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Critique de Batman - Beyond the white knight

par Ben-Wawe le jeu. 18 mai 2023 Staff

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Une suite toujours intense, très agréable dans la gestion de l'univers et le rythme prenant, malgré quelques gênes et facilités de scénario

L'univers White Knight revient, et ose aborder l'un des pans les plus excitants mais aussi l'un des plus sombres de la franchise Batman : le futur !
Le scénariste-dessinateur Sean Murphy propose le troisième chapitre de son immense saga, désormais connue comme le Murphyverse. Quel chemin parcouru depuis le premier segment, Batman : White Knight, lancé aux origines en 2017-2018 comme un projet annexe, hors-continuité.
L'immense succès de cette mini-série mène ainsi à plusieurs suites et spin-offs, comme Curse of the White Knight en 2019-2020, le one-shot Batman : White Knight presents Von Freeze en 2019, la mini-série Batman : White Knight Presents Harley Quinn en 2020-2021 et désormais Batman : Beyond the White Knight !

Maintenant intégré au DC Black Label, le Murphyverse autour de l'univers White Knight se structure, avance, bénéficie d'apports d'autres auteurs même si Sean Murphy coordonne l'ensemble.
Avant les futures suites et les développements attendus, ce troisième chapitre officiel vise à cimenter l'ensemble, préparer l'avenir mais aussi donner une forme de conclusion à quelques éléments présentés jusque-là. Un énorme défi, qui justifie l'interlude Batman : White Knight Presents Red Hood, soit deux numéros intégrés au sein du présent tome.

Mais de quoi parle Batman : Beyond the White Knight ?
Nous sommes dix ans après les événements de Curse of the White Knight, donc onze ans après White Knight. Jack Napier est mort. Bruce Wayne s'est rendu, et vit emprisonné, sous la surveillance du responsable carcéral Jason Todd. Bruce, doté d'une barbe grisonnante, aide les gardiens lors d'émeutes et semble plus apaisé. Dehors, la ville a changé : le fameux GTO (Gotham's Terrorism Oppression) bénéficie d'énormes appuis financiers suite aux dons de Bruce Wayne, le groupe est dirigé brutalement mais efficacement par Dick Grayson, la criminalité baisse mais... le reste des fonds qui devaient servir les œuvres sociales n'est jamais arrivé.
Derek Powers, ancien allié de Bruce et de Batman, a court-circuité l'ensemble et prévoit de sombres plans en dirigeant l'entreprise. Il manipule le jeune Terry McGinnis, qui vient de perdre son père, pour récupérer un mystérieux élément dans les ruines du Manoir Wayne et de la Batcave. Cette découverte, cette utilisation va transformer l'équilibre de Gotham, et pousser Bruce à s'échapper pour gérer tout cela... quitte à sacrifier ses chances de sortie légale.
Un Bruce vieilli redécouvre ainsi une Gotham changée, voit les conséquences du temps passé sur ses proches dont il a toujours refusé les visites – et Dick, Barbara, Jason ont bien changé, comme Harley et ses enfants ! La jeune Jackie est bien rebelle, et l'ombre de Jack Napier n'est jamais loin – surtout pour Bruce...

On le comprend, Sean Murphy entend ici s'emparer entièrement de l'univers de Batman Beyond, la fameuse série animée connue comme Batman La Relève en France. Cette production estampillée Bruce Timm créé le personnage de Terry McGinnis, le Batman du futur, coaché à distance par un Bruce Wayne vieux et aigri, mais toujours animé d'une foi en la justice.
Ici, Sean Murphy module ces éléments avec son propre univers, qui a déjà bien chamboulé les principes connus de Batman. Outre les révélations sur la généalogie des Wayne dans Curse of the White Knight, c'est bien les postulats autour du Joker qui font la grande différence. La mise en avant de Jack Napier, la personnalité « positive » du super-vilain, a tout changé dans White Knight et provoque de formidables changements.
D'autant que Sean Murphy a intégré pleinement son erreur initiale sur Jason Todd, pour transformer l'équilibre des Robins. Et oui ! Initialement, le fait que Jason ait été ici le premier Robin n'était pas prévu, mais une erreur de l'auteur. Il s'en est rendu compte après l'impression, et a rebondi intelligemment, pour créer une vraie dynamique différente entre Dick et Jason.

Après lecture de Beyond the White Knight, le constat est clair et rapide : l'intégration des éléments de Batman Beyond au Murphyverse fonctionne très bien.
Cet univers différent comporte déjà son lot d'aspects sombres, de manipulations, de lourdeur sociale qui fonctionnent très bien avec l'approche plus dure et cynique du futur de Batman Beyond. Derek Powers est le grand vilain de la série animée, et obtient ici une origine quelque peu différente, mais qui a bien du sens dans le récit. On comprend aussi « pourquoi » il agit ainsi, avec un petit mystère sur la fameuse menace qu'il a identifiée et qui le terrifie.
Cela aboutit à un final bien marquant, bien surprenant, qui diffère de Batman Beyond et change diamétralement la présence de Batman dans cette version de l'univers DC. Troublant, mais alléchant.

