Retour vers le passé : Soupe au canard (1933)

 

Comédie/musical
Long métrage américain
Réalisé par Leo McCarey
Scénarisé par Bert Kalmar et Harry Ruby
Avec les Marx Brothers, Margaret Dumont, Louis Calhern…
Titre original : Duck Soup
Année de production : 1933

Fratrie originaire de New York, les Marx Brothers ont débuté leur carrière sur scène à la fin des années 1900 avant de devenir une troupe théâtrale à part entière en 1910. Aux origines, les frères travaillaient à quatre, sous leurs noms de scène : Groucho, Harpo, Chico et Gummo. Gummo s’est ensuite engagé dans l’armée et il a été remplacé en 1921 par le benjamin de la bande, Zeppo. Très populaires au music-hall, les Marx Brothers ont fini par attirer l’attention des producteurs de cinéma et après une première tentative désavouée par les frangins (Humor Risk en 1921, considéré comme perdu à l’instar de nombreux films muets), leurs deux premiers longs métrages, Noix de Coco et L’Explorateur en folie, tiennent plus du théâtre filmé puisqu’il s’agit en fait de l’équivalent de captations de deux de leurs spectacles.

Après la période difficile du krach de 1929, les Marx Brothers ont signé avec la ParamountMonkey Business, leur premier film original, est sorti en 1931, suivi de Plumes de Cheval en 1932, tous deux réalisés par Norman Z. McLeod. Une restructuration à la la tête du studio a mis à mal les relations des exécutifs avec les Marx Brothers et après Soupe au Canard (ils aimaient bien les titres animaliers dans cette première partie de leur carrière ciné), la bande filera vers la MGM en 1935. À partir de ce moment, ils ne seront plus que trois puisque Zeppo, assez d’être considéré comme le moins drôle des Marx Brothers, s’est éloigné des écrans pour devenir agent artistique avec son aîné Gummo.

 

 

Après Norman Z. McLeod, les Marx Brothers ont collaboré avec le prolifique Leo McCarey, réalisateur de nombreux courts-métrages avec Laurel et Hardy. Soupe au Canard décrit les relations conflictuelles entre deux pays européens imaginaires, Freedonia et Sylvania, qui ne font que se détériorer à cause de l’antagonisme entre le nouveau président de Freedonia, le fantasque Rufus T. Firefly, et l’ambassadeur de Sylvania. Avec sa grosse moustache et ses sourcils dessinés, Groucho joue Firefly, débitant ses répliques à la mitrailleuse et jouant sur les calembours avec entrain. Sa partenaire féminine est à nouveau campée par Margaret Dumont (ils ont partagé l’affiche à sept reprises), qu’il courtise avec un amusant manque de délicatesse.

Chico et Harpo sont les espions de Sylvania…et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’ont pas la discrétion requise par leur fonction. Quant à Zeppo, il a le rôle le plus sérieux, celui de l’aide de camp de Firefly. Si je trouve que le film aurait pu se passer de ses numéros musicaux (terriblement datés et pas vraiment agréables pour les oreilles), le burlesque de l’ensemble est souvent réjouissant. Les Marx Brothers reprenaient sur grand écran le style qui avaient fait leur succès sur les planches, un délire non-sensique qui s’exprime par la dynamique de groupe et l’exagération des situations.

 

 

Ainsi, Chico et Harpo sont à leur meilleur quand ils ridiculisent un vendeur ambulant et l’ambassadeur de Sylvania (pourtant leur patron). La scène du miroir est l’un des grands moments du métrage (l’idée n’était pas neuve mais la mise en scène est impeccable, du véritable cartoon en prise de vues réelles…et elle sera encore imitée maintes fois par la suite). Et lorsque la guerre entre Freedonia et Sylvania est finalement déclarée, Groucho livre un véritable festival, en changeant notamment d’habits d’un plan à l’autre dans le chaos général.

Cette farce ne fut pas aussi bien reçue à l’époque que les précédents films des frères mais elle fut tout de même le sixième plus gros succès de l’année 1933 aux Etats-Unis. Et il se dit que les Marx Brothers furent très contents d’apprendre que Mussolini l’avait interdit en Italie car il avait pris cette Soupe au Canard comme une insulte personnelle…

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