Chronique anime : Argevollen

Découvrez nos premières impressions sur cette série diffusée en simulcast sur Crunchyroll

 

Titre : Argevollen
Diffusion : Crunchyroll depuis le 03/07/2014

Scénariste : Tatsuo SATô

Réalisateur : Atsushi OOTSUKI

Chara-designer : Yuichi OKA

Musique : Kôtarô NAKAGAWA

Animation : XEBEC

Il faut l'avouer, cette saison – voire cette année – a été riche (pour le meilleur et pour le pire) en séries de méchas. C'est pour cette raison que j'ai choisi cette semaine de vous parler de l'une d'entre elles.

En dehors des grands classiques du genre, ma connaissance de l'anime de méchas est assez réduite. Cette chronique sera donc à apprécier au regard de ce fait. Toutefois, je coupe court au suspense : ma marge d'erreur d'appréciation est assez relative tant l'anime en question est mauvais.

Place à la chronique d'Argevollen !

 

Argevollen « in a nutshell »

Argevollen, de son vrai nom Shirogane no Ishi Arujevoren, est une série animée japonaise du studio XEBEC, diffusée en simulcast sur Crunchyroll depuis le 3 juillet 2014. J'ai fait mes devoirs et j'ai constaté que les soucis concernant cet anime pourraient bien venir du studio d'animation. En effet, on y reviendra mais la plupart des défauts d'Argevollen se retrouvent dans d'autres de leurs séries (notamment Tokyo ESP), à beaucoup moins forte dose heureusement.

C'est bien beau tout ça mais Argevollen, ça parle de quoi ? L'anime se déroule donc dans un monde imaginaire dans lequel on apprend que deux pays, Arandas et Ingelmia, sont en guerre depuis pas mal de temps. On va alors suivre les pérégrinations du jeune Susumu Tokimune, soldat d'Arandas et, plus exactement, pilote de Trail Krieger. Lors d'une mission de reconnaissance, Susumu va désobéir aux ordres et décide de secourir une jeune fille, Jamie Hazaford, attaquée par les troupes ennemies. Pour s'en sortir, notre jeune soldat n'a d'autre choix que d'avoir recours à l'arme spéciale, transportée par Jamie : Argevollen, un mécha dernière génération dont la découverte risque d'avoir de lourdes conséquences...

Assez brièvement, rien de sensationnel ici, on a droit à un pitch très classique et qui, malheureusement, le restera..



Beaucoup trop de défauts ou pas assez de bonnes choses ?

Malgré mon ton assassin, je ne compte pas me laisser aller à du bashing gratuit, d'une part car ce n'est pas le but de cette chronique, et d'autre part parce que derrière tout anime, même mauvais, il y a du travail et cela se respecte.

Enfin, sachez que je ne me base (une fois de plus) que sur les 12 premiers épisodes, mais j'estime (et cela vous permettra de vous situer en tant que spectateur par rapport à moi) qu'à partir du moment où une série animée ne démarre toujours pas au bout de dix épisodes, alors qu'elle est censée se terminer en une vingtaine, j'ai tendance à décrocher (et je fais partie des patients...). Bref, comme toujours il n'est pas impossible que certains d'entre vous y trouvent leur compte (comme en témoignent les relativement bonnes notes données à cette série sur internet en général) mais voilà, l'anime n'est clairement pas une référence du genre et ne le deviendra jamais pour de nombreuses raisons que je vais énumérer ensuite.

Comme d'habitude, les critiques pourront être classées dans trois catégories : les graphismes et tout ce qui gravite autour, le rythme/découpage/trame scénaristique et les choses relevant plus du détail, que j'apprécie ou qui me dérangent et dont je vous laisse vous faire votre propre opinion (typiquement, dans ma chronique sur SAO II, il s'agissait du sabre laser de Kirito).




Un studio d'animation à la ramasse

Clairement, le plus gros point noir de cette série – et je n'ai aucune peine à imaginer que cela fera l'unanimité – concerne la pauvreté des graphismes et de l'animation.

Alors certes, la qualité graphique n'est pas gage de qualité générale de l'anime (je pense à Baby Steps notamment, qui est très pauvre visuellement mais qui remplit tout à fait ses autres objectifs ; j'y reviendrais dans une future chronique) mais elle y participe.

Dans Argevollen, les graphismes et l'animation sont réellement un choc. Jamais, à notre époque, j'aurais pu imaginer que l'on puisse réaliser un anime de cette qualité (c'est d'autant plus invraisemblable à mon sens que Crunchyroll en a acquis les droits pour la diffusion simultanée). Bon c'est bien beau de dire que c'est moche mais concrètement, ça veut dire quoi ?

Déjà, ne pas confondre beauté du dessin avec chara-design : j'apprécie le chara-design de la série mais le dessin n'est pas du tout à la hauteur.

