TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 19 : L’ombre de l’évangile cérébral - Spéciale Japon !!
C’est le grand retour de « Tumatxa! » !! Bon, ça ne faisait que 15 jours que l’on s’était quittés mais avouez que vous ressentiez comme un petit manque… et moi aussi bien sûr. Pour la peine, ce soir, émission un brin spéciale puisque tout entière consacrée à des oeuvres en provenance de l’archipel nippon.
Cinéma (japonais, donc), essai (sur un chef-d’oeuvre terminal de l’animation japonaise), manga, le tout en musique (exclusivement nippone) : tel est le programme de la soirée. On dit « domo arigato » quand on est poli !!! Je sais que vous l’êtes.
Pour le cinéma, joie non dissimulée que d’évoquer l’un des grands chouchous de cette émission (dont on a abordé tous les films ou presque au fil des ans), j’ai nommé l’immense Shinya Tsukamoto (« Tetsuo », « Tokyo Fist », « Fires On The Plain »). Nous avions lamentablement raté son dernier opus lors de sa sortie salles l’an dernier (certes fort limitée) ; hors de question de se louper à nouveau avec la sortie Blu-Ray (chez Carlotta) de « L’Ombre du Feu », car tel est le nom de la chose. Après « Fires On The Plain » (2014) et « Killing » (2018), le film constitue le troisième volet d’une trilogie de la guerre informelle mais puissamment cohérente sur le plan thématique. Dans l’immédiat après-guerre, en plein débâcle japonaise, au milieu des ruines, une femme, un jeune enfant et un soldat se tournent autour et tentent de survivre, en reconstituant un semblant de cocon familial ; ça aurait pu bien se passer mais il n’en sera rien, traumas de la guerre obligent… Tsukamoto n’est certes plus le cinéaste cyberpunk enragé qu’il était aux premières heures de son incroyable filmographie, mais « L’Ombre du Feu » n’en est pas moins soufflant d’intensité, et aussi de maîtrise formelle (notamment sur sa superbe première moitié). Et quelle direction d’acteurs !!!
Pour la littérature, évoquons ensemble le précieux essai de Virgine Nebbia consacré au chef-d’oeuvre d’Hideaki Anno, la série animée « Neon Genesis Evangelion » et ses déclinaisons cinématographiques. « La saga Evangelion - L’oeuvre d’une vie », paru chez Third Editions, se veut un tour d’horizon assez exhaustif sur le plan thématique et référentiel (et dieu sait qu’il y a de quoi faire en la matière) de l’oeuvre d’Anno, sorte de troisième impact (pour rester dans la terminologie propre à « Evangelion ») dans le monde de l’animation japonaise. L’essai se double d’une passionnante et fort instructive biographie d’Anno… Comme le titre le laisse entendre, il y a bien des choses à dire et des parallèles à établir entre la vie d’Anno et son travail. « Evangelion » est une oeuvre d’une richesse et d’une puissance inégalées, mais pas forcément « facile d’accès » ; en cela l’essai de Virginie Nebbia constitue un formidable appui pour pénétrer l’univers de Shinji et ses ami(e)s… à réserver quand même à ceux qui connaissent déjà bien « Evangelion » et son « lore », vous l’aurez compris.
Pour la BD, on se penche à nouveau sur le corpus d’un mangaka déjà régulièrement évoqué au sommaire de cette émission, à savoir le trublion du manga horrifique Shintaro Kago, qui nous revient en VF en ce début d’année avec l’excellent « Dommage Cérébral », quatre récits d’horreur tour à tour loufoques et dérangeants, ludique et incroyablement gore comme Kago sait faire. Attention, comme on l’a déjà dit à son sujet, Kago n’est pas qu’un provocateur bête et méchant qui s’amuse à outrepasser les limites de la bienséance et à choquer le bourgeois pour le simple plaisir de la chose. Il est aussi ça, bien sûr, mais c’est également un formaliste qui joue des spécificités de son médium et développe une méthode de travail toute singulière. En bref, un auteur au sens plein et entier du terme.
Le tout est couplé à de la bonne musique (japonaise) comme il se doit : Boris, le combo tokyoïte sludge/heavy/shoegaze/ambient/post-rock n’a pas assez eu les honneurs de cette émission, et on corrige un peu le tir avec l’ultra-lourd « Genesis », qui ouvre l’album « No » ; « Crépuscules », le double album de Tujiko Noriko, est tellement beau qu’on le réexplore aujourd’hui, via le sublime « Bronze Shore » ; il y a deux groupes au moins qui s’appellent Ghost, mais évidemment ce soir ce ne sont pas les suédois mais les japonais qui nous intéressent, à travers leur premier album dont est issu « Ballad Of Summer Rounder » ; enfin, rendons hommage au formidable corpus des Boredoms menés par Yamatsuka Eye, avec un extrait de leur EP « Super Roots 7 »…!!!
« Fly me to the moon
Let me play among the stars
And let me see what spring is like
On a-Jupiter and Mars »
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