Un titre à admirer plus qu'à lire !

Momo & Manji retient l'attention de par sa thématique : la prostitution masculine à l'ère Edo (XVIIIe siècle - avant l'ouverture du Japon au commerce mondial). En effet, les récits historiques sont rares dans le manga Boy's Love, et se comptent sur les doigts d'une main en France. Signé Sakura Sawa, Momo & Manji promet une immersion érotique dans un Japon traditionnel, dirigé par un trait aussi particulier qu'élégant...

L'intrigue, qui n'en est pas vraiment une, démarre sans détour en introduisant les deux protagonistes, Momo et Manji, et leurs personnalités à la fois frivoles et ambiguës. Si l'on suit avec intérêt leur quotidien, j'ai tout de même été quelque peu perdu, pendant un temps. Il n'y a pas de réel fil narratif ; pas de début, ni de fin. Sans être problématique, ça peut être déstabilisant.

A côté de cela, Momo & Manji développe un univers graphique des plus exceptionnels. L'autrice use de toutes les particularités du Japon Ancien pour ses planches et décors, imposant son style grâce à un noir & blanc marqué et un trait aux infinies nuances d'épaisseur. Les personnages, quant à eux, débordent d'élégance et dévoilent, sous leurs beaux vêtements traditionnels, des corps aux silhouettes arrondies. J'aime beaucoup la manière dont Sakura Sawa se détache des codes du genre et mêle techniques modernes et traditionnelles pour seoir au récit.

Sans surprise, nous avons droit à un érotisme atypique, mais tout à fait à mon goût. Les scènes ne sont pas spécialement envahissantes, et exposent les personnages avec beaucoup de sensualité. De quoi ravir les amateur•rice•s ! Attention tout de même, certaines scènes représentent Momo enfant, alors qu'il est abusé en vue de faire de lui un Kagema (prostitué). Celles-ci ont certes comme but de choquer plus que d'exciter, mais elles restent explicites. Âmes sensibles s'abstenir.

En conclusion, Momo & Manji m'a offert un moment de lecture agréable et fascinant. Bien sûr, tout n'est pas parfait. Je regrette quelques simplicité dans l'évolution de la relation, ou encore un traitement peu poussé quant à la prostitution. Mais c'est à mon sens pardonnable. En fait, c'est une œuvre à contempler plus qu'à lire, bien qu'elle soit moyennement fournie en dialogues. A noter également : au moins deux autres volumes sont prévus. Etonnant, lorsque l'on lit la fin de ce premier, qui semble se suffire à elle-même. A voir si la suite développera d'autres aspects du récit, ou sera finalement de trop...