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Critique de The Doom Patrol #1

par Le Doc le dim. 20 oct. 2019 Staff

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Les gens normaux, ils ont quoi dans leur vie ?

Lorsque DC relance les aventures de la Doom Patrol après la "Crise des Terres Multiples" dans la deuxième moitié des années 80, l'équipe ne ressemble plus vraiment au concept des origines, ces parias rassemblés par un chef en fauteuil roulant pour sauver un monde qui les craint et qui les rejette (et non, je ne parle pas des X-Men). Le scénariste Paul Kupperberg s'était inspiré de la relance des X-Men (tiens, encore eux) par Len Wein et Dave Cockrum pour recréer l'équipe, une décision qu'il a regretté par la suite, comme il l'a déclaré en interview. En faisant des membres de la  Doom Patrol des super-héros classiques, il est complètement passé à côté de ce qui faisait l'esprit de cette équipe si particulière, qui détonnait dans l'univers DC des sixties. Après 18 épisodes (notamment marqués par des désaccords avec son premier dessinateur qui a vite quitté le titre), les ventes ont tellement chuté que Paul Kupperberg a passé la main à Grant Morrison, associé au dessinateur Richard Case. L'écossais a totalement bouleversé le comic-book à partir du #19 publié en 1989, en profitant d'un crossover pour mettre de côté presque toute l'incarnation précédente de l'équipe et se concentrer sur les personnages qui l'intéressaient tout en amenant ses propres créations correspondant plus à sa vision du groupe. 

Je n'ai jamais lu la période Kupperberg, mais Grant Morrison a fait un bon travail en faisant de son premier numéro un point d'entrée idéal. Cette édition s'ouvre tout de même sur un Secret Origins scénarisé par Paul Kupperberg et dessiné par la superstar John Byrne, qui n'a d'autre intérêt que de récapituler toute l'histoire de la Doom Patrol, ce qui est plutôt une bonne idée avant de commencer les choses sérieuses. 

La couverture de The Doom Patrol #19 annonce d'entrée la couleur : ces héros ne sont pas comme les autres...et ils sont vraiment torturés. Sacrément fracassés même...Robotman ne supporte plus d'être un cerveau enfermé dans un corps de robot et Larry Traynor reçoit de nouveau la visite de son "esprit négatif" qui le fusionne avec sa doctoresse pour devenir une sorte de momie hermaphrodite. Pendant ce temps, le Chef Niles Caulder travaille à la reformation de l'équipe et Joshua Clay, qui faisait partie de la précédente Doom Patrol, reste dans les environs mais seulement en tant que médecin car il n'a nulle part où aller. 

Ce sont des personnages profondément marqués, qui réagissent différement à leur condition. Amer, colérique, Cliff Steele, alias Robotman, va s'attacher à Crazy Jane, une folle qui souffre d'un dédoublement de la personnalité carabiné (64 personnalités, chacune avec des capacités différentes), superbe création avec laquelle Grant Morrison impose dès son arrivée la tournure que prendra sa prestation. Ce qui arrive à Larry Traynor, devenu une entité composite appelée Rebis, l'a modifié à un tel point qu'il ne réagit plus de la même façon à ce qui l'entoure. Il a atteint un autre degré d'existence et même la déclaration triste et touchante du mari du Dr Poole, qui fait maintenant partie de lui, ne l'atteint pas. La caractérisation est soignée et il y a beaucoup de moments qui font mouche et qui rendent le parcours de ces héros si étranges aussi intéressant à suivre.

À héros étranges, adversaires qui le sont encore plus. Grant Morrison jongle avec des idées toutes aussi barrées les unes que les autres et les concepts hallucinants s'enchaînent. Être quasi-omnipotent qui pense qu'il est à la fois Dieu et Jack l'Eventreur, confrérie de vilains anarchistes basée sur le dadaïsme, secte divisée en tout plein de sous-sectes qui veulent détruire le monde en invoquant un "Anti-Dieu"...en fait, les décrire ne rend pas justice (alors lisez les, nom de Zeus !) à ces aventures étonnantes, palpitantes, une lecture qui représente l'exact contraire du mot "prévisible". C'est proprement hallucinant...sans jamais oublier ce qui fait la profondeur et la complexité des protagonistes (voir l'épisode très réussi qui voit Robotman pénétrer la psyché plus que fracturée de Crazy Jane représentée ici de manière très originale).


En bref

Un excellent premier tome qui ne laisse présager que du meilleur pour la suite. À leur création, les membres de la Doom Patrol étaient surnommés les "Héros les plus étranges du monde"...et Grant Morrison et Richard Case ont emmené cette épithète encore plus loin !

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