TUMATXA : L'EMISSION ! - EPISODE 28 : Moi, en répétition au Ministère du Panorama

 

Retour de « Tumatxa! » pour la toute dernière ligne droite de l’émission… après l’épisode de la semaine, il nous restera deux émissions. Snif !!! Mais on se rassure et on boit de l’eau : on se retrouvera, c’est une promesse, à la rentrée prochaine. Avec, déjà, des choses qui se mettent en place pour lors. Mais chut ! Voilà que j’en dis trop.

Série télé (une fois n’est pas coutume), littérature (avec l’exhumation d’une oeuvre oubliée depuis des décennies), BD (double dose ce soir); le toute en musique : tel est l’enthousiasmant programme de la semaine !

Pour les séries télé, on se penche sur l’énorme buzz critique du moment… et pour une fois, j’ai envie de dire, « let’s believe the hype ». En effet, voici venir l’incroyable « The Rehearsal », la série/pastiche de reality show du génial Nathan Fielder (je pense avoir dit « Fiedler » pendant toute ma chronique : c’est un gag en soi). Dans ce monument à mi-chemin entre série comique (de très très haut vol) et happening artistique sans équivalent aucun, Fielder se propose, pour le compte de HBO, d’aider des quidams à « répéter » des moments cruciaux de leurs vies, avec une débauche de moyens apparemment illimités et beaucoup, beaucoup de temps à disposition. Au menu : mises en abyme vertigineuses et moments de bravoure (vous n’entendrez plus jamais le hit d’Evanescence « Bring Me To Life » de la même façon). On insiste beaucoup manifestement à la faveur de commentaires sur le show sur la dimension « cringe » du travail de Fielder. Mouais… cette dimension ne m’apparaît pas comme essentielle. Bien plus crucial est le questionnement de Fielder sur la représentation du réel, qui confine à une profondeur que ne renieraient pas les lecteurs de Baudrillard ou les amateurs du travail d’un Charlie Kaufman. Oui, carrément !!! Chef-d’oeuvre, c’est un fait.

Pour la littérature, les éditions Denoël ont la lumineuse idée d’exhumer un texte allemande de 1926 signée Peter Flamm (c’est un pseudo, vous vous doutez bien), alias Erich Mosse, médecin juif allemand qui deviendra une figure de la scène intellectuelle new-yorkaise des années plus tard. Quatre romans à l’actif de ce psychiatre (thérapeute entre autres de William Faulkner), dont ce premier livre « Moi ? », considéré comme perdu ou oublié pendant des décennies entières. Wilhelm est un soldat hagard sur le front de la première Guerre Mondiale à Verdun ; sur un coup de tête, il usurpe l’identité de Hans, chirurgien en vue de la haute société berlinoise. Le subterfuge fonctionne étonnamment bien, mais Wilhelm/Hans ne va pas très bien pour autant, comme en atteste le soliloque hallucinatoire qui constitue la pulpe des quelques 130 pages du roman. Plus qu’une curiosité : un roman furieusement moderne, d’une puissance assez ahurissante tant sur le plan du style que de l’exploration thématique.

Pour la BD, double rasade comme on l’a dit, et on en profite pour revenir sur des titres ou des auteurs déjà abordés ces dernières semaines ou mois. Dans un premier temps : on avait déjà il y a peu abordé avec gourmandise le terrible « Copra » de Michel Fiffe chez Délirium, aujourd’hui on se penche sur « Panorama », oeuvre antérieure du même Fiffe, récit qui braconne sur les terres de la body-horror chère à un David Cronenberg… mais avec une tonalité bien à lui, et pour tout dire fort surprenante. Ensuite, nous reviendrons pour la énième fois, mais quand on aime on ne compte pas, sur l’extraordinaire « The Department Of Truth », signé James Tynion IV et Martin Simmonds. Je l’ai déjà dit et le répète : voici le meilleur comic book des dix dernières années, sorte de « X-Files » halluciné au concept tellement génial que la série pourrait durer 70 ans sans problème avant que leurs auteurs n’en aient épuisé le potentiel. Et si les « fake news » proverbiales acquéraient une réalité tangible passé un certain seuil de « croyants » ? Effrayant et jubilatoire. Un titre démentiel, dont vient de sortir en VF le tome 5, après une attente intolérable.

Le tout swingue à mort par le biais de l’excellente zique qui l’accompagne : on fête les 30 ans du « Draconian Times » de Paradise Lost, et on s’envoie pour la peine le sublime « Enchantment » qui ouvre l’album ; Aes Dana est le projet électro/trance/ambient de Vincent Villuis, et on exhume avec lui son quatrième album, « Leylines », dont on écoute le morceau-titre ; les black métalleux finlandais de …and Oceans sont de retour avec « The Regeneration Itinerary », dont on écoute le meilleur morceau, « Prophetical Mercury Implement » ; enfin, retour dans les folles années 70 pour écouter un extrait du deuxième album des progueux allemands de Streetmark, « Eileen », dont on écoute la pièce de résistance, l’épique « Dreams »…!!!

« Hold on face to face
Damaged by the sad disgrace
But I
All I need is a simple reminder »

EPISODE 28 !!

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