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Critique de Angel's Egg

par Leif le dim. 15 août 2010

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Qu'est-ce que Tenshi no Tamago ? Rien moins que le plus remarquable, le plus éblouissant, le plus tétanisant des films d'animation au MONDE (oui, excusez du peu), résultat d'une collaboration protéiforme entre un Mamoru Oshii au sommet de son art, lui-même réalisateur de films obscurs et contemplatifs (Ghost in the Shell étant le plus connu, et l'un des plus faciles d'accès !) et le peintre japonais Yoshitaka Amano, réputé pour le fantasmatique de son univers multiforme, multisupport, multicréatif et multiclassable (character-designer des premiers Final Fantasy, illustrateur de romans - dont un de Neil Gaiman, il n'y a pas de hasard -, touche-à-tout virtuose, créateur de décors et costumes de théâtre, etc, etc, etc)... Considérant la dimension majuscule de leurs talents respectifs, leur association de bienfaiteurs ne pouvait que faire des feux d'artifices tant les étincelles seraient hors sujet ici. Parce qu'autant le dire sans ambages, Angel's Egg (de son petit nom anglais) ne déçoit pas, ni sur ce plan, ni sur aucun autre, tant il se révèle virtuose... En guise de prétexte à ce voyage symboliste quasi-muet, le spectateur est invité à se perdre dans les méandres d'une ville étrange et vide où une étrange fillette sans nom protège obstinément un étrange oeuf refusant tout aussi obstinément d'éclore, jusqu'au jour où elle croise le chemin d'un non moins étrange jeune homme, lui-même curieux de savoir ce qu'il y a dans l'oeuf... Abscons, lent, mystique, déroutant à souhait, polysémique, ouvert, dilué, poétique, le film étend l'exercice de style sur une heure trente de pur bonheur et d'onirisme confidentiel, d'autant plus impressionnante que ce petit bijou s'offre le luxe de fêter ses vingt années sans avoir pris une ride (si ce n'est, peut-être, au niveau du rendu de certains décors, mais c'est là chipotage de geek...). En substance (le mot n'a jamais mieux convenu qu'ici) : un chef d'oeuvre incontestable et incontesté tant la forme, le fond et la musique s'accordent avec délicatesse, inspiration et élégance. Par conséquent, on est en droit de se demander POURQUOI ledit film en question n'est jamais sorti en France (ne serait-ce même qu'en DVD), surtout considérant la notoriété des deux auteurs précédemment cités auprès du public connaisseur.

En bref

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