Ensuite, alors que le générique d'introduction nous promet des graphismes et une animation dans les canons de l'époque, on déchante très, mais alors très vite : les personnages sont dessinés avec trois coups de crayons, tout est animé à deux frames par secondes (j'exagère à peine, il semblerait que les personnages ne possèdent pas d'articulations). A ce titre, je vous renvoie (si vous en avez la patience) à l'épisode 12 pour une des scènes les plus ridicules qu'il m'ait été donné de voir (lorsqu'un des personnages principaux pète un câble et en colle une à son supérieur, que du bonheur...).

Autre chose qui casse l'immersion : les décors semblent avoir reçus un traitement de faveur et cela dénote complètement avec le reste. En effet, ils sont très agréables à regarder et assez bien détaillés, tout le contraire du premier plan. Cette différence donne l'impression (qui n'en est pas une) que les personnages sont « collés » dans le décor. L'incrustation se voit, les personnages se découpent bien trop nettement du décor pour que cela fasse réaliste, et c'est dommage (ce problème est récurrent car on peut s'apercevoir du même phénomène, certes moins prononcé, dans Tokyo ESP).

Je ne vous ferais pas l'injure de vous dire, qu'évidemment, il ne faut pas rechercher à s'en prendre plein les mirettes lors des scènes d'actions : les effets de lumière, de reflets, de feu, de particules en général sont inexistants, ce qui donne une horrible impression de vide.

Enfin, double-peine pour ce dernier constat du fait qu'il s'agit d'un point essentiel dans les anime de mécha : la modélisation des méchas est parfaitement d*gueulasse. Je m'emporte sans doute plus que de raison, mais nom d'un chien, quand on ne sait ni dessiner, ni animer en 2D, ni animer en 3D, on ne fait pas d'anime ! Et encore moins d'anime de méchas. Sérieusement, le design des méchas est triste à mourir, l'animation est lourde et découpée, et le côté « on insère un élément 3D dans un univers 2D » n'avait pas été si mal réussi depuis des années.

Alors attention, pour ceux qui pensent à la lecture de ces lignes : « oui, mais tu es injuste car les méchas d'Argevollen sont plus des évolutions primitives (à l'exception d'Argevollen lui-même) de nos tanks donc c'est normal qu'ils ne soient pas glamour comme dans Evangelion etc... », je me permets de préciser que je compare évidemment ce qui est comparable et je suis conscient que le but de la série est justement de montrer ce gouffre technologique entre leurs vieux méchas horribles et le bijou qu'est Argevollen MAIS, pour rappel nous sommes en 2014, en 2004 sortait Metal Gear Solid 3 : Snake Eater sur PS2, dans lequel la première version de ce qui deviendra le Metal Gear apparaît (le Shagohod), censée, dans la chronologie du jeu, avoir été inventée pendant la guerre froide.

Ce petit aparté pour démontrer que même s'il s'agit de tanks améliorés, on peut quand même leur donner une apparence classe (allez faire la comparaison que je vous propose et vous verrez que ce n'est pas bien difficile).

Je tiens quand même à pointer du doigts la triste modélisation des autres armes (celles des soldats, mêmes principaux). Dommage quand il s'agit d'un anime orienté stratégie militaire (je reviendrais sur ce point un peu plus loin).

Dernière chose, positive cette fois, concernant le mécha phare de la série éponyme : Argevollen. En effet, il serait injuste et ingrat de ma part de ne pas le mentionner ici, parce que pour le coup ce mécha envoie du bois (c'est une expression, hein). Bien qu'il semble souffrir des mêmes soucis d'animation que les autres (et encore, ça se voit moins), ce mécha a reçu un traitement de faveur : il est classe, il bouge quand même mieux que ses collègues et la 3D est relativement bien gérée en ce qui le concerne. Malheureusement on ne le voit pas aussi souvent qu'on le voudrait (la faute au scénario sur lequel je reviendrais également). Maigre consolation donc, mais c'est toujours bon à prendre !




Un anime de méchas au diesel

En plus de souffrir d'une esthétique au rabais, la série pêche également dans sa construction et son rythme, le message véhiculé devenant alors tellement distant qu'on l'oublie bien vite.

Déjà en terme de réalisation, c'est plat. Il n'y aucune prise de risque dans les angles de caméra, et les différents plans (pour la grosse majorité, des plans fixes...) s’enchaînent avec une monotonie déconcertante. Si encore les images étaient belles ! Même les rares scènes d'action sont frustrantes tant elles manques de dynamisme, sont souvent trop courtes (quoique c'est peut-être mieux ainsi du coup) et, surtout, sont souvent interrompues juste avant d'atteindre leur point culminant.

Le rythme est (une fois de plus) lent. Mais cette fois-ci, il y a deux écoles pour apprécier cette lenteur : certains diront que cette série est plus une série « réaliste » (on s'entendra sur ce terme) sur la guerre et la stratégie militaire, et que les méchas ne sont en fait qu'un outil de contextualisation et non pas l'élément central de l'anime ; d'autres, plus sceptiques (comme moi) estimeront que, même si le thème semble effectivement très porté sur la situation des soldats pendant la guerre, avec toute la panoplie pseudo-psychologique qui accompagne généralement ce genre de série, c'est juste mal bâti et lent, bref ce n'est pas divertissant.

