TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 16 : L’Exterminateur américain et le Souricier gris - Spéciale BD !!

 

Emission un brin spéciale ce soir dans « Tumatxa! »… puisque c’est une émission 100 % BD !! Comme d’habitude pour ce type d’exercice, le but du jeu est de varier les plaisirs au maximum… Réédition de BD patrimoniale ou titre VO pas encore disponibles, on tape un peu dans tous les styles, c’est ça qu’est bon.

Le tout en musique, à dominante très féminine cette semaine !

Le premier titre évoqué ce soir est emblématique du renouveau infusé à la BD française et de SF au milieu des années 70 par l’émergence cruciale de la légendaire revue « Métal Hurlant » (toujours bien vivante dans une formule revue et corrigée). Scénariste et éditeur en chef de la chose, Jean-Pierre Dionnet alliait ses forces en 1976 avec le génial Enki Bilal pour donner naissance à « Exterminateur 17 ». Publié sous forme épisodique dans les pages de la revue, le récit fut multi-réédité par la suite, et encore tout récemment par Casterman, avec une mise en couleurs revue et corrigée par les bons soins de José Villarubia. Dans un futur lointain, l’humanité fait la guerre dans l’espace par procuration, via des androïdes conçus à cet effet. Le premier d’entre, l’Exterminateur 17, fusionne avec son créateur et cet hybride homme/machine va finir par devenir le messie de son espèce machinique… Inspirant aussi bien Michael Mann (qui faillit adapter la chose au début des années 80) que l’immense Katsuhiro Otomo (qui s’inspire de Bilal et lui rend hommage dans son « Akira »), « Exterminateur 17 » est une date dans l’histoire de la BD, d’une grande richesse thématique, et se révèle sans surprise une pure splendeur graphique.

Le deuxième titre est l’adaptation par Howard Chaykin (scénario) et Mike Mignola (dessins) d’un des travaux les plus fameux du grand Fritz Leiber, « Le Cycle des Epées », c’est-à-dire les aventures de Fafhrd et du Souricier gris dans la contrée imaginaire de Nehwon, et sa fameuse capitale, Lankhmar. Leiber a non seulement popularisé le terme de « sword and sorcery » mais il lui a aussi donné ses lettres de noblesse avec ce titre à la fois drôle et bourré à craquer d’idées qui sont devenues autant d’archétypes du genre. Howard Chaykin avait travaillé à une première adaptation du cycle au début des années 70 (au dessin cette fois) mais en avait nourri une certaine frustration, mais se « venge » en s’associant à un Mignola en plein essor, qui signe probablement là son meilleur boulot pré-« Hellboy ». J’ai dit une grosse bêtise durant ma chronique : si je me base pour celle-ci sur l’édition parue chez Zenda au début des années 90, traduite par les bons soins de Doug Headline, il existe une édition bien plus récente (de 2018) en VF. Au temps pour moir.

Le dernier titre est une pure tuerie absolument jouissive et il est franchement dommage qu’aucun éditeur VF ne se soit encore penché sur la chose : quelle joie que de revenir sur le travail de l’inénarrable Benjamin Marra (dont nous avions évoqué le chef-d’oeuvre « O.M.W.O.T. » l’an dernier) pour une compilation de ses premiers travaux, initialement auto-publiés sur son label Traditional Comics, et repris en 2016 par Fantagraphics sous le titre prometteur de « American Blood » !! Au menu, jouissif comme c’est pas permis : un groupe de rap, le Gangsta Rap Posse, qui vit sa meilleure vie de groupe de gangsta rap, l’esclave affranchi Lincoln Washington qui casse du membre du Ku Klux Klan à la chaîne, les aventures de Maureen Dowd, éditorialiste badass au New York Times, Ripper le chien rigolo et toxicomane et ses amis, Zorion le Swordlord, barbare de l’espace, j’en passe et des meilleures… Héritier de l’esprit des « outlaw comics » des années 80 mais transcendant leur promesse implicite d’ultra-violence et de mauvais esprit irrévérencieux, « American Blood » est aussi, et surtout, à se faire pipi de rire dessus. Chef-d’oeuvre ? Affirmatif.

Le tout est soigneusement mis en musique comme il faut : on retrouve le suédois Leif Edling et son projet le plus fameux, Candlemass, pour évoquer le superbe « Tales Of Creation », dont on écoute le conclusif « A Tale Of Creation » ; Chelsea Wolfe est remixé par différents artistes sur le « Undone EP », et ça donne entre autres excellentes choses une relecture de « Tunnel Lights » par ††† Crosses ; Grouper, le projet de Liz Harris, a produit bien des albums merveilleux dont le dernier en date, « Shade », dont est issu le beau et hanté « Basement Mix » ; enfin, les post-métalleux polonais d’Obscure Sphinx reviennent avec un EP, « Emovere », qui se conclut par le monumental « Nethergrove »…!!!

« In passion I saw the light
A soul filled with harmony
The creation of a new world
My anthem, my symphony »

EPISODE 16 !!!

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