Chronique : A silent voice T.1

Découvrez nos premières impressions sur ce shônen en 7 tomes


Shoko Nishimiya est sourde depuis sa naissance. Même équipée d’un appareil auditif, elle peine à saisir les conversations, à comprendre ce qui se passe autour d’elle. Effrayé par ce handicap, son père a fini par l’abandonner, laissant sa mère l’élever seule. Quand Shoko est transférée dans une nouvelle école, elle s’emploie à surmonter ses difficultés mais, malgré ses efforts pour s’intégrer dans ce nouvel environnement, rien n’y fait : les persécutions se multiplient, menées par Shoya Ishida, le leader de la classe. Tour à tour intrigué, fasciné, puis finalement exaspéré par cette jeune fille qui ne sait pas communiquer avec sa voix, Shoya décide de consacrer toute son énergie à lui rendre la vie impossible. Psychologiques puis physiques, les agressions du jeune garçon se font de plus en plus violentes... jusqu’au jour où la brimade de trop provoque une plainte de la famille de Shoko, ainsi que l’intervention du directeur de l’école. À cet instant, tout bascule pour Shoya : ses camarades, qui jusque-là ne manquaient pas eux non plus une occasion de tourmenter la jeune fille, vont se retourner contre lui et le désigner comme seul responsable...

Titre : A silent voice T.1
Editeur français : Ki-oon
Date de sortie : 22/01/2015
Dessinateur : Yoshitoki OIMA
Scénariste : Yoshitoki OIMA

Série terminée en 7 tomes

Véritable phénomène au Japon, bientôt adapté en animé, A Silent Voice nous est proposé dans l'hexagone par Ki-oon, dont le catalogue atypique nous a souvent offert des œuvres sublimes, touchantes, sincères. D'ailleurs, l'engouement suscité sur les réseaux sociaux à l'annonce de la licence, en plus de la réputation du manga, laissait supposer qu'on aurait une nouvelle fois une pépite à rajouter à notre mangathèque. Et pourtant, malgré cela... On peut encore être surpris par cette perle qu'est A Silent Voice !

Une héroïne qui se fait discrète, au profit d'un héros éclatant

Une des premières choses que l'on peut remarquer à la lecture du tome est l'absence de Shoko dans les premières pages. En effet, elle n'apparaît qu'à la fin du chapitre 1. Cependant, cette absence est un très bon ressort narratif car on se met à la place de Shoya et du reste de la classe : le lecteur se demande qui est cette nouvelle élève, à quoi elle ressemble etc. Pendant ce temps, on a une présentation de Shoya, de sa famille et de son école.

On voit donc le quotidien d'un garçon casse-cou, qui ne recule pas face à la peur, mais qui n'est pas studieux. Il préfère s'amuser plutôt que travailler ses cours, alors que l'année suivante il doit rentrer au collège et doit donc faire des efforts. Progressivement déjà, on voit qu'il devient marginal puisqu'il continue à s'amuser pour tromper son ennui alors que ces deux amis, eux, prennent des cours de soutien, s'investissent dans leurs cours. L'univers de Shoya disparaît petit à petit. Jusqu'à l'arrivée de Shoko qui lui apparaît comme venue d'une autre planète, d'un autre univers. Ainsi arrive la nouvelle source de jeu de Shoya : une jeune malentendante.

 

KOE NO KATACHI © Yoshitoki Oima / Kodansha Ltd.

 

Tout au long du tome, on assiste donc aux « expériences scientifiques » de Shoya pour tenter de comprendre comment fonctionne Shoko : il lui crie dessus pour voir jusqu'où elle peut entendre. Il l'imite en saccadant ses paroles, comme Shoko qui a des difficultés à parler puisqu'elle n'entend pas ce qu'elle dit. Il joue avec les appareils auditifs de la jeune fille voire lui casse parfois. Mais est-ce de la méchanceté ? Pas sûr. C'est surtout de l'incompréhension face à l'inconnu, une mal-connaissance du coût des appareils. Shoya ne se rend pas compte de la gravité de ce qu'il fait. Surtout qu'il est conforté dans ses actes par ses camarades mais aussi par son professeur parfois !

 

Le pire n'est pas celui qu'on croit

Ce qui frappe vraiment dans ce manga, c'est la cruauté. Cruauté des mots, cruauté des gestes, cruauté de la situation. Vulgairement, on dirait que Shoya est un peu « couillon ». Mais d'après nous, il n'est pas le personnage le plus mauvais du manga : au contraire, il apparaît finalement assez sympathique malgré ses actes. Ses camarades et même son professeur sont beaucoup plus antipathiques que lui.

KOE NO KATACHI © Yoshitoki Oima / Kodansha Ltd.


