L’appel du large

« Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » (Baudelaire).

Marius a un dilemme, épouser Fanny qu’il aime depuis l’enfance ou laisser parler en lui cet envie d’aventures au large et de lointain. S’il ne part pas il pourrait dépérir au côté de Fanny, certainement lui en vouloir un jour. Et s’il part, il sait bien qu’il va la rendre malheureuse. Cette trame simple, une histoire de cœur et de liberté, est sublimée par le caractère des personnages et leur bagout marseillais. Pagnol réalise une pièce de théâtre « Marius » en 1929 et devant son succès, il poursuivra à travers une trilogie avec Fanny et César. La BD apporte une vision plus contemporaine, colorés, plus large, moins statique de ce qui fut une pièce de théâtre puis des films.

En effet, les auteurs nous emmènent hors du Bar de la Marine, visiter quelques rues du quartier, humer l’air de la mer, nous frotter aux grands voiliers qui amènent, avec les odeurs et les rêves d’aventures.

C’est toujours une gageure de s’approprier un tel monument, mais les auteurs ont réussi. Les dialogues chantent, la mise en page, le découpage et le dessin sont justes, plongés dans une atmosphère coloré étrange, rougeoyante sur la quasi-totalité de l’album ; Seules les scènes de mer, lors de la pêche ou de la tragique délivrance du marin quittant enfin le port, tandis qu’à quai Fanny, le cœur déchiré, fait un malaise sont claires et ensoleillées.

Les auteurs ont su rendre tout la puissance évocatrice du Marius de Pagnol en l’éloignant un peu d’un huis-clos.