9

Critique de Blue period #1

par MassLunar le jeu. 18 févr. 2021 Staff

Rédiger une critique
Ce rêve bleu...

Blue Period est un manga multi-récompensé sur l'art et pour l'art qui nous fait l'honneur d'être pour la première fois publié en France par les éditions Pika. Un grand chelem que cette série de Tsubasa Yamaguchi qui signe ici sa première oeuvre personnelle.

Blue Period s'est donc fait remarquer en récoltant deux prix prestigieux au Japon : le prix Taisho et le prix Kodansha ce que Pika ne manque pas de souligner. C'est donc un titre doté d'un certain pédigrée ( déjà 9 tomes au Japon )qui vient nous rendre visite.

Sans surprise, j'ai beaucoup aimé ce premier tome de Blue Period qui possède un premier mérite : le traitement de son sujet avec adresse, efficacité et générosité.

Blue Period est un manga sur l'art , qui nous parle des formes artistiques diverses et variées qui existent . Ce premier tome nous fait partager un véritable amour pour le dessin et la peinture tout en enrichissant notre vocabulaire de notions techniques propre au domaine artistique. Il s'agit ici de  la découverte d'un monde dont la plupart des néophytes que nous sommes n'ont d'abord effleuré que la surface.

Et quoi de mieux que de découvrir ce vaste monde qu'est l'ART à travers le point de vue d'un lycéen qui décide d'aller l'explorer  pour la première fois ? C'est, en effet, et pour notre plus grand plaisir, un voyage vers l'inconnu pour Yatora, un lycéen à qui tout réussit en apparence, qui accumule soirées entres potes et études studieuses, un lycéen qui incarne presque l'image du mec cool tout en se fondant dans le décor... La vie de Yatora aurait presque pu être prédéfinie si ce n'est sa rencontre des plus bouleversantes avec un tableau. A partir de là, celui qui ressentait un léger vide dans son coeur se retrouve piégé dans la Toile. Il décide alors d'intégrer le club d'arts de son lycée qui n'est qu'une petite première étape vers la voie de l'artiste confirmé.

Yatora est un héros comme je les aime dans le sens où ce dernier, contrairement à ce qu'on aurait pu s'imaginer, n'a rien d'un génie. C'est quelqu'un qui remarque le monde de l'art, qui est touché par un tableau à tel point qu'il en perd le contrôle et peut même en verser une larme. Mais Yatora n'est pas l'un de ces talents cachés qui va tout exploser sur son passage. La mangaka Tsubasa Yamaguchi s'attache à rendre son parcours très progressif sans à-coups mais en y conservant toute son intensité et sa volonté.

Comme le dit si bien la bienveillante professeur du club d'arts : "Quand les plus persévérants font ce qu'ils aiment, ils sont invincibles !" Une phrase qui peut être commune à bon nombres de mangas mais que je trouve particulièrement percutante dans ce premier volume qui s'attache à nous présenter avec lucidité et didactisme cet univers fait de passion et de rigueur qu'est l'art. Surtout lorsque cette phrase est adressée à un héros charismatique mais aussi lambda qui n'a rien d'un élève prodige. 

Si on s'attache dès ce premier volume au parcours de Yatora, ce n'est pas simplement par empathie pour ce héros mais aussi pour la généreuse description que Tsubasa YAMAGUCHI nous offre du domaine artistique sous toutes ses formes. La mangaka est elle-même une ancienne élève de l'Université des Arts de Tokyo et de ce fait, elle nous présente un contenu riche en détails et en informations sur l'Art et ces diverses formes et plus spécialement la peinture et le dessin. Blue Period est un manga très didactique qui nous apprend des notions autour de la profondeur, des couleurs complémentaires ou encore de la notion de perspective et des huit techniques qui y sont rattachées. Mais cet aspect didactique ne se limite pas au répertoire technique, l'autrice met aussi en valeur un rapport plus émotionnel au niveau de l'art, notamment les préjugés qu'il peut y avoir autour comme, par exemple, le fait d'en vivre dans une société qui méprise et respecte à la fois l'art . C'est un sujet très parlant que la légitimité sociale de l'art et qui ne se limite d'ailleurs pas qu'aux portes du Japon. 

Didactique et riche dans son approche, ce premier volume de Blue Period annonce sans conteste l'un des meilleurs manga parus sur l'Art ces dernières années, peut-être même l'un des meilleurs titres sur l'Art tout court. Son succès au Japon semble le démontrer.

C'est un titre qui allie parfaitement une approche généreuse et progressif autour de cet univers tout en gardant à l'esprit une intrigue solide menée par un héros sympathique et accompagné par une ribambelle de personnages secondaires plutôt intéressants comme Yuka une jolie lycéenne transgenre qui n'hésite pas à remballer Yatora quand il le faut, la timide Mori, adepte de la peinture à l'huile ou encore le curieux génie du stage d'hiver. Tout comme Yatora,  les autres personnages ne tombent jamais dans la caricature. Ils sont finement écrits tout en étant remarquables et ce dès le premier opus. Même la bienveillante professeure du club qui est surtout là en tant que pure adjuvant s'avère touchante par son léger humour. 

Nous n'allons pas parler de Blue Period sans parler du  dessin de Tsubasa YAMAGUCHI. J'ai lu ce premier tome en service presse et je n'ai pas savourer l'édition commercialisée  avec les premières pages en couleur. Cependant, on peut reconnaitre à la mangaka un talent pluriel avec l'emploie de la peinture en premières pages qui nous immerge directement dans l'Art.

Son dessin purement manga est très réussi avec un chara-design assez soignée tout en étant recherché. Mais c'est surtout au niveau des incrustations et du montage que Blue Period s'avère réussi. Mme Yamaguchi fait appel à de jeunes artistes issues de diverses académies et écoles d'art pour illustrer ce manga à travers de véritables toiles incrustées dans l'intrigue. C'est tout simplement génial et cela permet de faire ressortir encore plus généreusement les performances artistiques des personnages. Cela confère à ce titre un agréable parfum d'authenticité et honnêtement si chaque volume est construit de cette manière, alors Blue Period sera un véritable petit régal pour les yeux. 

En bref

Même si nous ne sommes pas sensible à l'Art , ce serait dommage de passer à côté de ce premier tome de Blue Period. C'est un titre d'une belle générosité qui nous parle d'art avec naturel, didactisme et lucidité. L'intrigue est très prometteuse et nous immerge totalement dans ce futur parcours du combattant mené par un héros lambda touché par la grâce de la toile.

9
Positif

Un début de série aussi généreux que passionnant sur l'art et ses diverses formes.

Une réflexion lucide mené par un héros plutôt naturel et sympathique

L'incrustation de véritables tableaux , dessins et travaux de la part d'étudiants en arts.

Negatif

MassLunar Suivre MassLunar Toutes ses critiques (525)
Autres critiques de Blue period
Boutique en ligne
7,70€
Boutique en ligne
7,70€
Boutique en ligne
7,70€
Boutique en ligne
7,70€
Laissez un commentaire
Commentaires (0)