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Critique de Harley Quinn - Breaking Glass

par Blackiruah le mar. 26 mai 2020 Staff

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L’essentiel est dans l’essence

Lorsque des auteurs lancent un projet qui reprend des personnages dans un nouvel univers, ils sont libres de faire ce qu’ils veulent sans les contraintes qu’imposent un univers avec une longue continuité. Ainsi, ces “elsewords” sont souvent très intéressants et parviennent à nous surprendre à travers leurs variations étonnantes. Mais, à mes yeux, il faut tout de même respecter certaines bases pour réussir ce genre de récit à savoir garder l’essence même d’un personnage qu’on essaie de réinterpréter ou du moins une partie importante comme red son qui reprend avant tout le côté surhomme de Superman par exemple.

Enfin bref, tout ça pour dire que DC Comics a décidé de créer une nouvelle gamme de récit, DC Ink, plus terre à terre en revisitant leurs personnages dans des contextes plus réels destinés aux jeunes adultes. Ainsi sont nés plusieurs récits comme “Under the moon - a catwoman tale”, “Teen Titans, Raven” ou bien “Harley Quinn - Breaking Glass” dont il est question aujourd’hui.

Harley est une jeune fille de 15 ans qui rejoint Gotham sans un sous en poche. Grâce à un peu de chance, elle va être recueillie par Mama, la reine des drag-queens de Gotham qui dirige une salle de cabaret, à condition que Harley suive assidûment les cours au lycée. C’est ainsi que notre héroïne va être confrontée à la dure réalité de la vie en société avec son positif à travers l’amitié mais aussi les injustices.

En créant la nouvelle gamme Urban Link, Dargaud/Urban Comics semble avoir trouvé le nouveau filon pour accrocher de nouveaux lecteurs et clairement, “Breaking Glass” est dans le haut du panier.

Mariko Tamaki a tout compris. Que ferait Harley Quinn si, à 15 ans, elle était confrontée aux injustices sociales que peut provoquer la gentrification si elle provoque la destruction de ses proches ? C’est toute la question qui est abordée à travers cet album. Et à ce petit jeu, l’auteur s’en sort très bien. Tout d’abord, le gros point fort réside dans la caractérisation de ses personnages. J’ai été agréablement surpris de retrouver la Harley que j’aime : agitée, effrontée, libérée et rebelle. D’ailleurs, elle a gardé aussi ce côté grand cœur auprès de ses proches qui va justifier son attitude quelque peu destructrice dans sa rébellion.

Et ce combat se révèle d’autant plus crédible à travers cet univers ultra réaliste que propose Mariko Tamaki. Ici, point de super pouvoir, Ivy est une jeune femme afro-américaine pro féministe / écologiste (ce qui fonctionne à merveille d’ailleurs), le concept du joker est assez malin et évidemment l’univers drag-queen ajoute un petit plus à l’oeuvre qui, d’une part va justifier le costume d’Harley, mais va aussi amener son petit lot de message sur la diversité et la perception de la communauté dans la ville.

Force est de constater que ce récit est très agréable à lire, je me suis attaché dès les premières pages à Harley, à tout ce petit monde autour d’elle et le déroulé de l’histoire qui érige l’héroïne comme un symbole révolutionnaire à petite échelle coule de source, le tout sur fond de transformation démographique via la gentrification amenant une mise en lumière des conséquences néfastes qu’elle peut avoir sur la société.

Et n’oublions pas la performance époustouflante de Steve Pugh qui donne vie à tout cet univers avec un style photo réaliste très réussi. Étonnamment, ses planches prennent vie et sont loin d’être statiques, bien aidées par des jeux de tons qui apportent beaucoup à l’ambiance du titre. L’artiste livre une performance totalement aboutie d’autant plus qu’il a réalisé l’encrage et la colorisation : chapeau !

Un dernier mot sur l’édition de cette nouvelle gamme qui a donc choisi un petit format souple avec un prix attractif (14.5€). Le choix aurait pu être surprenant dans une ère où le lecteur français préfère le hardcover., mais, pour ma part, je trouve le format très agréable en main et l’épaisseur de page laisse à penser que l’objet est de qualité, donc pourquoi pas si ça permet de ralentir l'augmentation du prix des comics sans cesse en hausse de nos jours...

En bref

Lancer Urban Link en proposant “Harley Quinn - Breaking glass” s’avère être une excellente idée. Les auteurs nous proposent de découvrir l’héroïne dans un contexte très réaliste dans son adolescence, avec un casting attachant, une montée en tension progressive finissant de belle manière, le tout sur fond de scandale démographique qui ne peut que faire réfléchir le lecteur. Mettez, avec tout ça, des dessins sublimes : ça donne un comic-book très réussi si vous aimez l’arlequin de ces dernières années !

9
Positif

Une proposition réaliste et réussie d’Harley Quinn et Ivy

Les sublimes dessins de Steve Pugh

L’ensemble des problèmes sociaux évoqués à travers l’oeuvre qui enrichit le titre

Un format souple agréable à prendre en main

Negatif

Le ton bleu est parfois trop présent et paraît trop froid par moment.

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