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Critique de Nomen Omen #1

par Auray le ven. 14 févr. 2020 Staff

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Instagram, pic et pic et colégram ♫

Si vous vous amusez à taper « _Nomen.Omen_ » sur le réseau social Intagram, vous aurez la surprise du nombre de photos postées par le scénariste Marco B.Bucci (Magma Veritas, Dogs of War, MM). Vous en avez un aperçu dans sa postface en fin de tome. D'ailleurs, vous pourriez presque le lire dès le début, tant celui-ci donne des informations sur le fait que ce titre est très personnel.

Effectivement, c'est durant son enfance que ce dernier se met à voir de la vraie magie dans l'air. Il n'ose pas en parler à ses amis ou à l'école, juste à ses proches. Aujourd'hui, c'est cette histoire qu'il retranscrit à travers Becky. C'est un accident la naissance de Rebecca Kumar, mais pas dans le sens habituel du terme... après qu'une voiture se percute à un camion, une dame blessée touche le ventre d'une des deux futures mamans qui se retrouve au final enceinte lors d'une espèce de rite satanique. À présent, Becky a du vécu du haut de ses vingt-et-un ans, et ceux, malgré le gâteau licorne offert par ses camarades protecteurs, et son Instagram où elle poste des photos. Elle a déjà perdu un être cher à ses yeux, et se sera bientôt son tour lorsqu'un être démoniaque apparaît d'une autre dimension pour enlever son cœur (celui-ci sera plus présenté dans le chapitre cinq). Le morne quotidien et sa vision en noire et blanc vont contrebalancer dans une couleur magique.

Et, le titre vaut beaucoup grâce aux graphismes et aux trouvailles sur la colorisation de Jacopo Camagni, aidé sur ce point par Claudio Lucania et Fabio Mancini. Ce titre ne vaut pas seulement pour le look moderne des personnages comme cette coiffure à la Rihanna pour notre héroïne, pas seulement pour les paroles outrancières face aux ainés ou pour une identité sexuelle assumée de la génération Y, pas seulement pour l'utilisation des réseaux sociaux de façon permanente pour s'exprimer, qui est bien retranscrit ici, mais surtout et pour tout, pour les différents codes couleurs identifiés. Le noir et blanc du quotidien seront remplacés au sens pratique par des couleurs lors de scènes où la magie rentre en jeu, ou encore, lors des passages dans les autres dimensions. Du coup, ça scintille de mille feux dans le décor fantasmagorique, ou alors, tout simplement, autour d'une main ou d'un corps.

A noter parfois des scènes de nudité complète comme on peut le voir dans les tableaux de la mythologie ou dans les rites sataniques, les planches sont alors perturbantes. Par exemple, prenons la dernière page où Rebecca est entourée de femmes et de démons... en haut à gauche, l'un possède l'autre, j'avoue ne pas toujours comprendre ce que ça fait là, à part pour choquer. Ici, je préfère largement la version identifiée sur la couverture de Mahmud A.Asrar, qui veut peut-être d'ailleurs faire passer un message à ce propos. D'autres réussiront également à nous étonner dans la galerie de fin de volume, comme l'excellent choix de David Lopez, ou des célèbres Olivier Coipel et Sara Pichelli.

Autre sujet où j'ai trouvé rocambolesque, mais qui est propre à certains comics : quelques dialogues sont parfois naïfs, comme la fois ou le personnage de Fer se dit attirant sexuellement. Bon, je veux bien qu'être une divinité, ce soit la classe incarnée, mais là, ça va trop vite, car les deux ne se connaissent que depuis deux secondes. On a l'impression que l'on était obligé de cocher la case « il nous faut un garçon désagréable et prononcé » dans un espèce de mouvement à la #Me too. Enfin, comme expliqué dans la postface, Rebecca est une geek qui s'adapte sur son nouvel environnement très rapidement... je trouve pourtant que l'on a du mal à avaler la couleuvre à ce niveau-là, et je reste incrédule.

J'avais eu la chance de rencontrer lors de la Comics Con Paris, Jacopo Camagni. Fan du récit sur Deadpool le Canard (mais il a aussi fait Star Wars : Kanan), je suis arrivé comme un amateur sur le stand, sans un cahier, juste mon kiosque à l'époque à signer car la réédition en Marvel deluxe n'existait pas encore... il a eu la gentillesse de prendre un feuillet issu de son carnet en me demandant ce que je souhaitais... en anglais inaudible, je lui ai dit que j'avais apprécié la lecture de Deadpool le Canard, donc forcément, s'il pouvait le redessiner rien que pour moi... sa gentillesse n'a d'égale que son talent graphique, Omen.Nomen le confirme !

En bref

Bour et bour et ratatam ♫

7
Positif

La jeune génération bien représentée sur tous ses supports (looks, paroles débridées et une identité sexuelle assumée, l'utilisation des réseaux sociaux...)

La présence et l'absence de couleurs selon la magie du moment

Prix de lancement à 10 euros, de manière définitive par Panini Comics

L'utilisation de la nudité comme dans un tableau de la mythologie...

Negatif

...mais quelques scènes de nues non pertinentes pour ma part

Quelques dialogues surprenants

Beaucoup d'ellipses au début propre à certains comics américains

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Commentaires (1)
  • icesnake
    Membre

    Bonne lecture envoûtante. Un démarrage complexe avec un sens de lecture parfois hasardeux et des incohérences dans le suivi (peut-être dû à la traduction), mais très rapidement on est emporté par l'intrigue qui n'est pas linéaire et, même si cela peut parfois être perturbant, donne du rythme dans l'avancée de l'histoire et de la découverte des différents protagonistes.
    Un cliffhanger de fin qui donne bien-sur envie de découvrir la suite afin d'en apprendre davantage maintenant que les bases sont posées.
    Une bonne découverte dont je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre, surtout par sa forme, qui m'a fait me poser la question si j'étais le public approprié, mais très bonne surprise, que j'ai dévoré en une bouchée.