Le meilleur ami des insomniaques !

"Souffrant d'insomnie, j'échangerais un matelas de plumes contre un sommeil de plomb"

Pierre Dac

Glenn Ganges est un type tout à fait banal, quarantenaire, en couple, passionné par la lecture de bouquins théoriques sur des sujets compliqués… Kevin Huizenga, le met en scène depuis bientôt vingt ans dans des histoires courtes, ce qui lui a valu pas mal de prix et le fait d’être nommé minimalist cartoonist de l’année par The comics journal en 2001.
Minimaliste est un qualificatif qui colle parfaitement à son style : épuré, efficace et d’une grande lisibilité. Mais attention, qu’on ne s’y trompe pas ! En termes d’inventivité, de sens du graphisme, et de connaissance de son art, Kevin Huizenga place la barre très (très) haut !

Dans Le flot des souvenirs, Glenn Ganges commet l’erreur de boire trop de café avant de dormir ce qui, évidemment, provoque chez lui une insomnie carabinée qui va l’amener à ressasser, réfléchir, penser à tout et rien à la fois bref, le pousser dans ce fameux flot des souvenirs… Et tout insomniaque digne de ce nom sait exactement de quoi il est question.

Malgré quelques longueurs (surtout dans la première moitié) Le flot des souvenirs est un récit assez extraordinaire. Pour commencer, c’est une très belle BD à la composition originale et toujours inventive. On sent que l’auteur a bien digéré les décennies de comics qui l’ont précédé et les influences de ses contemporains sont claires et nettes (Chris Ware, Seth…).
De plus, Delcourt a une fois de plus fait un super travail sur cette édition, chapeau.

Ensuite, le fond est étonnant : je craignais une énième BD sur les états d’âme contemplatifs d’un auteur dépressif et égocentrique et, s’il y a un peu de ça, ce serait vraiment réducteur de se limiter à cette lecture !

Une agréable découverte, en somme. Le cadeau parfait à offrir à une personne insomniaque : dans le meilleur des cas elle s’y reconnaîtra et y trouvera du réconfort, dans le pire, le rythme un peu déconcertant pourra l’aider à s’endormir !