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Critique de Décennies - Marvel dans les années 50

par Le Doc le jeu. 30 mai 2019 Staff

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Captain America...casseur de cocos !

Après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le marché de la bande dessiné U.S. a connu une chute des ventes de la plupart des comics de super-héros. Martin Goodman, le big boss de Timely (le premier nom de Marvel) a réagi à cette situation en diversifiant son offre et en l'étendant à de nombreux genres, de la guerre au western en passant par la comédie, l'horreur et ce qu'on appelait alors les funny animals. C'était l'ère Atlas Comics, une époque qui a vu un très bref retour des super-héros vedettes de la compagnie (Captain America, La Torche Humaine et Namor Le Prince des Mers) le temps de quelques mois, de la fin de l'année 1953 au milieu de 1954. 

D'après les toujours passionnants articles signés Roy Thomas, cette résurgence était due au succès télévisuel des Aventures de Superman. Selon son analyse, Martin Goodman s'est dit que ce regain d'intérêt aurait très bien profiter à Atlas. Les exploits de Cap, la Torche et Namor ont donc occupé les pages des revues Young Men et Men's Adventures et les magazines de chaque personnage ont également été relancés en reprenant la numérotation là où elle s'était arrêtée (pas de #1 à outrance en ce temps-là). Mais comme je l'ai souligné plus haut, ce retour n'a pas duré très longtemps. Les ventes n'ont pas suivi, l'année 1954 ayant été également marquée par la publication du tristement célèbre Seduction of the Innocent de Fredric Wertham.

Décennies : Marvel dans les années 50, deuxième tome de la collection qui célèbre les 80 ans de publications de Marvel Comics, reprend donc tous les épisodes de Captain America parus dans Young Men et Men's Adventures, ainsi que Captain America #76 à 78. Le scénariste n'est pas crédité, comme c'était souvent le cas. Le dessinateur principal est un certain John Romita, alors âgé d'une vingtaine d'années. La future star de Marvel n'avait pas encore trouvé son style propre, mais on en devine des traces au fur et à mesure des épisodes, notamment dans les visages si caractéristiques de l'artiste. Le jeune John Romita s'inscrivait alors dans les traces de Jack Kirby et Milton Caniff, des influences qui donnent un résultat très agréable à découvrir dans ce contenu longtemps resté inédit. 

Les épisodes sont courts, tout est réglé en 6 à 7 pages. Cette pagination resserrée ne permet pas un véritable développement des personnages et l'ensemble est principalement tourné vers la menace à affronter. Les auteurs savent tout de même bien utiliser cette "contrainte", les chapitres sont dynamiques, menés sur un rythme soutenu en commençant le plus souvent en plein coeur de l'action. Dans Young Men #24, on apprend que Steve Rogers est devenu professeur et que Bucky (qui n'a étrangement pas pris une ride depuis la fin de la guerre) est élève dans l'école où Cap enseigne. Le duo rempile vite (normal, il n'y a que six pages) lorsqu'ils apprennent le retour de Crane Rouge, qui s'est allié avec le nouvel ennemi de l'Amérique...les communistes ! 

Ces aventures sont bien évidemment très ancrées dans leur contexte historique et ne s'embarrassent pas de subtilités : pour résumer, le communisme est un fléau pour l'humanité et un bon communiste est un communiste mort...et ce Cap n'hésite d'ailleurs pas à régler leur compte à ses adversaires d'une manière définitive. Ce qui explique la vaste entreprise de rétro-continuité qui a suivi l'intégration de Captain America dans les rangs des Avengers dans les années 60. Le scénariste Steve Englehart a expliqué dans une suite d'épisodes de Captain America parus en 1972 que les Captain America et Bucky anti-cocos n'étaient pas les vrais Steve Rogers et Bucky Barnes. William Burnside est devenu Cap dans le cadre d'un programme financé par le gouvernement pour combattre la "Menace Rouge".

Captain America : Theater of War, un one-shot de 2008 écrit et dessiné par Howard Chaykin, est inclus dans cet album. Un très bon numéro spécial qui permet d'en savoir un peu plus sur l'homme qui a remplacé Steve Rogers et qui était devenu (rétroactivement) la quatrième Sentinelle de la Liberté ! 

En bref

La célébration de l'Histoire de la Maison des Idées continue avec une intéressante nouvelle salve d'inédits datant d'une période méconnue en France !

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