A chacun son Hulk

A 57 ans l’incroyable HULK était l’un des derniers personnages Marvel à ne pas avoir eu son anthologie. Cette injustice est désormais réparée avec : Je suis HULK.

Ce personnage emblématique créée par Stan Lee et Jack Kirby a pourtant connu des débuts difficiles. Revendiqué comme étant un mélange entre Docteur Jekyll & Mister Hyde et le monstre de Frankenstein, il débuta sa carrière en étant de couleur grise et se transformant en un monstre incontrôlable une fois la nuit tombée. Le tout dans un contexte de guerre froide sur fond de bombe atomique. Les bases solides du personnage étaient posées, mais il fallait encore quelques ajustements pour lui donner la profondeur qui lui permettrait d’assurer sa longévité.

Les premiers épisodes ne fonctionnent pas vraiment et la série est arrêtée au bout du sixième. Le duo créateur procède alors à deux changements qui resteront en place jusqu’à aujourd’hui. Sa couleur ne serait plus grise mais verte et il ne se transformerait plus une fois la nuit tombée, mais sous le coup de la colère ou d’un choc émotionnel. Ce dernier point est crucial car c’est ce qui va permettre au personnage de devenir beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.

En général, quand je dis ça, mes amis se moquent de moi, mais pourtant… Hulk est unique et bien plus complexe qu’il n’y paraît.
Tout d’abord, c’est le seul héro qui ne souhaite pas en être un. Banner rejette ses pouvoirs, qu’il considère comme une malédiction, et son souhait le plus profond serait de se débarrasser de son alter ego.
Il fait écho en chacun de nous car la rage et la colère qui s’expriment au travers de Hulk sont des sentiments humains que tout le monde a déjà éprouvé à un moment ou un autre. Avec ses multiples personnalités développées au fil de sa carrière, Hulk est aussi la parfaite incarnation des différents états du moi d’Eric Berne. Ce sont les trois composantes fondamentales de la personnalité : Le Parent, l’Adulte et l’Enfant. Et pour vous prouver par un dernier exemple que Hulk est bien plus qu’un bourrin qui casse tout sur son passage, je pourrais aussi vous parler de son côté Héraclitéen. Ce philosophe né aux alentours de 544 av. J.C. a théorisé un concept qui pourrait se résumer en une phrase : L’union des contraires par le devenir. En effet, Hulk est l’incarnation de la colère alors que Banner est celui du calme. L’un dominant l’autre à un instant, puis l’autre reprenant le dessus par la suite. Ce changement permanent qu’Héraclite nomme le devenir ne forme qu’un seul et même tout et son contraire. (Merci Bernard Dato, pour son excellent essai sur le sujet).

Dans cet anthologie, recueil des histoires de Hulk parmi les plus emblématiques, vous comprendrez que ce personnage est bien plus que cette image de géant vert décérébré et incontrôlable qui lui colle à la peau. Bien sûr, celle-ci a largement contribué à son succès, au travers notamment de la série TV des années 70, interprété par Bill Bixby et Lou Ferrigno. Mais vous découvrirez qu’il n’y a pas qu’un seul Hulk mais bien plusieurs. Et vous trouverez forcément celui qui vous parlera parmis toutes ses versions.

Cette édition “Je suis” est de très bonne facture. On reproche souvent le manque d’éditorial à Panini, chose qu’on ne peut pas faire ici. La pédagogie est bien mise en avant pour que le lecteur en apprenne un maximum sur le personnage. Une présentation générale est faite en début de tome suivie d’articles intercalés avant et pendant les épisodes. Ils vous donneront des points de vues sur Hulk ou vous introduiront du contexte narratif.