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Critique de Lonely World #3

par Tampopo24 le dim. 22 mai 2022 Staff

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La liberté selon les golems

Cette déclinaison de la loi des robots modifiée en loi des golems passant ainsi d'Asimov à une culture japonaise tentée d'occident est vraiment riche et singulière. Avec un tome revenant longuement avec finesse sur les relations humains-robots/golems, Iwatobineko me séduit à nouveau mais garde également une distance rendant son récit un peu froid.

En errant dans la ville avec Bulb, Shii poursuit ses rencontres singulières de Golem et autres espèces modifiées voire inventées par les humains autrefois. Cette ville désormais vide est le théâtre d'un certain désespoir mélancolique et poétique que le lecteur suit avec un mélange de froideur et d'inquiétude. L'autrice en profite pour y dénoncer la dénaturation des rapports humains, que ce soit dans l'industrie du sexe, dans le développement des réseaux sociaux et de la réalité virtuelle nous coupant des autres ou encore dans l'industrie agroalimentaire. C'est fou comme l'autrice arrive à intégrer de tels thèmes dans les déambulations de son héroïne. On se croirait dans un petit Black Miror à la sauce japonaise.

Cependant le revers de telles dénonciations, c'est ce sentiment de froideur qui parcourt la série. Le fait de n'avoir qu'un personnage humain, qui plus est qualifié de coquille vide, et ensuite que des golems rend l'empathie difficile à ressentir pour ma part. Ainsi, même quand Shii rencontre "sa mère" et fait la connaissance de "son père", découvrant un pan de son existence, je n'ai rien ressenti. De la même façon, elle a beau évoquer, à grand renfort de larmes, sa douloureuse perte de Bulb, je ne parviens pas à m'émouvoir. Quelque chose cloche à ce niveau. L'autrice a trop bien réussi à rendre le désert de cet univers, qui devient un désert émotionnel pour moi.

En revanche, l'univers lui est fascinant. J'ai beaucoup aimé aller de rencontre en rencontre, que ce soit la tragique histoire de cette travailleuse du sexe, puis celle des animaux d'élevage et de leur devenir, celle des "parents" de Shii, ou encore de la vie au Palais qui n'a rien à voir avec ce qu'on croyait. L'autrice varie les histoires avec talents et propose plein de réflexions sur nos rapports aux autres mais aussi à la vie. J'ai été agréablement surprise du contre-pied des Cônes du Palais, qui se révèlent tout autre par rapport à ce que je pensais. Cela ouvre des perspectives intéressantes, notamment autour de la relation roi/reine - golems, avec des réflexions pertinentes sur la sphère d'influence de l'un sur l'autre et des questions sur la liberté individuel. J'ai hâte de voir ça mis en oeuvre.

En bref

Lonely World est donc une lecture singulière dans le sens où elle propose une réflexion d'inspiration SF très pertinente sur les robots, la vie, la liberté, mais malheureusement dans un univers beaucoup trop froid, aseptisé et déshumanisé, qui fait que je peine à ressentir des émotions là où l'autrice voudrait que j'en ressente. C'est perturbant.

7
Positif

Un univers de SF d'inspiration asimovienne riche

Un petit air de Black Miror

Des réflexions pertinentes sur les relations humains-robots

Des pistes de réflexions sur la liberté, la vie, les relations

Une héroïne qui avance dans son périple

Un univers qui se dévoile et fait de belles promesses

Negatif

Une ambiance bien trop froide et déshumanisée

Un manque d'empathie général

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