A nouveau, Sean Murphy impulse un rythme épatant, avec un dynamisme total.
Tout se lit, tout se dévore avec gourmandise. Les pages sont vite tournées, les rebondissements sont dévorés, les événements marquent et intriguent. Tout ne fonctionne pas toujours, mais il y a un vrai souffle, très intense et puissant.

Les personnages ne sont pas en reste, et sont finalement au cœur d'un récit qui reste classique en lui-même, mais efficace. Bruce est ici touchant, prenant, déchirant même, et bien plus humain qu'à d'autres moments. Il alterne entre la force et la faiblesse, et se révèle passionnant en étant au cœur de la saga. Là où il a été parfois plus en retrait, pour mettre en avant Jack Napier et même Harley Quinn. Celle-ci est plus secondaire ici, ce qui surprend vu sa place dans l'univers, mais elle a encore quelques fulgurances, notamment une sacrée révélation sur sa relation avec Bruce.
Des personnages comme Barbara, Dick, Jason et même Duke ont plus de place ici, et cela fait du bien de varier. Sean Murphy se lâche, paye son hommage à Batman Beyond pour l'ancienne Batgirl, mais se concentre bien sur Grayson, fort différent du Nightwing habituel.
C'est cependant bien Jason Todd qui est très bien servi ici, notamment avec cette interlude écrite par Clay McCormack, et permet de dresser un beau et bon portrait de ce Red Hood lui aussi différent, mais très pertinent.

Cependant, si la lecture est intense et prenante, elle n'est pas sans défaut.
Le récit, déjà, est certes efficace, mais se révèle extrêmement classique. Derek Powers est un bon adversaire, mais qui demeure hélas assez limité en lui-même. La lecture est dynamique, complètement, mais paraît parfois un peu longue pour ce qu'elle a à raconter. Heureusement que les personnages doivent régler leurs problèmes personnels, sans quoi les pages seraient un peu vides.
Surtout, l'ensemble souffre de grandes facilités. L'ombre de Jack Napier demeure, oui, et se fait même présente, avec des interactions très funs et réussies, mais... sans que l'origine de ce phénomène soit claire ou cohérente. Cela paraît bien « facile », tout comme le sort de ce même phénomène, qu'on évacue bien trop aisément. Dommage.
Dommage aussi pour Terry McGinnis, en soi un bon personnage mais trop simplement écrit. Il est un personnage quasi tertiaire du récit, ce qui est frustrant pour ce qu'il est initialement, mais aussi pour le statut qui lui est donné au fil de la saga. Egalement pour Jackie, la fille d'Harley, qui disparaît régulièrement et ne réapparaît que pour relancer quelques enjeux.
De même, quelques éléments résistent difficilement aux réflexions post-lecture. Bruce ne découvre qu'en sortant l'état de la ville ? Alors qu'il est en contact constant avec des détenus, qui en sortent ? Derek Powers s'est emparé de l'entreprise, mais quid de Lucius Fox ? Pourquoi n'a-t-on pas vu Powers avant s'il a eu un tel rôle ? Jason Todd a zoné comme directeur carcéral pendant dix ans, sans rien faire et sans voir Bruce ?

Sean Murphy déçoit quelque peu sur les détails de l'intrigue, mais reste un formidable dessinateur, avec ici des planches extrêmement dynamiques et nerveuses. Il faut bien sûr aimer le style, mais les images ont un punch absolu, une énergie énorme et une vraie approche graphique marquante. Ce n'est pas forcément « beau », mais c'est puissant, rageur et plein de détails.
Il est assisté par Simone Di Meo dans l'interlude sur Red Hood, avec un style un peu artificiel, un peu troublant, mais qui fonctionne bien pour cette bulle en dehors du récit principal.

En bref

Sean Murphy poursuit son formidable univers, avec énergie et puissante. Le récit demeure dynamique et prenant, avec une lecture intense. Le graphisme demeure un point fort, et l'ensemble est très agréable, avec une très bonne intégration de l'univers Batman Beyond. Dommage, cependant, que les détails de l'intrigue manquent de finition, avec un certain nombre de frustrations derrière. Cela ne casse pas l'impression globale, mais rend l'ensemble moins fort... même si l'on attend les suites et leurs surprises avec impatience !

7
Positif

Un rythme intense et puissant, extrêmement prenant.

Le très bon résultat de l'apport de Batman Beyond au Murphyverse.

La très bonne gestion des personnages, un peu moins vus avant, comme Dick, Barbara, Jason et même Bruce.

Negatif

Le phénomène Jack Napier, fun en lui-même, mais qui manque de cohérence.

Des facilités scénaristiques un peu lourdes et frustrantes.

Une mise en retrait d'Harley Quinn, compréhensible mais qui créé un petit manque.

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