire appel de sa situation pour rester à jamais auprès de sa June interprétée par l’américaine Kim Hunter, la future Zira de La Planète des Singes (qui avait débuté sa carrière à peine trois ans plus tôt dans La Septième Victime de Mark Robson). Le Technicolor joue un rôle important dans la vivacité des impressions, dans l’expression du contraste avec l’apparente froideur de l’Au-delà (superbe photographie de Jack Cardiff) soulignée par la savoureuse remarque de l’ange-émissaire venu chercher Peter…

Le sujet en fait évidemment un film fantastique. Le monochrome ne diminue pas la magnificence des décors imposants, dont celui de l’escalier vers le paradis (qui a inspiré le titre américain, Stairway to Heaven), une construction qui fut un tour de force pour l’époque et un trucage qui n’a rien perdu de sa force évocatrice. L’une des astuces du scénario est de questionner la véritable nature de ces scènes, principalement par le mal dont souffre Peter Carter, et ainsi de ne pas limiter leurs possibles interprétations sans perdre le charme infini qu’elles dégagent.

 
 
 
 
 

Il y aussi des éléments de comédie, notamment par la figure du truculent guide céleste, un révolutionnaire passé par la guillotine (l’anglais Marius Goring parle français de manière bluffante…j’ai même d’abord cru que l’acteur était bien de chez nous). Une question de vie ou de mort est aussi un film de procès, un tribunal composé de figures du passé venus juger la véracité de l’amour entre Peter et June et plus globalement les liens qu’entretiennent l’Angleterre avec le reste du monde. Ce n’est pas ma partie préférée (peut-être parce que je trouve les procès toujours un peu trop statiques) mais l’écriture ne manque pas de nuances et le propos est universel.

Portée par une galerie de personnages attachants et empreinte d’une poésie flamboyante (l’utilisation de la rose aurait pu être mièvre et c’est juste très joli et bien dans le ton de l’ensemble), Une question de vie ou de mort est une oeuvre admirable. Pas mal pour ce qui était à l’origine une commande pour améliorer les relations anglo-américaines après la fin du conflit mondial…

 

 

 

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