En effet, rien n'est exploité ! La « stratégie » militaire se résume globalement à de la fuite permanente pour protéger Argevollen, sans oublier évidemment de faire passer la hiérarchie pour des lâches corrompus bien retranchés dans la capitale à donner des ordres impliquant le sacrifice de soldats. Les personnages, bien que stéréotypés, ont selon moi beaucoup de potentiel mais au bout de 12 épisodes, on n'est attaché à aucun tant leur traitement est inexistant (bon allez, j'admets qu'il y a quand même l'évolution des relations entre Susumu, Jamie et le lieutenant Samonji) : le protagoniste est le jeune soldat tête brûlée qui rumine sa vengeance en permanence, ce qui l'amène à faire des caprices et le rend insupportable, les nombreux personnages secondaires ont l'air sympas mais ne font office que de figurants en balançant une blague ou un encouragement de-ci de-là, Jamie Hazaford est typiquement la fille en permanence confrontée à ses faiblesses et qui cherche à devenir plus forte et le lieutenant Samonji, qui respire le charisme, n'apparaît finalement que comme un c*nn*rd froid à qui on a envie de dire « on voit bien que tu souffres, mais au bout d'un moment, crache-là ta valda ».

Entendons-nous bien, je ne crache pas sur les stéréotypes car fondamentalement, les personnages sont toujours créés pour remplir un rôle, mais leur qualité dépendra ensuite du traitement dont ils bénéficient (après tout, Luffy, Naruto, Ichigo, Goku sont tous différents alors qu'ils sont parfaitement identiques). Le problème dans Argevollen, c'est justement qu'on s'est contenté de mettre les personnages dans des cases,. Bref, ils ne sont pas intéressants à suivre.

Je terminerais cette chronique par une petite remarque personnelle : une des gouttes d'eau qui ont fait déborder mon vase a été le fan service de l'épisode 7. En effet, il faut vous mettre dans l'ambiance : je me coltine la série pendant déjà 6 épisodes alors qu'il ne se passe rien, j'espère donc que cela décolle un peu à un moment (pas grand chose mais un nouveau personnage, un petit combat court mais intense, un dialogue intéressant, une révélation, j'en sais rien moi ! Donnez-moi de la matière !) et là, je lance l'épisode 7... Pour vous situer l'action sans trop vous spoiler, dans cet épisode, c'est journée de perm' (ouh ! la manière détournée de faire un filler, déjà je n'aime pas ça), donc on va suivre rapidement tous les soldats de l'équipe en train de glander en ville. Parmi ceux que l'on suit, il y a (je vous le donne en mille) les filles ingénieures qui se rendent au spa. Bref, cela donne lieu à une scène complètement débile et déplacée par rapport à l'univers. A tel que je me demande si les scènes de fan service impliquant des filles dénudées ne seraient pas contractuelles ?

Ma réaction, vous l'imaginez, a été de me dire « Bon dieu c'est pas vrai ! La série, c'est le néant depuis le début et ils osent en remettre une couche avec une bonne dose de fan service ». Il faut être beau joueur et reconnaître que les gars de chez XEBEC, ils ont du cran. Ils n'ont absolument pas le sens des réalités mais ils ont du cran.




En bref

C'est donc un grand chelem pour Argevollen qui réussi l'exploit d'être à la fois mal réalisé et écrit. Pas grand chose (j'ai volontairement omis de mentionner la musique car rien de folichon là non plus) de positif à en retirer donc sinon quelques détails.

C'est un beau gâchis d'idées que cette série qui, sans forcément sortir du lot, aurait sans doute eu peu de peine à être décente. Encore une fois, peut-être qu'un certain type de public pas très regardant ou, au contraire, recherchant quelque chose de très précis dans un anime saura se satisfaire de ce qu'Argevollen propose (et je ne juge pas), mais pour la grande majorité, je ne peux que vous conseiller de passer votre chemin sans vous retourner.

Certes il y a bien pire dans le milieu de l'animation mais étant justement donnée la richesse de celui-ci, pourquoi s'attarder sur de telles licences lorsque l'on pourrait en avoir d'autres qui méritent plus d'attention ? (on ne peut pas toujours prévoir le bide, tant les publics sont différents mais Argevollen quoi...). C'est tristement la même chose avec les mangas (Nyanpire, je te vois) mais c'est un autre débat !

En attendant, si je devais résumer Argevollen en un seul et unique mot, ce serait : générique.

 

LES + LES -

- Les décors extérieurs
- Argevollen

- Les graphismes minimalistes
- L'animation en stop-motion (à peine exagéré)
- Le scénario pauvre et sans rebondissements
- La frustration de voir des personnages aussi mal exploités (dont le mécha Argevollen)
- Tout est générique, on ne sent pas de réelle inspiration pour quoique ce soit

 
Note :
4/10


Plus d'infos sur la série : VOIR LA FICHE DE ARGEVOLLEN

 

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