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D'une "Justice League dans l'Angleterre Victorienne" (tel que le projet était décrit à l'origine), la Ligue des Gentlemen Extraordinaires de Alan Moore et Kevin O'Neill a évolué en une dimension alternative qui résulte de la fusion de nombreux univers de fiction. Dès la première mini-série publiée en 1999, le ton était donné et ce que j'ai aimé dès le début, c'est que les innombrables références ne représentaient pas un frein à la lisibilité de l'aventure. Quand on les reconnait, la chose est savoureuse...quand c'est le contraire, c'est suffisamment bien fait pour ne pas parasiter la lecture (et il est toujours possible de faire une petite recherche par la suite pour compléter ses connaissances). 

Après les deux excellentes mini-séries de 1999 et 2002, Alan Moore et Kevin O'Neill ont développé la longue histoire de la Ligue en couvrant plusieurs périodes, jusqu'au lointain futur dans le récent The Tempest, l'ultime volet sorti à temps pour fêter les 20 ans de la saga. Je dois l'avouer, je n'avais pas replongé dans un comic-book de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires depuis le volume 2 (tant de choses à lire, blablabla...), je n'ai pas encore lu Le Dossier Noir et Century ce qui n'a pas été gênant pour la lecture de Nemo car ce chapitre se suffit à lui-même tout en s'inscrivant dans la grande histoire de la Ligue.

L'Intégrale Nemo publiée par Panini compile les trois one-shots consacrés aux aventures de Janni Dakkar, la fille du Capitaine Nemo : Coeur de Glace, Les Roses de Berlin et Fleuve de Fantômes. 50 ans de la vie d'une femme au lourd héritage qu'elle a fini par accepter pour forger son propre empire. Chaque récit a sa propre ambiance, en bousculant les genres, de l'horreur lovecraftienne aux délires mêlant romans d'Ira Levin et mondes perdus en passant par le cinéma allemand des années 30. Avec ses personnages anguleux et son souci méticuleux du détail, Kevin O'Neill livre des planches puissantes (il y a notamment beaucoup de doubles pages très réussies, très efficaces dans leurs intentions) et il est aussi à l'aise dans les moments intimistes que dans la folie et la démesure de certaines situations.

Entre chaque épisode, on retrouve un texte (sous la forme d'un article écrit par la journaliste Hildy Johnson, personnage d'un film de Howard Hawks) qui permet de faire le lien entre chaque décennie traversée et d'ajouter des détails supplémentaires qui ont leur importance dans le chapitre suivant. De la prose dynamique qui contribue à la richesse de ce monde et de ce divertissement foisonnant et jubilatoire, aux aventures rocambolesques, pleines d'action, d'horreur, de suspense et de sentiments (la fin est très belle).

En bref

8
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