9

Critique de Yaga

par ginevra le dim. 15 nov. 2020 Staff

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Superbe hommage aux contes russes.

"Aucun de nous ne naît mauvais!" C'est le postulat de base de ce remarquable album qui imagine la suite d'évènements qui ont conduit la jeune Svetlana à devenir la terrible Baba Yaga. Et de tristes évènements, elle en a connus : le pogrom de son village dont elle est la seule survivante avec son amie Kalinka, le bûcher à laquelle elle est promise avec Kalinka et la vieille herboriste qui les a recueillies par un prêtre fou, les tentations du diable… Aucun être humain ne pourrait supporter toutes ces épreuves sans craquer à un moment, donc elle finit par craquer.

Il fallait le talent d'un grand conteur comme Antoine Ozanam pour pouvoir écrire la jeunesse de Baba Yaga de façon crédible en entraînant ses lecteurs de drame en drame. Svetlana est une femme remarquable qui réussit à supporter les épreuves jusqu'à celle qui la détruira et lui fera choisir la voie de la sorcellerie. L'album s'appelle Yaga car elle n'est devenue Baba (= vieille femme) que bien plus tard. En scénariste avisé, il connait sur le bout des doigts les contes russes (sans doute ceux illustrés par BIlibine) et il respecte au final un certain nombre de détails connus via le conte "Vassilissa-la-très-belle" : cabane sur pattes de poules, mortier volant, cavaliers protecteurs (même s'il en manque un), ours en bois qui grandit…

Mais le meilleur scénario resterait un simple conte s'il n'était superbement illustré par Pedro Rodríguez. Les personnages sont beaux et expressifs. Les paysages splendides et donnent envie d'aller visiter ce coin de Russie malgré la mauvaise réputation de la sorcière. Sa colorisation est merveilleusement adaptée que ce soit pour montrer des champs au coucher du soleil ou l'incendie du village ou l'horreur d'un combat. Comme j'ai l'album double avec version couleur et version en N&B, j'ai pu aussi apprécier son art brut. J'ai juste un peu regretté que le mortier en fer m'évoque un chaudron classique.

Un rappel : Baba Yaga n'est pas toujours un monstre dans les contes russes. Plus d'une fois, elle aide un personnage dans sa quête mais souvent parce qu'elle y a un intérêt : Vassilissa lui échappe parce qu'elle est protégé par la bénédiction de sa mère, le tsarévitch Ivan parce qu'il veut détruire son ennemi Kotcheï l'immortel (La princesse grenouille), la fiancée de Finist-fier faucon où 3 sœurs Baba Yaga interviennent… Bon, dans "Maria des Mers", elle impose une difficile épreuve à un autre tsarévitch Ivan et meurt à la fin du conte.

Un indispensable pour tous les amateurs de contes… et pour tous les autres!

En bref

Un splendide album au scénario brillant illustré de façon magistrale qui mérite d'être mis en bonne place dans toutes les bédéthèques.

9
Positif

scénario digne des contes originaux

dessins superbes

colorisation parfaite

Negatif

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