Quand Urasawa nous conte Asadora
Naoki Urasawa fait partie de ces auteurs incontournables du manga que nous finissons inévitablement par croiser lorsqu'on commence à s'intéresser pleinement à la bd japonaise. Aussi bien apprécié par la critique que le public, cet auteur a su s'attirer les faveurs de quelques prix à travers le monde. Il a notamment obtenu un Fauve de la meilleure série à Angoulème pour son fameux 20th century boys et plus récemment, le même festival lui a décerné un prix d'honneur en 2018.
Naoki Urasawa, c'est un dessin légèrement enfantin, un trait fin, léger, presque candide avec ces personnages aux multiples expressions sympathiques. Il possède un style aisément identifiable en tout cas, une certaine vivacité mêlé à une petite dose de nostalgie. Urasawa-san qui, cette année fête ses 60 ans, c'est aussi et surtout un scénariste hors-pair capable d'accrocher son lectorat grâce à un habile jeu de twist et de niveaux temporels.
C'était le cas pour sa fameuse série 20th century boys ( et 21 century boys). A priori, ce sera aussi le cas pour Asadora ! son nouveau bébé.
Que dire si ce n'est que c'est un réel plaisir de retrouver l'oeuvre de Naoki Urasawa. Dès le début, l'auteur nous accroche avec une scène digne d'un fameux Kaiju Eiga avant de nous faire basculer dans le Japon de 1959 à Nagoya, petite ville portuaire qui semble sur le point d'essuyer une grosse tempête. Nous suivons Asa, une jeune fille issue d'une trop nombreuse fratrie dont la mère est sur le point d'accoucher. Asa est dotée d'un caractère intrépide et altruiste malgré le fait que le monde qui l'entoure semble constamment l'oublier. Difficile de faire partie d'une grande famille. Et difficile aussi de ne pas se prendre vite d'amitié pour Asa et sa vivacité. C'est comme si Urasawa avait personnifié cette part intrépide de l'enfance qui s'assagit beaucoup trop avec le temps. Il est bon de constater que le manga fort de son expérience n'a pas perdu de son rythme et de sa force narrative.
Ce premier volume d'Asadora peut peut-être laisser un peu perplexe au premier abord car nous sommes projetés d'une scène apocalyptique de nos jours à un Japon de la fin des années 50 sans véritable transition mais c'est justement la grande force et la forme de ce premier volume qui manie implicitement un fil conducteur à travers une figure monstrueuse et invisible.
Entre-temps, l'auteur nous présente d'emblée des morceaux de bravoure qui témoignent encore de l'humanisme dont il fait preuve dans ses titres. Que ce soit un ancien pilote devenu vagabond qui reprend les ailes pour sauver la population ou un groupe de femmes qui prépare un paquet d'onigiri en temps d'urgence... entouré par l'aura d'Asa, bon nombre de passages et de personnages recèlent ces instances de bravoures et de solidarité qui composent l'oeuvre d'Urasawa. C'est un véritable plaisir de retrouver cette énergie dans ce premier opus.
En bref
Plutôt optimiste, je dois dire que ce premier volume d'Asadora m'a totalement convaincu. A 60 ans, Naoki Urasawa prouve toute sa maîtrise sans égal , aussi bien dans son style graphique identifiable que dans la qualité de sa narration. . Bien sûr, il faut attendre de voir comment le scénario évolue ( ce qui a d'ailleurs été l'une des critiques de 20th century boys) mais , honnêtement, c'est difficile de résister à cette boule d'énergie, de bravoure et de mystère qui entoure ce premier tome d'Asadora ! Un titre 2020 que je recommande chaudement !
Positif
Une très bonne entrée en matière bourrée d'énergie et d'humanité
Une petite Asa juste géniale entourée par des personnages secondaires tout aussi remarquables.
Le cadre de l'intrigue finement travaillé avec le Japon rural du début des années 60.
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