Ce n'est pas Shoya qui commence à être assez acide envers Shoko : c'est une de ses camarades. Cette dernière se plaint du temps qu'elle perd à cause de Shoko car elle doit prendre le cours pour elle et le cours justement n'avance pas car il faut attendre la petite malentendante. Alors quand on propose à la classe de prendre dix minutes par jour pour apprendre le langage des signes, elle s'oppose et prétend en résumé que c'est à Shoko de s'adapter. Par la suite, en participant aux tourments de la jeune fille, ils montrent leur méchanceté qui s'intensifie lorsque le directeur vient dire aux élèves que la mère de Shoko s'est plainte des destructions des appareils auditifs de sa fille. Là, tous se retournent contre Shoya et disent non seulement qu'il était le seul à embêter leur camarade malentendante mais en plus qu'ils ont essayé de l'arrêter ou simplement qu'ils lui ont signifié leur désaccord, afin qu'il soit le seul à être sanctionné. Les choses ne s'arrangeront pas car même les deux amis du jeune garçon vont se retourner contre lui et vont le tourmenter jusqu'au collège où ils créeront des rumeurs à son sujet. Tourmenté, Shoya se rend compte que ce qu'il a fait était horrible et voit la bonté de Shoko qui tentait dans le silence et le secret de dissimuler certains tourments que les autres lui faisaient subir. On prend pitié de ce garçon qui loin d'être un ange apprend la rédemption et finit par se faire silencieux, comme celle qu'il a tourmentée.

 

KOE NO KATACHI © Yoshitoki Oima / Kodansha Ltd.


Mais les enfants ne sont pas les seuls a être antipathiques. En effet, comme nous l'avions évoqué, le professeur est tout autant horrible. Même la mère de Shoko n'apparaît pas sympathique alors qu'on la voit peu. Dès sa première apparition, elle donne une image de femme froide, odieuse et cassante : elle se moque de ce que veut sa fille, elle décide pour elle. Par exemple, Shoko veut une coupe de cheveux : sa mère veut qu'elle en ait une autre que celle choisie par sa fille et elle va se plaindre quand la coiffeuse (qui se trouve être la mère de Shoya) va avoir coupé les cheveux de la petite comme celle-ci le voulait. Mais revenons au professeur. Étant moi-même professeur, le personnage dans le manga me choque car il est tout ce qu'un professeur ne doit pas être, du moins selon les critères français. Quand une collègue propose d'apprendre la langue des signes, qu'elle ne connaît pas elle-même, il dit clairement que son idée est stupide si elle ne maîtrise pas son sujet, et cela devant tous les élèves. Or jamais un professeur ne doit décrédibiliser un collègue devant les élèves : il peut ne pas être d'accord avec cela (même si au contraire pédagogiquement c'est très intéressant car le professeur montre aux élèves qu'ils apprennent ensemble, et qu'ils sont sur certains points au même niveau), mais ils voient cela en privé. Ensuite, il fait comprendre à Shoya qu'il comprend ce qu'il ressent face à Shoya, ce qui sous-entendrait que lui aussi trouve pesant le fait d'avoir une élève malentendante et donc là encore il sort de son statut d'enseignant puisque cela conforte les élèves dans leurs actes. Je ne m'attarderai pas sur l'accusation virulente qu'il lance contre Shoya sans avoir la preuve qu'il était bien le seul fautif (ce qui du coup provoque le retournement de veste des élèves contre Shoya), et surtout sur les constants « arrête de mentir » qui ne font qu'enfoncer Shoya dans l'isolement : il sait dès lors que l'adulte référence qu'est son professeur ne viendra jamais à son secours, ne viendra jamais l'aider.

Ainsi, l'émotion n'est pas propre qu'au personnage de Shoko (qui reste très discrète, on voit facilement que c'est dans ce tome plutôt l'histoire de Shoya que la sienne) : Shoya en suscite aussi beaucoup car on se dit qu'il ne mérite sans doute pas une telle peine.

 

En bref

TimJo : A Silent Voice nous fait commencer l'année avec un manga extrêmement touchant et profondément humain. On voit deux enfants pris dans un monde dur, où le sort s'acharne et est violent avec eux. Pour le moment, Shoko est assez en retrait, il faut espérer que son passé, sa vie seront mis en avant dans les prochains tomes. Quand à Shoya, on a envie de le voir essayer de se racheter, vu qu'il a compris que ses actes étaient graves et qu'il a subi une partie de ce qu'a subi Shoko. On a envie de suivre avec plaisir et émotion l'aventure de ces deux enfants, qu'on espère voir devenir amis voire plus d'ici le tome 7 !

 

LES + LES -

- Un début très touchant et prometteur

- Une présentation intéressante et pertinente de Shoya

- Shoya n'est pas foncièrement méchant et ce n'est pas lui qui a commencé à l'être avec Shoko : il n'est pas l'antagoniste de l'histoire. 

- Shoko est trop effacée pour le moment

- Le professeur des enfants est antipathique au plus haut point

 

Note :
8/10

 

Plus d'infos sur la série : VOIR LA FICHE DE A SILENT VOICE

 

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