Retour vers le passé : Porco Rosso (1992)

 

Animation
Long métrage japonais
Ecrit et réalisé par Hayao Miyazaki, d’après son manga
Avec les voix V.O. de Schuichiro Moriyama, Tokiko Kato, Akemi Okamura…
Titre original : Kurenai no Buta
Année de production : 1992

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le père de Hayao Miyazaki dirigeait une entreprise aéronautique qui construisait notamment des gouvernes pour les avions de chasse de type zéro. L’enfant qu’il était a alors développé une passion pour les engins volants qui ne l’a jamais quitté (en marquant profondément sa filmographie). Hayao Miyazaki a toujours adoré dessiner des vieux avions et il a même publié plusieurs mangas sur le sujet dont Hikotei Jidai (The Age of the Flying Boat) en 1989, dans lequel apparaît pour la première fois le personnage de Porco Rosso.

Au début des années 90, Miyazaki travaille sur une commande pour Japan Airlines, un moyen métrage destiné à être projeté sur les vols de la compagnie. Il choisit alors Hikotai Jedai comme base de son projet qui va finalement évoluer au cours de la production en long métrage, son sixième (sorti entre Kiki la Petite Sorcière et Princesse Mononoke), inspiré notamment par la guerre qui se déroulait alors en Yougoslavie.

 

 

L’histoire de Porco Rosso s’inscrit dans des unités de lieux et de temps précises…entre les deux Guerres Mondiales, du côté italien de la mer Adriatique. Aux commandes de son hydravion rouge écarlate, Porco Rosso est un chasseur de primes et un pilote émérite, le meilleur dans sa partie. Il est célèbre, les femmes et les enfants l’adorent, les pirates et les autres aviateurs le détestent. Oh…et c’est un cochon. Au fil des minutes, on apprend qu’il a été humain, victime d’un sort qu’il s’est certainement infligé parce qu’il ne croit plus en l’humanité et qu’il préfère être un cochon décadent, symbole de sa marginalité, qu’un fasciste comme il l’avoue à un ancien compagnon d’arme.

Cet élément fantastique, bien conte de fées dans l’esprit, s’intègre très efficacement à un intéressant contexte historique. La façon de vivre de Porco, de ses camarades et aussi des excentriques clans de pirates, représente la liberté face à la répression d’un régime dictatorial. L’absurdité de la guerre est aussi traitée par le biais d’un flashback aussi mélancolique et triste que poétique, la vision de l’au-delà des pilotes disparus s’imposant en ce qui me concerne comme l’un des plus beaux visuels de l’oeuvre de Miyazaki.

 

 

La gravité de la toile de fond du récit n’empêche pas Porco Rosso d’être un divertissement de haute volée, au rythme enlevé, à la mise en scène dynamique (les scènes de vol sont un régal), souriant et peuplé de personnages attachants. Fio et Gina sont de belles héroïnes féminines, fortes, indépendantes. Et malgré leurs actions, les pittoresques pirates des airs sont plus amusants et sympathiques que menaçants, continuant ainsi la tradition du Château dans le Ciel, le premier long métrage du studio Ghibli.

Hayao Miyazaki rend également un joli hommage au cinéma hollywoodien, par le biais de l’arrogant américain Donald Curtis (dont les ambitions font penser à Ronald Reagan, l’obscur acteur de séries B devenu président) et de références dont le Casablanca de Michael Curtiz et L’Homme Tranquille de John Ford (pour la longue bagarre finale) sont les plus évidentes.

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