Retour vers le passé : L'Etang Du Démon (1979)
Drame/fantastique/romance
Long métrage japonais
Réalisé par Masahiro Shinoda
Scénarisé par Haruhiko Mimura et Tsutomu Tamura, d’après une pièce de Kyoka Izumi
Avec Bando Tamasaburo V, Go Kato, Tsutomu Yamazaki…
Titre original : 夜叉ケ池 / Yashagaike
Année de production : 1979
Pendant l’été 1913, Mr Yamasawa, professeur et botaniste, parcourt la province d’Echizen pour en étudier la flore. Il est notamment à la recherche d’un endroit que les habitants du coin appellent l’Etang du Démon. Après une longue marche, Yamasawa arrive dans un village accablé par la sécheresse. L’eau est tellement rare que pour se débarrasser d’une poussière dans l’oeil, on lui propose d’utiliser le lait du sein d’une femme.
Moment incongru qui ne fait que nourrir les interrogations de Yamasawa sur cet endroit ancré dans d’antiques traditions. Il apprend que selon une vieille croyance, la cloche du village doit résonner trois fois par jour pour empêcher le réveil d’un dragon retenu au fond de l’eau. Si le rituel n’est pas respecté à la lettre, le fameux étang du démon débordera, déclenchant un déluge qui engloutira le village…
Continuant ses recherches, Yamasawa découvre que le gardien de la cloche n’est autre qu’un de ses vieux amis porté disparu depuis trois ans. Akira Hagiwara est ce qu’on pourrait appeler un collecteur de légendes, un lettré dont le but est de rassembler des chansons et des contes populaires. Akira ne pensait pas devenir lui-même le gardien d’une de ces fables mais sa parole donnée et sa rencontre avec la douce Yuri, devenue sa femme, l’ont décidé à habiter près du village, à l’orée d’une forêt mystérieuse…
Le récit entre dans une autre dimension dès la rencontre avec Yuri, une femme à la beauté étrange qui lui donne une aura presque surnaturelle. Impression exacerbée par le fait qu’elle est interprétée par un homme, Bando Tamasaburo V, dans la grande tradition du théâtre kabuki dont il est l’un des plus illustres représentants. Son jeu troublant est empreint d’une grande délicatesse, en opposition avec l’exubérance de l’autre personnage féminin qu’il incarne, la princesse Shirayuki…
Le basculement dans le monde des créatures folkloriques, les yokai, est également orchestré de manière théâtrale par le réalisateur Masahiro Shinoda (Les Aventures de Buraikan, Silence…). Les personnages grotesques aux maquillages outranciers se meuvent tels des acteurs sur une scène et le côté presque « carton-pâte » n’empêche pas ce passage de baigner dans une ambiance onirique et poétique, avec même quelques petites touches d’humour bienvenues (tout le monde parle dans cet « entre-deux » fantastique et invisible au regard des humains, même les objets).
Après cet interlude étonnant, l’histoire revient aux hommes et femmes de ce petit coin perdu et si le dernier acte s’étire un petit peu trop en longueur, la tension est présente jusqu’à un final spectaculaire, aux effets spéciaux de qualité. Face au désespoir de l’homme pouvant mener à la folie, la nature montre sa puissance, éprouvant la rationalité d’un Yamasawa dont la silhouette solitaire ouvre et referme cet étonnant Etang du Démon.
Commentaires (0)