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Critique de Cages

par bulgroz le ven. 11 oct. 2019 Staff

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Cages : réédition 25e anniversaire

Dave McKean est un artiste étonnant.
Étonnant, n’est pas forcément le terme le plus satisfaisant. Multiple, complet ou insaisissable sont des qualificatifs tout à fait envisageables même s’ils ne sont pas, non plus, satisfaisants.
C’est que Dave McKean ne rentre dans aucune case et son œuvre monumentale Cages, les fait d’ailleurs voler en éclat, ces cases.

Je l’ai longtemps rangé aux côtés de personnes comme Tim Bradstreet ou Glenn Fabry. Ce n’est pas que ces trois artistes aient énormément de points communs mais ce sont des dessinateurs dont les couvertures m’ont particulièrement marqué (dans leurs styles respectifs) et dont les travaux plus personnels m’ont échappé longtemps ou me sont encore pour partie inconnus.

Dave McKean était le génial dessinateur-peintre des couvertures de Sandman et d’Hellblazer. Puis, j’ai lu Arkham Asylum, et plus récemment Violent Cases. Deux œuvres laissant apercevoir l’étendue de son talent.

McKean ne se contente pas de dessiner, il n’est pas non plus uniquement peintre. Il incarne d’une manière particulièrement évidente ce qu’est un plasticien et l’expression « composition » prend tout son sens dans l’œuvre monumentale de Dave McKean, en permettant de raccrocher les arts plastiques, la littérature et la musique.

Dave McKean est un artiste étonnant et Cages permet de s’en rendre compte d’une manière éclatante.
L’œuvre s’ouvre sur les couvertures originales (de 1990 à 1996) illustrées par des œuvres de l’artiste oscillant entre peintures, photos, collages et sculptures…
A la suite des couvertures, le prologue nous plonge dans une réinvention de la cosmogonie chrétienne : en racontant de manière alternative la Génèse, l’auteur entend en faire une métaphore de la création artistique tout en questionnant la place de l’Homme dans le monde.
On sent d’emblée que la mise en garde de Terry Gilliam dans la préface n’est pas vaine : « je recommande des haltes, des pauses, au cours de ce parcours ». Si le réalisateur de Brazil nous conseille de « prendre notre temps », on ferait bien de l’écouter ! C'est une bande-dessinée que l'on peut doit lire lentement !

Cages est sans aucun doute une œuvre exigeante.
Exigeante, mais accessible à qui envisage de se plonger dans quelque chose de radicalement nouveau et différent, même pour une bd sortie il y a bientôt trois décennies !

Grâce à une galerie de personnages et de situations plus ou moins loufoques, l’auteur nous invite à nous questionner sur la place de l’artiste. Que ce dernier soit musicien, écrivain ou peintre, il doute et angoisse dans un monde oscillant entre réalisme et surréalisme.
Le dessin a de quoi surprendre : le style varie énormément mais n’a pas grand-chose à voir avec l'esthétique hallucinée à laquelle il nous a habitués. Pour autant, tout va droit au but : le trait est efficace et tranchant et l’utilisation limitée de trois couleurs permet des contrastes générant alternativement clarté, obscurité ou malaise indicible.

Il faut accepter de se plonger dans Cages sans savoir réellement dans quoi l’on s’embarque. D’ailleurs, même arrivé au bout des cinq-cents pages que composent ce pavé, il est difficile de résumer ce qu’on a lu. La seule certitude étant que Cages est une œuvre essentielle pour la bande-dessinée ainsi que pour celles et ceux qui souhaitent en éclater les codes.

En bref

Impossible de dire "en bref" ce que représente Cages. C'est une oeuvre essentielle pour la bande dessinée, sans aucun doute le chef d'oeuvre de son auteur. Je serai bien en peine d'en extraire les "points positifs" ou les "points négatifs". De la même manière, comment noter Cages autrement qu'en lui donnant la note maximale ?

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