Critique, après lecture des 48 premiers tomes de "Kaichou Wa Maid-Sama!". Le cadre de l’histoire est entendu, dans la mesure où il s’agit du lycée, avec ses intrigues scolaires habituelles. Quant au graphisme il est lui aussi classique pour un shojo. Les dessins évoquent bien les sentiments des personnages, la personnalité de Misaki et d’Usui. Il permet en outre de suivre aisément les interactions des personnages secondaires, et l’on retrouve à certains moments un humour créatif comparable à Lovely Complex. Cependant son intérêt réside dans l’approfondissement psychologique de l’héroïne. En effet Misaki représente une lycéenne aux prises avec des problématiques féminines actuelles. Tout d’abord il s’agit pour elle de trouver un équilibre malgré la rivalité homme femme. L’héroïne est une lycéenne, forte, indépendante, dynamique, engagée et respectée des autres. Mais à force de défendre l’égalité féminine, elle se fait craindre des garçons et elle s’enferme dans un rôle caricatural. Notamment lorsqu’elle s’oppose régulièrement à la gente masculine ou lorsqu’elle défend avec excès d’autorité son statut de présidente. Par ailleurs, il s’agit pour elle de se réaliser socialement, en maintenant une certaine reconnaissance sociale, car si elle est une élève travailleuse et impliquée dans son lycée, elle doit néanmoins travailler le soir, pour subvenir aux besoins de sa famille. Or ce travail n’est autre que celui d’hôtesse, dans un café ; un job d’étudiant qu’elle ne veut en aucun cas révéler, de part l’ambiguïté que ce travail implique et le peu d’ambition qu’il représente. De plus, Misaki fait l’apprentissage de son identité, notamment de ses besoins et de ses faiblesses, puisqu’Usui, son prétendant, la confronte à ses contradictions et lui montre que ses défenses lui ferment certains horizons. D’ailleurs cet amoureux montre les nouvelles qualités du chevalier servant actuel, à savoir être un confident, bon psychologue et bienveillant, se mettre au service de l’ambition de sa bien-aimée, voire être un garde-fou à cette ambition pour son bonheur personnel. Enfin l’univers des maids (hôtesses) favorise un jeu de rôle où les faux-semblants expriment des réalités cachées. Grâce à ce costume Misaki peut exprimer tout ce qu’elle ne peut pas être au quotidien, comme une jeune fille féminine, attentionnée, à l’écoute des autres, et trouver d’autres valeurs à son action. C’est donc grâce à ce rôle qu’elle peut prendre du recul sur les enjeux de sa journée et se remettre en question. Sans compter que le fantasme sur les hôtesses et les relations maître valet inversées sont toujours aussi efficaces, ce qui donne du piquant aux joutes amoureuses ; l’expression du désir juvénile est manifeste mais reste toujours romantique. Martine BREDA, le 20/04/2010