TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 15 : La femme-messie à 100 %

 

C’est déjà la quinzième émission de « Tumatxa! » pour cette saison, c’est fou comme le temps passe… surtout sur la base d’émission de trois heures, j’en conviens avec vous. Mais quand on aime, on ne compte pas !! Emission un brin spéciale cette semaine, car la rubrique littérature va nous amener à prolonger notre modeste hommage à David Lynch entamé la semaine dernière. Et en lieu et place du cinéma, c’est une série télé qui nous occupe ce soir…

Et bien sûr, comme c’est le cas chaque semaine ou presque, on va causer BD (et on y reviendra longuement dans pas très longtemps, à la BD).

Le tout en musique, comme il se doit !!

Pour la littérature, retournons à la faveur d’un passionnant essai signée Louise Van Brabant dans l’univers de « Twin Peaks », la création de David Lynch et Mark Frost. « Laura Palmer - La femme aux miroirs », comme son nom l’indique, est plus spécifiquement consacré à la figure de Laura Palmer, la grande absente (et pour cause) des deux premières saisons de la série tout en constituant le coeur battant. L’essai de Louise Van Brabant, brillant, s’appuie aussi bien sur les derniers développements des thèses néo-féministes rapportées à la question de la représentation cinématographique (comme le désormais fameux « male gaze ») mais aussi de plus classiques mais captivantes notions de mise en scène, où l’autrice excelle à mettre en exergue comment Lynch « révise » son système à l’occasion de « Fire Walk With Me » et « Twin Peaks - The Return », la génialissime saison 3 du magnum opus lynchien. L’essai évoque des thèmes aussi foisonnants que les archétypes cinématographiques, l’éco-féminisme, la question des figures féminines dans des genres spécifiques comme le cinéma d’horreur, les violences faites aux femmes évidemment, et constitue une lecture indispensable pour qui veut creuser la question : mais qui est Laura Palmer ?

Pour la BD, on se décolle allègrement de l’actualité mais c’est pour mieux revenir sur le corpus d’un auteur dont le nom a été assez rarement évoqué dans le cadre de l’émission, mais qui le vaut pourtant bien : j’ai nommé Paul Pope, dont nous évoquons le « 100 % » paru en 2003 chez DC/Vertigo (et en 2008 chez Dargaud pour la VF). Pope nous narre les destins entrecroisés de trois couples dans une New-York futuriste (nous sommes en 2038), furieusement cyberpunk dans l’esprit. Mais que l’on ne s’y trompe pas : c’est bien à une étonnante et radicale réinvention des « romance comics » des années 40 que se livre ici l’auteur, surdoué du dessin (ça on le savait) mais également scénariste plus qu’inspiré, le récit se révélant d’une grande richesse thématique. On reviendra dans un futur proche sur le cas de Paul Pope, c’est une certitude…

Pour les séries télé, penchons-nous sur une création espagnole, signée par le tandem créatif (et couple à la ville) composé de Javier Ambrossi et Javier Calvo (« los Javis », comme on les surnomme) : ça s’appelle « La Mesias » (« la messie » en bonne VF) et c’est stupéfiant d’ambition et d’originalité. Enric, caméraman et passionné de cinéma de son état, découvre stupéfait à la télévision un clip du groupe de pop catholique Stella Maris, découverte qui le renvoie brutalement à son passé traumatique au sein d’une famille qui a tout de la cellule sectaire, dirigée par sa mère Montserrat ; pour creuser la question du devenir du reste de sa famille (car lui s’est échappé), il va tenter de renouer avec sa soeur Irene. Drame familial épique (se déroulant sur des décennies) d’une ambition narrative immense (entrelacs d’époques narrées en parallèle au programme), récit tour-à-tour comique (car on se marre parfois) et absolument déchirant à d’autres (car on évoque ici la lourde thématique des abus familiaux), « La Mesias » est une série comme on en croise très rarement.

Le tout est servi frais avec de la bonne musique : les écossais de Mogwai nous reviennent avec leur 11ème album « The Bad Fire », et on écoute du coup « Fanzine Made Of Flesh » qui en est issu ; David Lynch unissait ses forces en 1998 avec Jocelyn Montgomery, dont la voix merveilleuse servait les compositions de « Lux Vivens », adaptation des chants liturgiques d’Hildegard Von Bingen, et dont est extrait le superbe « O Tu Illustrata » ; le duo texan Low Flying Hawks s’entoure bien avec Trevor Dunn à la basse et Dale Crover à la batterie pour leur « Makebelieve », et ça sonne sacrément bien, comme sur l’introductif « Out For Blood » ; enfin, la légende du krautrock allemand Faust est toujours en forme olympique, comme en atteste « Kratie », longue pièce conclusive de leur dernier album « Blickwinkel »…!!

« Going back is all I have
Trying to forget my time again
Is it too much to forget ?
Is there any way to come alive ? »

EPISODE 15 !!!

Commentaires (0)