Simenon m'était conté

Les auteurs nous proposent un ouvrage exceptionnel en tous points.

Berthet est à l’apogée de son art avec une ligne claire magnifique où rien ne manque, mais surtout où rien n’est en trop.

Personnages, véhicules, décors, tout est impeccable pour reconstituer l’époque et le lieu.

L’histoire, librement inspiré comme le scénariste l’indique dans le cahier de fin, d’une tranche de vie de Simenon, ressemble à un roman policier noir des années cinquante.

Dans ce coin de perdition, entre Mexique et Amérique, les riches américains viennent boire et s’encanailler, profitant de la misère de l’autre côté de la frontière.

C’est dans ce contexte qu’un écrivain français s’installe avec femme, enfant et maîtresse déclarée, pour goûter aux fruits défendus et s’en inspirer pour des novelas policières.

C’est dans ce contexte que des crimes de prostituées sont commis, rapidement attribués à un ami à lui.

Lâchant un instant l’écriture pour l’action, il décide donc d’enquêter, aidé par sa servante mexicaine, qui lui permet d’avoir des informations « de l’autre côté de la frontière » selon le pays de naissance nous a placé.

Le scénario est précis, avec des rebondissements et un rythme soutenu.

Au-delà de l’enquête elle-même, il montre la promiscuité complexe entre l’extrême richesse et la pauvreté extrême ; il montre aussi que l’Ouest sauvage, construit sur le sang des vaincus et l’argent des vainqueurs, a conservé les mêmes règles jusqu’au XXe siècle et certainement jusqu’à aujourd’hui. Une œuvre magistrale à avoir dans sa BDthèque.